Eglise catholique
Sommet au Vatican sur l’Afrique
(Photo : AFP)
De notre correspondant au Vatican
Représenter le Saint-Siège auprès des gouvernements nationaux, mais aussi servir de courroie de transmission entre le centre de l’Église catholique et les églises locales : telle est la double fonction des nonces apostoliques, les ambassadeurs du Pape.
Une double fonction particulièrement délicate dans certaines régions du globe. C’est le cas en Afrique notamment, où les conflits et les tensions qui règnent dans de nombreux pays du continent rendent la mission de ces diplomates particulièrement complexe, voire dangereuse. Tant sur le terrain politique que sociale, militaire que religieux. Aussi, dix ans après le synode consacré à l’Afrique, et six ans après une rencontre analogue, le secrétaire d’État du Pape, le cardinal Angelo Sodano, a décidé de convoquer les quelque 50 nonces et délégués apostoliques présents sur le territoire africain.
Depuis jeudi et jusqu’à samedi, ils sont réunis à Rome pour débattre des problèmes de ce continent. Ce sommet, affirme une note officielle, « répond à la nécessité urgente de ne pas abandonner l’Afrique, afin que ce continent puisse surmonter les graves maux qui l’affligent et devenir l’acteur de son développement intégral, grâce aux nombreuses ressources naturelles et humaines dont il dispose ».
Une réunion de routine du personnel diplomatique ? Pas tout à fait, car dans un contexte de vives tensions internationales, où la crise irakienne tient le devant de la scène, le « risque d’oublier l’Afrique » une nouvelle fois est plus tangible que jamais. Sur le terrain, les problèmes sont multiples et les risques réels, comme en a témoigné l’assassinat de Mgr Courtney le 29 décembre 2003, le nonce au Burundi. Dans la diplomatie pontificale, la tradition veut que le nonce, même en cas de conflit armé, reste à son poste, au risque de sa vie.
La lutte contre la faim est la priorité
Mais les possibles dérives au niveau local, la complexité des situations sociales, ethniques et religieuses, comme l’ouverture lundi 20 septembre à Arusha du premier procès d’un responsable catholique accusé d’avoir participé au génocide de 1994 le rappelle, imposait, de l’avis de nombreux pasteurs, une plus grande concertation avec la Curie romaine.
Les principaux responsables de la Curie participent d’ailleurs à cette réunion dont l’objectif est aussi de coordonner par exemple l’aide sociale et matérielle que l’Eglise est souvent amenée à fournir. Jeudi matin, le directeur général de la FAO, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture, a ainsi fait un exposé de la situation en Afrique. Pour le Vatican, une priorité s’impose : combattre plus que jamais le problème de la faim dans le monde, et plus particulièrement en Afrique comme l’a rappelé cette semaine, à New York, le cardinal Sodano dans son intervention à l’Assemblée générale des Nations Unies, en citant notamment la situation dramatique régnant au Darfour et dans le nord de l’Ouganda. « Ceux qui ont faim ne peuvent pas attendre », a-t-il déclaré.
La réunion des nonces devrait notamment permettre de mieux coordonner à la fois l’échange d’informations et la mise en place de stratégies.par Laurent Morino
Article publié le 24/09/2004 Dernière mise à jour le 24/09/2004 à 13:34 TU