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Jeunes et toxicomanie

La tendance est à l’alcool

L'alcoolisme chez les jeunes 

		(Photo: AFP)
L'alcoolisme chez les jeunes
(Photo: AFP)
La quatrième édition de l’enquête menée par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) sur la santé et les consommations de drogues chez les jeunes a été établie lors de la journée d’appel de préparation à la Défense (Escapad). Elle révèle que les jeunes de 17 à 18 ans se détourneraient des substances tabac et cannabis, mais qu’ils auraient dépensé entre 26 et 42 millions d’euros, par mois, pour acheter de l’alcool.

L’enquête, menée auprès de 15 710 jeunes métropolitains, affiche une hausse régulière de la consommation d’alcool chez les jeunes de 17 à 18 ans. Chez les garçons, la proportion de buveurs réguliers, ayant consommé de l’alcool au moins dix fois au cours des trente derniers jours est passée de 16% à 21,2% entre 2000 et 2003, soit une hausse de 5,2%. Les garçons s’avèrent trois fois plus nombreux que les filles à boire régulièrement de l’alcool. Ceci étant, la consommation quotidienne reste marginale: 2,1% des garçons boivent tous les jours de l’alcool, les filles ne sont que 0,2%. Un décalage garçons/filles s’accentue dès lors que le niveau de consommation s’élève: près de trois fois plus de garçons déclarent  dix consommations au cours du dernier mois: 21,0% des garçons, et 7,5% des filles.

Le niveau des ivresses régulières mesuré entre 2001 et 2003 reste stable: «Ce n’est pas le moment de baisser la garde. Nous devons faire attention à ce qui pourrait favoriser la prise d’alcool chez les jeunes. Il faut une politique sur l’alcool qui mette en premier les intérêts de la santé publique», a déclaré Didier Jayle, président de la mission interministérielle Toxicomanies, qui a exprimé par ailleurs le souhait que «les boissons non alcoolisées soient moins chères dans les bars» et qu’il y ait «de l’eau disponible, gratuitement, dans les boîtes de nuit»Mais, Claude Got, président du collège scientifique de l’OFDT, déplore: «le poids du lobby des producteurs est tel que l’action politique est difficile (…) on veut se débarrasser du cannabis et du tabac, mais pas de l’alcool».

Cannabis: «ils connaissent mieux les risques»

«On a dévalorisé le tabac, on commence à dévaloriser le cannabis, en disant par exemple qu’il y a trois fois plus de goudron dans un joint que dans une cigarette», souligne le professeur Claude Got. La tendance est très sensible: alors que, dans les années 90, on observait une augmentation régulière de la consommation de cannabis, pour la première fois, sa consommation régulière a nettement diminué entre 2002 et 2003 chez les garçons (chute de 17,7% à 14, 6%), et elle s’est stabilisée chez les filles à 6,5%. L’OFDT avance que cette consommation «pourrait avoir atteint un plafond»: François Beck, un des auteurs du rapport, estime que «les jeunes ne sont plus affolés de l’expérimenter, mais ils connaissent également mieux les risques d’une consommation régulière: apathie, danger au volant, démotivation et baisse de la concentration à l’école. Il n’est plus considéré comme un produit cool, convivial et sans danger». Didier Jayle s’en félicite, d’autant que «cette amorce d’une baisse de la consommation de cannabis  arrive au moment où on s’apprête à lancer une campagne».

La consommation de tabac recule aussi. Son usage quotidien est passé de 40,2% en 2000, à 37,2% en 2003. Elle reste toutefois très élevée: près de la moitié des jeunes déclarent avoir consommé du tabac au cours des trente derniers jours, et parmi eux, ils sont quatre sur cinq à fumer quotidiennement, ce qui leur coûte en moyenne 58 euros par mois: «Environ 12% des jeunes présentent des signes de forte dépendance (soit plus de 20 cigarettes par jour, et la première dès le réveil», précise le rapport Escapad. C’est aussi «le seul produit psychoactif pour lequel il n’y a pas de différence entre les filles et les garçons», souligne Jean-Michel Costes, directeur de l’OFDT. Didier Jayle évoque l’hypothèse d’«un lien entre la baisse de consommation du tabac et celle du cannabis», car «l’augmentation du prix du tabac est une mesure qui touche plus les jeunes car les plus dépendants y consacrent un tiers de leur budget, et les dépenses doublent s’ils fument du cannabis».

L’enquête révèle également que chez les filles, c’est l’usage des médicaments psychotropes qui est en nette hausse: près de 5% des adolescentes en sont des consommatrices régulières alors qu’elles n’étaient que 3,8% en 2001, tandis que les garçons sont 1,3% à en consommer. Un jeune sur dix déclare d’ailleurs avoir consulté un «psy» au cours des douze derniers mois. Enfin, à toutes ces dépendances correspondent des marchés: «en 2003, les 17-18 ans auraient globalement dépensé 94 millions d’euros chaque mois pour leur consommation d’alcool, de tabac, et de cannabis», estime l’OFDT.



par Dominique  Raizon

Article publié le 06/10/2004 Dernière mise à jour le 06/10/2004 à 10:17 TU