Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Tunisie

Zine Ben Ali, plébiscite ou «mascarade» ?

Le président Ben Ali est en route pour un cinquième mandat. 

		(Photo : AFP)
Le président Ben Ali est en route pour un cinquième mandat.
(Photo : AFP)
Selon les résultats officiels définitifs annoncés lundi par le ministre de l'Intérieur, plus de 91,52% des quelque 4, 6 millions d’électeurs se sont pressés aux urnes dimanche pour confirmer à 94,48 % la quatrième reconduction électorale de Zine Ben Ali dans le fauteuil présidentiel. A eux trois, ses «concurrents» autorisés rassemblent moins de 6% des voix. Encore faut-il noter que le meilleur score «d’opposant» (3,78 % des voix) revient à un lièvre volontaire, Mohamed Bouchiha, secrétaire général du Parti de l'Unité populaire (PUP). Le PUP se réjouit d’avoir «contribué à briser le tabou des scores à plus 99% enregistrés lors des scrutins présidentiels précédents». Il a surtout servi de faire-valoir au président Ben Ali dont le parti, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), garde la haute main sur la Chambre des députés.

A la présidentielle, le seul candidat à se présenter comme un adversaire de Zine Ben Ali, Mohamed Ali Hallouani, obtient seulement 0,95% des voix sous la bannière de l'Initiative démocratique avec laquelle il a peiné à rassembler une poignée de personnalités indépendantes. Aux législatives, son parti Ettajdid perd deux sièges dans la bataille avec seulement trois députés élus. Sans surprise, le RCD de Ben Ali emporte la totalité des 152 sièges de députés qu’il convoitait dans les 26 circonscriptions du pays, soit 87,59% des voix. C’est dire qu’il peut abandonner délibéremment aux cinq autres partis restés en lice 37 des 189 sièges à pourvoir à la Chambres des députés.

Pour la magistrature suprême, le Mouvement des démocrates socialistes (MDS) et l'Union démocratique unioniste (UDU) appelaient à voter Ben Ali. Aux législatives, le MDS renforce sa présence d’un sièges avec 14 députés contre 13 en 1999. L’UDU conserve ses 7 sièges. De son côté, Mounir Béji du Parti Social Libéral (PSL) a reçu 0,79% des voix à la présidentielle et garde ses deux sièges au parlement. Le PUP de Mohamed Bouchiha se consolide fortement avec 11 sièges contre 7 en 1999. PUP et PSL ont loyalement fait valoir la marche présidentielle de Zine ben Ali.

«Punir les perturbateurs»

«Selon les premières données nous ne constatons pas de graves dépassements, juste des détails logistiques d'organisation, qui n'entament en rien la crédibilité du scrutin», a déclaré Ahmed Ben Helli, chef de la délégation d’observateurs de la Ligue des Etats arabes. Pour la première fois depuis que Tunis affiche des scrutins pluralistes (1999), un candidat a franchi la barre des 1% face à Zine Ben Ali. Un saut de puce visiblement contrôlé par un pouvoir soucieux de se prévaloir d’une marge électorale écrasante. 5% de «récalcitrants» à la présidentielle et 12% aux législatives ne constituent pas même un replatrage démocratique de la façade politique tunisienne. Pour sa part, Souhayr Belhassen, vice-présidente de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, lit dans les résultats de ces scrutins «la volonté du régime de punir les perturbateurs et de récompenser les proches du pouvoir».

Pour sa part, le secrétaire général du Parti démocratique progressiste (PDP), Ahmed Nejib Chebbi, dénonce «un simulacre d'élections». Le PDP s’est lui-même retiré en cours de route des législatives où il avait présenté 16 listes avant de les boycotter en dénonçant des pressions ainsi que la saisie de son manifeste électoral. «Nous nous sommes retirés de ce simulacre d'élections et nous ne nous sentons pas concernés par le résultat des législatives, qui ne sont en fait qu'un classement politique suivant le degré d'allégeance au pouvoir de Ben Ali», commente aujourd’hui Nejib Chebbi. De son côté, l’Initiative démocratique conteste les résultats électoraux comme une «insulte à l'intelligence des Tunisiens». Pour sa part, elle n’est pas parvenue à faire l’union de l’opposition, laminée au parlement et réduite à une action protestataire dans la société civile. Rien de nature à contrecarrer le «changement» à la manière de Zine Ben Ali, c’est-à-dire dans la continuité politique de sa magistrature suprême.



par Monique  Mas

Article publié le 25/10/2004 Dernière mise à jour le 25/10/2004 à 13:19 TU

Audio

Sihem Ben Sedrine

Porte-parole du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT)

«C’était une élection « pour rien » pour les Tunisiens mais pour Ben Ali et l’Europe, c’était important.»

[25/10/2004]

«Moi, je ne fais pas de politique!»

[22/10/2004]

«Il y a des yeux dans les murs.»

[22/10/2004]

Articles