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Liban

Prochaine démission du gouvernement Hariri

Rafic Hariri a refusé de dire s'il sera à la tête du prochain gouvernement. 

		(Photo: AFP)
Rafic Hariri a refusé de dire s'il sera à la tête du prochain gouvernement.
(Photo: AFP)
Le Premier ministre libanais Rafic Hariri a annoncé jeudi la démission prochaine de son gouvernement, sans dire s'il sera reconduit dans ses fonctions. Boudé par Walid Joumblatt et l’opposition chrétienne, le nouveau cabinet sera moins représentatif que l’équipe sortante.
De notre correspondant à Beyrouth

«Le gouvernement tiendra sa dernière réunion le 20 de ce mois, puis ce sera le changement». A l’issue d’un conseil des ministres ce jeudi, le chef du gouvernement a tranché, mettant un terme à l’incertitude entourant le sort du cabinet qu’il dirigeait depuis avril 2003. L’annonce du départ du gouvernement Hariri intervient une semaine après la prorogation de trois ans du mandat du président de la République Émile Lahoud, comme le souhaitait Damas, et cela malgré l’opposition d’une partie de la classe politique et de la communauté internationale, États-Unis et France en tète. Pendant des mois, Rafic Hariri s’était fermement opposé au maintien d’Émile Lahoud au pouvoir au-delà de la fin de son mandat. La télévision et le quotidien qu’il possède ainsi que les médias qu’il soutient financièrement, menaient ouvertement campagne contre cette option défendue par Damas, dont l’influence politique au Liban est incontournable. Le richissime homme d’affaire proche de l’Arabie saoudite et de Jacques Chirac devait finalement céder aux pressions syriennes en proposant un amendement constitutionnel permettant la prorogation du mandat présidentiel, et en appelant son important bloc parlementaire à voter en sa faveur.

Toutefois, d’autres forces politiques sont restées fermes sur leur refus de toute prorogation. C’est notamment le cas du leader druze Walid Joumblatt, pourtant allié de longue date de Damas, et de l’opposition chrétienne. Conséquent avec lui-même, Walid Joumblatt a demandé à ses trois représentants de quitter le gouvernement, également déserté par un autre ministre maronite indépendant, Farès Boueiz. Affaibli par cette dernière crise et paralysé depuis plus d’un an par les tiraillements entre Émile Lahoud et Rafic Hariri, le cabinet n’en n’avait plus pour longtemps.

Gouvernement moins représentatif

En réponse aux questions des journalistes, Rafic Hariri a refusé de dire s'il sera à la tête du prochain gouvernement. Ce qui est normal car le Premier ministre est nommé à l’issue de consultations parlementaires obligatoires effectuées par le président après la démission du chef du gouvernement. Mais à Beyrouth, les observateurs estiment qu’il y a de fortes chances que Hariri se succède à lui-même.

Non pas qu’il veuille rester au pouvoir à tout prix. Au contraire, il avait déclaré à plusieurs reprises qu’il préfèrerait s’en aller si le mandat du président Lahoud, avec qui il ne s’entend pas du tout, venait à être prorogé. C’est en fait la Syrie qui souhaite son maintien à la tête du gouvernement. D’abord, pour empêcher la réédition du scénario de l’an 2000, lorsque M. Hariri avait décliné l’offre de Premier ministre pour préparer, dans les rangs de l’opposition, les élections législatives qu’il avait remportées haut la main. Ensuite, pour mieux le surveiller et l’épuiser. Enfin, en restant au pouvoir, M. Hariri aura la tâche de régler la crise provoquée par le vote, au Conseil de sécurité, de la résolution 1559.

Ce texte, adopté quelques heures seulement avant l'amendement constitutionnel, à l'instigation de la France et des États-Unis, demande implicitement à la Syrie de retirer ses troupes du Liban, et de ne pas s'immiscer dans l'élection d'un nouveau chef de l'Etat libanais. Damas estime que Rafic Hariri est responsable d’une manière ou d’une autre du vote de cette résolution en raison de son refus de la prorogation qui a encouragé l’émergence d’un climat local et international hostile à cette option.

Dans tous les cas, quelle que soit la composition du prochain gouvernement, il sera certainement moins représentatif que l’équipe sortante. D’ores et déjà, Walid Joumblatt et l’opposition chrétienne, appuyée par le patriarche maronite, ont annoncé qu’ils n’y participeraient pas.

par Paul  Khalifeh

Article publié le 10/09/2004 Dernière mise à jour le 10/09/2004 à 08:25 TU