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Afrique du Sud

L’opposition zimbabwéenne fait étape à Johannesburg

Le leader de l'opposition, Morgan Tsvangirai, récemment acquitté d'un procès pour «trahison» dans son pays. 

		(Photo : AFP)
Le leader de l'opposition, Morgan Tsvangirai, récemment acquitté d'un procès pour «trahison» dans son pays.
(Photo : AFP)
Le leader du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), principal parti d’opposition au Zimbabwe termine ce jeudi une visite à certains membres de la SADC pour rendre compte de la situation dans son pays. Après l’île Maurice, Morgan Tsvangirai était à Johannesburg en Afrique du Sud pour faire le point sur les réformes électorales, « trop lentes » selon lui, menées par le gouvernement zimbabwéen, condamnant le « déficit démocratique » du Zimbabwe.

De notre correspondante à Johannesburg.

De l’avis de Morgan Tsvangirai, le Zimbabwe n’a pas « assez de temps » d’ici mars 2005 pour organiser des élections libres. Sous la pression de la SADC (Communauté du développement de l‘Afrique australe), le Zanu-PF, le parti de Robert Mugabe, s’est engagé dans un processus de réformes : instauration d’une commission électorale, augmentation du nombre de bureaux de vote, introduction d’urnes transparentes. Mais ces changements semblent trop lents pour des élections en mars, selon Tsvangirai qui dit ne pas encore pouvoir se prononcer sur la participation ou non du MDC au scrutin. Tsvangirai a condamné le « système de répression » zimbabwéen dans un contexte de marasme économique, « l’inflation est de 280%, nos services publics se sont écroulés », a-t-il souligné lors d‘une conférence de presse dans un hôtel de Johannesburg.

Le leader du MDC, récemment acquitté d’un procès pour « trahison » au Zimbabwe, a également salué le travail de Thabo Mbeki, qu’il a rencontré il y a quelques jours. « J’ai dû réviser ma position vis à vis de Mbeki, je le trouve plus robuste », a déclaré le leader du MDC, au sujet du président sud-africain souvent critiqué pour sa politique de « diplomatie discrète » vis à vis du régime de Robert Mugabe, soulignant que la communauté régionale SADC, et particulièrement l’Afrique du Sud, joueraient un rôle crucial dans la garantie d’élections libres. En août dernier, Robert Mugabe a signé un protocole de la SADC sur les principes gouvernant toute élection démocratique. « La situation au Zimbabwe s’est détériorée depuis la signature de Mugabe à Maurice », a dit Tsvangirai.

La visite de ce dernier à Johannesburg coïncidait avec l’expulsion récente de treize membres de la Cosatu, la centrale syndicale sud-africaine, qui s’étaient rendus à Harare pour rencontrer leurs homologues zimbabwéens, ainsi que des membres de la société civile, opposés à Robert Mugabe. « C’est inacceptable, l’expulsion de cette délégation montre à quel niveau le Zimbabwe est tombé lorsqu’il s’agit du respect des droits basiques et des libertés individuelles », a déclaré Tsvangirai, qui voit là une preuve supplémentaire de la « paranoïa » du régime.

« Embarrassant pour l’ANC »

Un incident qui a mis à mal la position sud-africaine. La Cosatu fait partie de l’alliance tripartite au pouvoir avec l’ANC et la SACP, et le mutisme de Pretoria après l’incident n’est pas bien passé dans les rangs des syndicats. Les réactions du ministère de l’Information zimbabwéen accusant les membres de la Cosatu d’être des « soi-disant syndicalistes » travaillant pour le compte des britanniques à la chute du régime, n‘ont pas non plus été appréciées par la centrale syndicale qui a demandé au gouvernement sud-africain de condamner l’incident. Les membres de la Cosatu qui avaient un visa d’une journée qu‘ils ont essayé de faire prolonger, ont été expulsés le lendemain de leur arrivée par la police zimbabwéenne, et laissés sans autres explications au poste-frontière de Beit-Bridge. Ils ont alors pris un minibus pour rentrer à Johannesburg, où ils sont arrivés mercredi soir.

« C’est un peu embarrassant pour l’ANC », a déclaré Lekota, le ministre sud-africain de la Défense. Le ministère des Affaires étrangères a finalement lâché que l’incident était « regrettable », après que la Cosatu eut menacé de bloquer le poste-frontière de Beit Bridge. Dans les éditoriaux sud-africains, les esprits s’échauffent aussi.

« Si le gouvernement zimbabwéen se sent menacée par la mission du plus grand syndicat sud-africain, comment supportera-t-il la compétition durant les prochaines élections ? », demande le quotidien financier Business Day dans un éditorial, qui suggère au passage à la Cosatu de lancer des actions contre les intérêts zimbabwéens en Afrique du Sud : « refusez de ramasser les poubelles devant les ambassades », suggère entre autres le journal aux membres du syndicat.



par Stéphanie  Savariaud

Article publié le 28/10/2004 Dernière mise à jour le 28/10/2004 à 10:22 TU