Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Darfour

L'attente, de New York à Abuja

Kofi Annan parmi les déplacés de Zam Zam au Darfour : «si le gouvernement soudanais n'est pas capable de protéger ses citoyens ou refuse de le faire, la communauté internationale doit agir». 

		(Photo : AFP)
Kofi Annan parmi les déplacés de Zam Zam au Darfour : «si le gouvernement soudanais n'est pas capable de protéger ses citoyens ou refuse de le faire, la communauté internationale doit agir».
(Photo : AFP)
Les négociations à Abuja sont suspendues sans résultats concrets et au Conseil de sécurité des Nations unies le projet de résolution sur le Darfour préparé par les Etats-Unis tarde à être adopté. Cette situation agace Kofi Annan le secrétaire général de l’ONU qui tire à nouveau sur la sonnette d’alarme.

Les informations émanant de la médiation  de l’Union africaine à Abuja au sujet du Darfour étaient très confuses le 16 décembre. Tous les participants aux négociations inter-soudanaises en ont pris leur parti en interprétant diversement la suspension des travaux. Pour le représentant  du gouvernement de Khartoum «les négociations qui reprendront le 10 octobre ont abouti à des résultats considérables». Le co-médiateur tchadien, Hamad Allam-mi partage cet avis en se fondant sur la volonté de toutes les parties de poursuivre les négociations. Les médiateurs de l’UA ont rencontré séparément les rebelles qui, eux, parlent d’échec. Le Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM) et le Mouvement de libération du Soudan (SLM) ont une autre lecture et affirment volontiers que la suspension sans engagements fermes de part et d’autre équivaut à un échec. En les deux mouvements rebelles ont refusé de signer le protocole d’accord humanitaire conclu le 2 septembre. Le JEM oppose à l’accord tel quel un refus catégorique alors que le SLM veut soumettre les textes à l’approbation de ses militants.

L’accord global sur le Darfour comprend plusieurs volets interdépendants. Le volet humanitaire dépend de la partie sécurité, or cette dernière n’a guère évolué depuis deux semaines. C’est aussi pourquoi la médiation de l’Union africaine a préféré suspendre les négociations pour une période de quatre semaines. Selon la médiation de l’UA, les tergiversations des rebelles ont une explication : «ils attendent la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies pour se prononcer».

Reports successifs du projet de résolution

Mais à New York le projet de résolution préparé par les Etats-Unis a plusieurs fois été repoussé par certains membres du Conseil de sécurité. L’Algérie, le Pakistan, la Russie et la Chine ont insisté pour que le texte original soit amendé. La troisième mouture apporte plus de souplesse en prévoyant, par exemple, une enquête sur les violations des droits humains «par toutes les parties», et n’interdit plus le survol du Darfour par l’aviation militaire soudanaise, mais demande au gouvernement soudanais «d’éviter de faire survoler la région par son aviation militaire». Sans ces petites touches la Chine avait menacé de faire valoir son droit de veto comme le lui permet son statut de membre permanent du Conseil de sécurité. Les Etats-Unis ont consenti à faire ces réaménagements parce qu’ils n’entament pas le volet «sanctions» si le gouvernement soudanais ne garantissait pas au même titre la sécurité de tous les habitants du Darfour. Le projet de résolution prévoit des menaces sur l’exportation du pétrole soudanais.

L’administration américaine a qualifié les événements du Darfour de «génocide», mais le projet de résolution prévoit la nomination d’une commission internationale pour enquêter et déterminer si le qualificatif de «génocide» convient aux événements du Darfour. Kofi Annan a alors immédiatement précisé que le travail de cette commission «n’est pas de décrire ou de qualifier ce qui se passe, mais de voir ce qu’ont peut faire pour y mettre fin et éviter de futurs excès». Le secrétaire général de l’ONU avait un ton très agacé par les multiples corrections apportées au texte initial, repoussé de semaine en semaine alors qu’un drame humain se joue dans cette partie de l’afrique. «Il est urgent d’agir maintenant», a-t-il insisté en annonçant aussi que le Haut commissaire des Nations unies pour les droits de l’Homme, Louise Arbour, et son représentant spécial pour les questions de génocide, Juan Mendes, se rendront dès le dimanche 19 septembre, même si la résolution n’est pas votée, pour «voir ce qui peut être fait, pour fournir une meilleure protection aux civils qui en ont désespérément besoin», a lancé le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan.       



par Didier  Samson

Article publié le 17/09/2004 Dernière mise à jour le 17/09/2004 à 15:24 TU