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Darfour

L'échec des Nations unies

Kofi Annan, le secrétaire général des Nations unies dans le camp de réfugiés de Zam-Zam en juillet 2004. 

		(Photo: AFP)
Kofi Annan, le secrétaire général des Nations unies dans le camp de réfugiés de Zam-Zam en juillet 2004.
(Photo: AFP)
Le premier ultimatum de 30 jours imposé par l’ONU au gouvernement soudanais pour rétablir la sécurité est arrivé à son terme sans résultats probants et les négociations encadrées par l’Union africaine piétinent à Abuja au Nigeria.

Au terme de l’ultimatum fixé par la communauté internationale au gouvernement de Khartoum pour rétablir la sécurité dans le Darfour, force est de constater que les améliorations attendues sont à peine perceptibles. Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan et son représentant spécial au Darfour, Jan Pronk sont deux arrivés à un constat mi-figue, mi-raisin. Même si plus d’un millier de miliciens Janjawid ont été désarmés, selon Khartoum, on est bien loin des engagements pris par les autorités soudanaises. Le rapport devant le Conseil de sécurité de Kofi Annan et de Jan Pronk étale sans détours l’échec de l’option prise par les Nations unies. Mais les diplomates onusiens persistent et imputent la responsabilité du relatif échec de l’ultimatum à l’insuffisance d’observateurs sur le terrain.  

La région du Darfour, à l’ouest du Soudan est aussi grande que la France, c’est-à-dire plus de 550 000 km² et pourtant sur ce vaste territoire seulement 120 observateurs ont été dépêchés, surveillés par 300 militaires sous mandat de l’Union africaine. Jan Pronk devant le Conseil de sécurité a demandé l’envoi au Soudan de «plusieurs milliers d’observateurs». Sur le front humanitaire le secrétaire général de l’ONU reconnaît quelques avancées, essentiellement dues à la facilité d’accès aux camps de réfugiés par les organisations non gouvernementales. En revanche «la sécurité laisse à désirer», a-t-il déploré. Le gouvernement soudanais qui ne veut pas donner des bâtons pour se faire battre s’est dit prêt à recevoir des contingents supplémentaires mais qui auraient uniquement «un mandat d’observation».

Ultimatum sans effet

L’ultimatum des Nations unies au gouvernement de Khartoum est resté sans effet et pourtant aucune sanction ne sera  prise contre les autorités soudanaises. Les quinze membres du Conseil de sécurité ne sont pas parvenus à s’entendre sur la nature des sanctions à prendre contre Khartoum. «Le moment n’est pas encore venu», confesse Jan Pronk. Par ailleurs, les Etats-Unis envisagent de déposer très rapidement devant le Conseil de sécurité un nouveau projet de résolution visant à maintenir la pression sur le gouvernement soudanais afin qu’il engage une vraie politique de restauration de la sécurité et de protection des populations négro-africaines de la grande province.

La ministre suédoise des Affaires étrangères, Laila Freivalds, qui vient d’une visite au Soudan et dans le Darfour s’indigne du laxisme coupable des instances onusiennes. Selon elle, l’inscription de la situation du Darfour à l’ordre du jour du Conseil de sécurité est due «à l’engagement d’Etats qui ne siègent pas au Conseil de sécurité» en regrettant sa prise en compte tardive. Par ailleurs, «la Grande-Bretagne appelle à fixer des critères clairs détaillant les mesures que le gouvernement soudanais doit prendre pour assumer ses responsabilités et résoudre le conflit», a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères, Jack Straw, devant les parlementaires de son pays. Il soutient l’idée d’une nouvelle résolution mais qui devrait être assortie d’un cahier des charges. «Il y a dix ans, le monde s’est détourné des horreurs du Rwanda et de la Bosnie. Nous en connaissons tous les conséquences épouvantables», a-t-il rajouté.

Pendant ce temps à Abuja, au Nigeria les pourparlers sont au point mort. Les représentants du gouvernement et des rebelles du Darfour ne se font aucune concession sur la question de la sécurité et du désarmement. Selon la volonté de la communauté internationale le gouvernement soudanais se dit prêt à désarmer massivement les miliciens arabes Janjanwids, mais avec à la seule condition d’être assuré du désarmement simultané des rebelles du Darfour. Le Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE) et le Mouvement de libération du Soudan (SLM) s’opposent à cette approche et proposent avant tout désarmement qu’un accord politique définitif soit signé entre eux et le gouvernement de Khartoum. Les mouvements rebelles ont fait remarquer que malgré le cessez-le-feu conclu en avril 2004, les forces gouvernementales continuent de bombarder par avions leurs positions.



par Didier  Samson

Article publié le 08/09/2004 Dernière mise à jour le 08/09/2004 à 14:57 TU