Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Côte d'Ivoire

L'ONU veut siffler «la fin de la récréation»

Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Côte d'Ivoire, Albert Tévoédjrè annonce «<EM>la fin de la récréation</EM>» afin que les élections aient lieu comme prévu en octobre 2005. 

		(Photo : AFP)
Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Côte d'Ivoire, Albert Tévoédjrè annonce «la fin de la récréation» afin que les élections aient lieu comme prévu en octobre 2005.
(Photo : AFP)
Les Forces nouvelles (ex-rebelles) et gouvernement se rejettent la responsabilité de la suspension du processus de réconciliation. En tout cas, les ex-rebelles ont refusé de rendre les armes dès le 15 octobre selon un programme établi. Ils exigent d’abord l’adoption par le parlement des réformes politiques prévues par les accords de paix de Marcoussis et d’Accra.

Les parties en conflit en Côte d’Ivoire se regardent toujours en chiens de faïence. Aucune évolution sur le terrain n’est perceptible et aucun signe ne prête à l’optimisme. Bien au contraire, des propos belliqueux réapparaissent dans chaque camp où on donne vraiment l’impression de vouloir en découdre. Le président Laurent Gbagbo ne fait aucun mystère de l’achat massif d’armes par son pays. Il a pour lui la légalité qui l’autorise à doter l’armée nationale d’équipements militaires divers. « C’est le rôle d’un chef d’Etat de ne pas se laisser surprendre, cela m’est arrivé une fois », dit-il en laissant entendre qu’il a tiré les leçons du début de la rébellion de septembre 2002. Les Forces nouvelles refusent alors de désarmer pendant que « l’ennemi s’équipe sans gêne », fut-il  FANCI, Forces armées nationales de Côte d’Ivoire. 

« On est dans un pugilat qui dure un petit peu mais on finira par sonner le glas, par sonner la fin de la récréation parce qu’on ne peut pas dépasser octobre 2005 », a déclaré Albert Tévoédjrè, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU sur RFI. De son côté le représentant spécial de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), Lansana Kouyaté, médiateur dans la crise ivoirienne, s’est rendu à Bouaké pour y rencontrer le chef de file des Forces nouvelles, Guillaume Soro. Les rebelles font de l’adoption des réformes politiques des préalables à tout désarmement. Mais paradoxalement, le ministre d’Etat chargé de la Communication, Guillaume Soro, qui aurait dû présenter devant l’assemblée nationale, le 20 octobre, le projet de loi sur le régime juridique de la presse, réforme politique prévue par les accords de paix, a reporté son intervention à une date encore indéterminée. 

 Les « jeunes patriotes » attaquent la presse

Pendant ce temps, les « jeunes patriotes », proches du président Laurent Gbagbo, ont engagé une nouvelle forme de contestation en détruisant les journaux d’opposition dans les librairies et kiosques. Les vendeurs ambulants n’ont pas été épargnés non plus. Ces « jeunes patriotes » ont mené des opérations commandos qui ont constitué en la destruction des « journaux qui font la promotion de la rébellion », disent-il. Le 28 octobre, ces groupes de jeunes révoltés avaient tenté en vain de perturber la sortie et la distribution des journaux dont une seule entreprise a le monopole. Ils agissent à visage découvert et sont connus, mais jouissent d’une certaine impunité que regrette l’organisation de défense des journalistes, Reporters sans frontières (RSF). Ces différentes opérations coïncident avec l’interpellation de la Commission nationale de la presse (CNP) par l’état-major de l’armée nationale qui « met en garde des journaux contre une certaine légèreté ». La réponse de cet organe reste d’ailleurs dans la droite ligne des remarques et avertissements des militaires. Ces journaux poursuivent « le but inavoué de fragiliser la cohésion et l’unité qui caractérisent les forces de défense et de sécurité et de mettre à mal les progrès enregistrés dans la pacification du pays », fait remarquer la CNP. L’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire prévoit mettre au point « une conduite à tenir » avec les différents directeurs des publications concernées.

C’est aussi le moment choisi par les Forces nouvelles pour rappeler tous les ministres issus des rangs de la rébellion à Bouaké pour consultation. Elles ont instauré un couvre-feu et décrété « l’alerte maximale » dans les régions sous leur contrôle. Sidiki Konaté, le porte-parole des Forces nouvelles explique le bien-fondé ces mesures « parce qu’il y a eu des infiltrations de mercenaires et des agents doubles qui travaillent. Il faut les démanteler », précise-t-il. Les Forces nouvelles ont annoncé avoir intercepté deux camions bourrés « d’armement lourd » que le pouvoir d’Abidjan envoyait « à des éléments favorables au sergent Ibrahim Coulibaly (IB) pour attaquer de l’intérieur les FN». Abidjan a qualifié ces allégations de « folklore », tandis que IB, sous contrôle judiciaire à Paris s’est fendu d’un long communiqué pour démontrer la faiblesse des arguments de Guillaume Soro et de son clan. « Quand on se prétend stratèges politiques et militaires, en matière de montage de complots, on prend au moins la peine d’en soigner la vraisemblance et la finesse », écrit-il. Ce dernier épisode étale une fois de plus au grand jour les querelles entre ex-rebelles dont les intérêts commencent par diverger.   



par Didier  Samson

Article publié le 29/10/2004 Dernière mise à jour le 29/10/2004 à 16:38 TU