Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Chine

Les gangs font leur apparition dans les lycées

L'origine de la violence scolaire en Chine semble très proche de celle connue en Occident. 

		(Photo : AFP)
L'origine de la violence scolaire en Chine semble très proche de celle connue en Occident.
(Photo : AFP)
L’Occident n’a pas le monopole de la violence scolaire. La Chine est en effet elle aussi en proie à un nouveau phénomène : les gangs.

De notre correspondant à Pékin

L’histoire aurait paru encore invraisemblable il y a quelques années en Chine. Dans le lycée Nanhu High School en banlieue de Shanghai, une violence extrême s’est installée malgré les mesures de sécurité habituelles que l’on trouve à l’entrée de chaque établissement scolaire en Chine : un professeur attaqué au couteau pendant la récréation, un autre agressé par le père d’un élève à l’aide de dix autres hommes, armés de battes de base-ball. Ces actes de violences suscitent l’inquiétude des professeurs : « ils ont des noms de gangs à l’américaine, et sont facilement reconnaissables par leur apparence vestimentaire » s’inquiètent Gao Mei, professeur au lycée Nanhu.

Si la violence en milieu scolaire ou universitaire est un phénomène récent en Chine, celle de ce lycée professionnel considéré comme un modèle de réussite et d’intégration scolaire pour des jeunes en difficulté, revêt un caractère encore inhabituel. Ce ne sont pas des actes isolés mais bel et bien un « phénomène de gangs organisés » écrit le journal Shanghai Star dans son édition du 17 octobre. Deux gangs, raconte le quotidien, se partagent le contrôle de plusieurs écoles et lycées du district. Qu’ils appartiennent au gang des « Cat Sisters » ou à celui des « King Four », les jeunes lycéens sèment la terreur à l’intérieur et à l’extérieur de l’établissement. Les professeurs en appel au renforcement de la sécurité au sein de leur lycée et demande un contact permanent avec la police du district.

Cette violence scolaire ne concerne pas uniquement les collégiens ou lycéens comme c’est le plus souvent le cas en France. Les universités chinoises sont en effet elles aussi confrontées à ce fléau. Dernier exemple en date celui de Ma Jiajue, 22 ans et étudiant en biologie à l’université du Yunnan dans le sud du pays. Souffrant d’un complexe d’infériorité du à son origine sociale, ce fils d’un couple de paysans avait matraqué à mort quatre de ses camarades de dortoir, puis avait caché les corps dans les armoires de sa chambre avant d’être arrêté par la police et exécuté en juin dernier. L’affaire avait à l’époque fait grand bruit en Chine en raison de la violence de cet acte criminel rappelant les tueries déjà vues dans des lycées japonais et américains. À l’époque ce jeune étudiant avait pu intégrer l’université grâce à l’endettement de ses parents et en obtenant une des rares bourses du gouvernement, mais il lui était quasiment impossible de s’intégrer parmi les autres étudiants, ces derniers n’hésitant pas à lui faire ressentir ses origines paysannes.

L’échec du système éducatif

Comment donc la Chine a-t-elle pu arriver à un tel degré de violence dans un pays qui régulièrement se targue d’être exempt des problèmes d’insécurité ? L’omniprésence de la culture américaine sur le territoire chinois perçue comme un modèle par les jeunes citadins aurait-elle montré ses limites ? Est-ce le résultat d’un libéralisme exacerbé et donc de l’accroissement des inégalités sociales ? À ces questions, aucune réponse n’est donné en Chine. Sur le site officiel d’une agence de l’éducation nationale, on remet régulièrement en cause l’accès trop facile à l’Internet des jeunes et à la consultation de sites pornographiques ou d’images jugées violentes. Le gouvernement justifie ainsi sa politique de contrôle de la Toile en arguant que le Net crée de la violence chez les jeunes.

Echecs scolaires, parents démissionnaires, familles en situation précaire ou manque de communication entre les générations, l’origine de cette violence semble très proche de celle connue en Occident estime quant à lui un chercheur de l’Académie des sciences sociales de Shanghai. Pour autant personne ne souhaite avouer l’échec du système éducatif chinois qui met en valeur les disparités sociales ou les frais de scolarité sont de plus en plus élevés et ou seuls les plus aisés parviennent à intégrer le système. Si Pékin veut éviter l’accentuation des violences scolaires dans son pays il devra mettre un frein au développement de son système d’éducation calqué sur le modèle américain et dont il est pour le moment incapable de gérer les dommages « collatéraux ».



par Michaël  Sztanke

Article publié le 24/10/2004 Dernière mise à jour le 10/04/2005 à 13:12 TU