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Catastrophes naturelles

Comment mieux résister

Après le passage du cyclone, Jeanne, en septembre dernier, aux Gonaïves, en Haïti. 

		(Photo: AFP)
Après le passage du cyclone, Jeanne, en septembre dernier, aux Gonaïves, en Haïti.
(Photo: AFP)
Dans son rapport annuel sur les catastrophes dans le monde, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge alerte les opinions publiques mondiales sur l’augmentation des catastrophes et sur une capacité de réaction pas toujours adaptée.
En 2003, 76 806 personnes ont été tuées par la sécheresse, la famine, les inondations, les tremblements de terre, les ouragans, ou encore les vagues de chaleur. C’est ce qu’indique la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge dans son rapport annuel sur les catastrophes dans le monde. Ce chiffre a été multiplié par trois par rapport à l’année précédente. Le secrétaire général de la Fédération, Markku Niskala, appelle donc les gouvernements à modifier les moyens de venir en aide aux victimes, des moyens qui se révèlent souvent inadaptés. Cet appel s’adresse en particulier aux pays riches lorsqu’ils envoient de l’aide dans les pays du Sud, les plus touchés par des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes. Ainsi, lors du tremblement de terre de Bam, en Iran, en décembre 2003, les services locaux de secours ont sauvé 157 personnes avec dix chiens, alors que les 34 équipes internationales arrivées sur place deux jours après le séisme n’ont sauvé que 22 personnes (le tremblement de terre de Bam a fait 31 000 morts). Ces équipes occidentales étaient pourtant accompagnées d’un plus grand nombre de chiens. Par ailleurs l’envoi sur un séisme d’une équipe européenne de secours, pendant 6 jours, revient à 50 000 dollars, ce qui représente le coût d’une année de formation pour trois chiens et leurs maîtres en Iran, indique encore la Croix Rouge.

Ibrahim Osman, un autre responsable de la Croix Rouge, explique que « les connaissances et la résistance des populations à risque contribuent beaucoup plus à réduire le bilan humain des catastrophes qu’on ne le pense généralement dans les pays développés ». Une manière de remettre en cause l’ampleur des moyens matériels de secours qui se révèle en général insuffisante, et de mettre l’accent sur l’information et l’organisation des populations soumises au risque de catastrophe naturelle. On l’a vu récemment dans les Caraïbes. Un cyclone n’a fait aucune victime à Cuba parce que la population, avertie à l’avance de son arrivée, a été évacuée dans des abris. Un peu plus tard en Haïti, un cyclone a fait beaucoup de victimes parce que la population n’était ni préparée ni avertie.

Elaborer des approches nouvelles

L’année dernière, environ 255 millions de personnes ont été frappées à des degrés divers par des catastrophes naturelles. La surpopulation et la dégradation de l’environnement ont compliqué la gestion de ces événements auxquels les pays pauvres sont onze fois plus exposés que les pays riches. Le rapport de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge préconise donc un changement de mentalités. Il faut élaborer des approches nouvelles qui contribuent à renforcer la résistance des individus et des communautés.

Les catastrophes naturelles ne sont pas les plus meurtrières puisque l’année dernière, le VIH/sida a tué plus de 2,2 millions de personnes en Afrique subsaharienne, où 25 millions de personnes sont touchées par la pandémie. La maladie, la sécheresse, la malnutrition, l’insuffisance des systèmes de santé et la pauvreté aggravent la crise qui demande une réponse large, ne se limitant pas à la distribution d’aide alimentaire et de médicaments, indique encore le rapport qui met l’accent sur « la formidable aptitude des communautés humaines à surmonter l’adversité ».

La balle est dans le camp des politiques qui doivent organiser l’assistance autrement, que ce soit sur place ou dans les pays du Nord, pour les pays du Sud. Le rapport note que, eux aussi, les pays riches sont confrontés à de nouveaux problèmes liés aux phénomènes climatiques. La canicule de l’année dernière en Europe a provoqué la mort de 22 000 à 35 000 personnes, essentiellement des personnes âgées. Les pays riches doivent donc repenser leurs valeurs, notamment la façon de prendre en charge les personnes âgées.  Le rapport met ce lourd bilan en vies humaines sur le compte des faiblesses des services sociaux et de la disparition du lien social qui existait auparavant entre les différentes générations. Au niveau stratégie, le rapport de la Croix-Rouge préconise également une meilleure information du public, les vagues de chaleur pouvant être annoncées plusieurs jours à l’avance.

Qu’il s’agisse des pays en développement les plus soumis aux catastrophes ou des pays riches, plus facilement désorganisés par l’arrivée d’événements exceptionnels, l’information de la population et l’organisation des services de secours sont au cœur de la prévention.



par Colette  Thomas

Article publié le 28/10/2004 Dernière mise à jour le 28/10/2004 à 12:33 TU

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Judith Bourgeois

Chargée de mission Urgences à la Croix rouge française

«Il faut éviter de penser que les catastophes sont des fatalités. On peut faire des préventions en amont.»

[28/10/2004]

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