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Burundi

L’ambassadeur du Vatican assassiné

Le nonce apostolique au Burundi est mort des suites de ses blessures lundi soir après l’attaque dont il a été victime à une quarantaine de kilomètres de Bujumbura. Mgr Michael Courtney, de nationalité irlandaise, était âgé de 58 ans et il s’apprêtait à achever une mission de quatre ans au Burundi, au cours de laquelle il a notamment contribué à faciliter le dialogue entre autorités et rebelles. Selon le président burundais et l’armée burundaise, Mgr Courtney était la cible des tueurs.
«J’avais beaucoup d’admiration pour Mgr Courtney, un homme qui a beaucoup aidé dans le processus de paix (…). C’est un homme qui aimait le Burundi, nous le regrettons beaucoup», a déclaré le président burundais, Domitien Ndayozeye, lundi soir en venant s’incliner sur la dépouille du nonce apostolique, mortellement blessé quelques heures plus tôt dans une embuscade tendue près du village de Minago, à une quarantaine de kilomètres au sud de la capitale.

Selon le chef de l’Etat, le nonce a été la cible désignée d’une attaque. «Comme le nonce se trouvait dans son véhicule habituel avec tous les signes distinctifs, je suis presque persuadé que la personne qui a tiré sur lui l’a fait sciemment», a déclaré M. Ndayiziye. Il s’est toutefois refusé à établir des responsabilités précises, se bornant à indiquer que la région dans laquelle l’attaque a eu lieu «est bien connue pour être un fief des FNL (Forces nationales de libération), mais c’est aussi une région qui était un passage de beaucoup de Burundais et d’étrangers».

Plus catégorique, le porte-parole de l’armée Augustin Nzabampema a estimé que «le nonce a été victime d’une embuscade tendue par des éléments des FNL». Cependant, ces derniers ont immédiatement démenti toute implication, bien qu’ils ne soient pas associés au compromis de paix conclu avec le pouvoir par l’autre mouvement rebelle des Forces pour la défense de la démocratie (FDD), en octobre. «Nous n’avons rien contre le nonce. Nous avons des hommes dans la zone où il a été attaqué, mais je jure que ce n’est pas eux qui l’ont attaqué».

Pas de précédent

Selon l’armée burundaise, aucun doute n’est permis. De même, le président de la conférence des évêques du Burundi accuse nommément les FNL de l'avoir «exécuté». Michael Courtney circulait dans une voiture diplomatique arborant le drapeau du Vatican. Les deux autres occupants du véhicule en sont sortis sains et saufs. De source hospitalière, «le nonce a reçu trois balles, l’une dans la tête derrière l’oreille droite, une autre dans le thorax et une troisième dans la jambe droite».

Le meurtre de Mgr Michael Courtney a provoqué une vive émotion. Le Vatican a exprimé sa «profonde peine et son effroi». Le Premier ministre irlandais a condamné «l’attaque effroyable» dont son concitoyen a été la victime. Le secrétaire général de l’ONU s’est déclaré «choqué et attristé». Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères dénonce «un acte odieux» et salue sa «contribution significative aux progrès enregistrés depuis quelques mois dans le processus de paix».

Outre le Burundi, qu’il avait rejoint en 2000, Mgr Michael Courtney avait travaillé en Afrique du Sud, au Zimbabwe, au Sénégal, en Inde, à Cuba, en Egypte et à Strasbourg, auprès du conseil de l’Europe. Il s’apprêtait à prendre de nouvelles fonctions à Cuba le mois prochain. Ses obsèques seront célébrés mercredi à Bujumbura, annonce le Vatican. Puis sa dépouille retournera dans son Irlande natale pour y être inhumée. L’assassinat de Michael Courtney n’a pas de précédent dans l’histoire moderne du Vatican dont aucun des ambassadeurs n’avait jusqu’alors été tué.

A écouter également :

Le Père Angelo Romano de la communauté italienne Sant'Egidio au micro de Christine Muratet (31/12/2003, 3'41")

Ecouter l’extrait d’Afrique midi et nos correspondants au Vatican et à Bujumbura, (30/12/2003, 3'15").



par Georges  Abou

Article publié le 30/12/2003