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Côte d'Ivoire

La riposte française

<EM>Sukhoï 25 </EM>. Un des deux bombardiers Sukhoï 25 détruits par les forces françaises. 

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Sukhoï 25 . Un des deux bombardiers Sukhoï 25 détruits par les forces françaises.
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La situation empire. Des combats éclatent autant en zones contrôlées par les Forces nouvelles (ex-rebelles) qu’en zones gouvernementales.

Le samedi 6 novembre marque un changement brusque de ton dans le conflit ivoirien. En début d’après-midi alors que les raids aériens engagés depuis le 4 novembre contre les positions rebelles semblaient marquer un répit, les bombardiers Sukhoï de l’armée ivoirienne (Fanci) bombardent les positions françaises de l’opération Licorne à Bouaké vers 14 heures. La mission des soldats français consiste à faire respecter le cessez-le-feu en application des accords de paix et de réconciliation de Marcoussis et d’Accra. Les autorités françaises ont dressé un premier bilan de huit soldats français tués et de vingt-trois blessés. Quelques heures plus tard les autorités ivoiriennes ont exprimé leurs regrets en affirmant que les bombardements ont atteint par erreur les cibles françaises, situées « dans la même zone qu’une base des Forces nouvelles ».  

Mais les deux avions bombardiers Sukhoï 25 revenus au sol, à l’aéroport de Yamoussoukro, après leurs attaques, ont immédiatement été détruits par les forces françaises. En effet, un communiqué de la présidence de la République française avait demandé la destruction « immédiate des tous les moyens aériens militaires ivoiriens utilisés ces derniers jours en violation du cessez-le-feu ». Au même moment, de sources militaires on annonce un pré-positionnement de trois avions chasseurs Mirage F1 à Libreville au Gabon « par mesure de sécurité ». Un peu plus tard vers 18 heures, les mêmes sources annoncent l’envoi en Côte d’Ivoire de deux compagnies supplémentaires, en renfort pour assurer la protection des Français présents en Côte d’Ivoire.

A l’aéroport international d’Abidjan un violent accrochage a opposé les soldats français et ivoiriens. Les deux camps partagent cet aéroport pour le stationnement des avions.  Un avion militaire français Transall a été endommagé pendant les heurts. De sources militaires ivoiriennes cet accrochage aurait fait deux blessés parmi les Fanci. Et, depuis la fin d’après-midi l’aéroport d’Abidjan a été fermé à tout trafic.

La France met Gbagbo en garde

Dans la ville d’Abidjan la tension est montée d’un cran. Les ressortissants Français ont été pris à parti par des supporteurs du président Laurent Gbagbo qui se font appeler « Jeunes patriotes ». De nombreux véhicules auraient été soustraits à leurs propriétaires français et européens. Dans le quartier chic de Cocody, les « jeunes patriotes » ont incendié le lycée français Mermoz. Ces différentes manifestations ont conduit à une intervention de Michèle Alliot-Marie, la ministre française de la Défense, qui a mis en garde le président Gbagbo contre tout débordement. « Le président Gbagbo n’a tenu aucun compte des avertissements du président de la République (Jacques Chirac) dès le début des offensives aériennes (...) Il sera personnellement tenu responsable, aux yeux de la communauté internationale du maintien de l’ordre public à Abidjan », a souligné Michèle Alliot-Marie.

A l’initiative de la France le Conseil de sécurité convoque une réunion d’urgence à New York le 7 novembre. Les quinze membres du Conseil de sécurité adopteront une déclaration à adresser au président Gbagbo. A Bruxelles, c’est le haut représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère, Javier Solana qui appelle le président Gbagbo à « arrêter toute opération militaire ».

Entre frères ennemis ivoiriens, la confrontation est désormais directe. Les Fanci avaient démenti toute infiltration à Bouaké, mais la réalité semble être tout autre. Des tirs ont été entendus dans la ville de Boauké, mais c’est à Sakassou au sud de Bouaké que les combats font rage, selon le porte-parole des Forces nouvelles, Sidiki Konaté. « Nous avons fait descendre des renforts du nord », a-t-il précisé. Les Fanci ont franchi la « zone de confiance » qui est bande large de 50km qui sépare les protagonistes. Elle est occupée par les forces de maintien de la paix constituées d’hommes de l’opération Licorne (Français), de l’opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (casques bleus, force multinationale) et de la CEDEAO (ouest-africains).

A Bouaké la fourniture d’eau et d’électricité est coupée et les lignes téléphoniques sont brouillées. Le Président Laurent Gbagbo a visiblement opté pour l’asphyxie des Forces rebelles et le déclenchement d’une guerre totale, faisant fi de tous les accords de paix  et de la présence des troupes étrangères garantissant le cessez-le-feu.     



par Didier  Samson

Article publié le 06/11/2004 Dernière mise à jour le 06/11/2004 à 20:48 TU

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Michèle Alliot-Marie

Ministre français de la Défense

«Je condamne les attaques aériennes sur Bouaké et Korhogo.»

[06/11/2004]

Une habitante de Bouaké

«Si les bombes tombent sur les maisons, ça va s'écrouler sur nous...»

[05/11/2004]

Guillaume Soro

Secrétaire général des Forces nouvelles

«Il faut s'attendre à ce que nous prenions toutes les mesures pour assurer la sécurité de nos populations.»

[05/11/2004]

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