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Indonésie

Bashir inculpé pour les attentats de Bali

Abou Bakar Bashir  serait l’inspirateur des attentats de Bali  en octobre 2002. 

		(Photo : AFP)
Abou Bakar Bashir  serait l’inspirateur des attentats de Bali  en octobre 2002.
(Photo : AFP)
Inculpé le 15 octobre, en vertu des lois antiterroristes, pour l'attentat suicide à la bombe contre l'hôtel Marriott de Djakarta, qui avait fait 12 morts le 5 août 2003, le chef islamiste présumé du réseau Jemaah Islamiyah lié à Al Qaïda, Abou Bakar Bashir a été également inculpé le 16 octobre pour les attentats de Bali, qui avaient fait 202 morts, en majorité des touristes occidentaux, au soir du 12 octobre 2002. Un nouveau procès Bachir devrait s’ouvrir sous quinze jours.

De notre envoyé spécial à Djakarta, Jocelyn Grange 

Procureur et policiers indonésiens en sont convaincus. Abou Bakar Bashir est le guide spirituel de la Jemaah Islamiyah, une organisation souvent décrite comme la sœur jumelle d’Al Qaïda en Asie du Sud-Est. Il serait l’inspirateur des attentats de Bali (202 morts en octobre 2002) et de l’hôtel Marriott de Djakarta (12 morts en août 2003) dont il aurait béni les auteurs lors d’une cérémonie tenue dans un maquis du Sud des Philippines au printemps 2001. Le dossier d’inculpation n’a pas encore été rendu publique mais il contiendrait aussi, de sources policières, une fatwa accablante pour le vieux prédicateur musulman. Rédigée en 2001, elle ordonnerait à la Jemaah Islamiyah de se joindre au Djihad contre l’Amérique et ses alliés. Le document serait signé Oussama Ben Laden et contre-signé Abou Bakar Bashir.

L’accusation est rejetée en bloc par la défense qui explique que Bashir ne peut être tenu responsable de l’attaque contre le Mariott puisqu’il était en prison depuis 10 mois au moment des faits. Les avocats rappellent aussi que leur client a déjà été jugé pour les attentats de Bali lors d’un procès tenu il y a un an à Djakarta. Le tribunal l’avait disculpé de toutes les charges de terrorisme, ne le condamnant finalement qu’à dix huit mois de prison pour des infractions mineures à la législation.

Bashir non-coupable ?

Le doute est permis. Des spécialistes affirment en effet que la Jemaah Islamiyah serait divisée en deux tendances depuis la fin des années quatre-vingt-dix. La première tendance, qualifiée de vieille garde, serait opposée aux attaques anti-occidentales estimant que la répression qu’elles engendrent met en péril l’objectif historique de l’organisation, la création d’un Etat islamique en Asie du Sud-Est. La deuxième tendance, constituée par les vétérans de la guerre contre les Soviétiques en Afghanistan, aurait au contraire embrassé la guerre d’Al Qaïda contre l’Amérique, considérant le Djihad en Indonésie comme une priorité secondaire. Les membres de cette nouvelle garde ont tous étudié dans l’école coranique de Bashir. «Mais cela ne suffit pas à faire de lui leur chef» répondent les avocats qui rappellent que leur client a condamné publiquement le récent attentat contre l’ambassade australienne de Djakarta (9 morts). Bref, Abou Bakar Bashir pourrait n’être aujourd’hui que la victime des monstres qu’il a lui-même engendré.

En attentant, cette inculpation met un terme à une polémique australo-indonésienne sur l’application de la loi anti-terroriste. Djakarta avait adopté cette loi en octobre 2002, au lendemain des attentats de Bali. Pressé d’agir avec la plus grande fermeté contre le terrorisme, le gouvernement avait décidé de la rendre rétroactive. Autrement dit, elle serait applicable aux auteurs du carnage de Bali. Trois d’entre eux, condamnés à mort en mai 2003, en feront d’ailleurs les frais. Mais cette rétroactivité sera finalement jugée illégale par la cour constitutionnelle. La décision, rendue en juillet dernier, a provoqué l’émoi de l’Australie, inquiète de voir les «terroristes» encore en fuite échapper aux poursuite. L’inquiétude est aujourd’hui levée par l’inculpation de Bashir. Mais pour Bali, le prédicateur musulman ne sera pas jugé sur la base de la loi anti-terroriste mais en vertu du code de procédure criminelle. La différence est importante puisque la peine maximale encourue n’est pas la peine de mort, mais vingt ans d’emprisonnement. Les durs de Cambera, qui réclament la peine capitale contre Bashir, sauront sans doute s’en contenter. Car Bashir est aussi inculpé, depuis vendredi, pour l’attaque contre l’hôtel Marriott. Or cet attentat, commis en août 2003, tombe, lui, sous le coup de la loi anti-terroriste.



par Jocelyn  Grange

Article publié le 17/10/2004 Dernière mise à jour le 17/10/2004 à 08:59 TU

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Jocelyn Grange

Correspondant de RFI en Indonésie

«On peut dire que ces élections sont un nouveau test réussi pour l'Indonésie sur la voie de la démocratisation.»

[20/09/2004]

Journaliste à RFI

[09/09/2004]

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