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Etats-Unis

Bush II dans la continuité de Bush I

Conférence de presse de George W. Bush au <i>Eisenhower Executive Office Building</i>, le 4 novembre 2004. 

		(Photo: AFP)
Conférence de presse de George W. Bush au Eisenhower Executive Office Building, le 4 novembre 2004.
(Photo: AFP)
Le président américain George W. Bush reste fidèle à ce qu’il est et son deuxième mandat devrait s’inscrire sans ambiguïté dans la continuité du premier. Lors de sa conférence de presse post-élection, il a ainsi réaffirmé tout d’abord ses convictions en matière de politique étrangère. La lutte contre le terrorisme est, et restera, sa priorité car elle est un «enjeu pour chaque pays civilisé», un constat qu’il aimerait néanmoins réussir à faire partager à certains Etats européens réticents à lui accorder un blanc-seing dans ce domaine. Sur le plan intérieur, George W. Bush a annoncé qu’il entendait s’atteler à des réformes «difficiles», sur le système des retraites ou les impôts notamment. Et il a affirmé qu’il espérait obtenir le soutien des démocrates pour y parvenir.

Il y aura des changements. George W. Bush l’a concédé lors de sa première conférence de presse, il va procéder à un remaniement de son gouvernement. Mais il s’est refusé à donner les noms des partants et des entrants. Il veut prendre le temps et profiter de quelques jours de villégiature dans la résidence présidentielle de Camp David, bien mérités après de longs mois de campagne, pour réfléchir à tout cela. En attendant les annonces officielles, la presse américaine a déjà fait circuler une liste au sein de laquelle figurent notamment le secrétaire à la Justice John Ashcroft, le secrétaire d’Etat Colin Powell, le ministre de la Sécurité intérieure Tom Ridge ou la conseillère à la sécurité Condoleezza Rice, qui sont candidats au départ ou à de nouvelles attributions.

Si on ne sait donc pas encore quelle sera la distribution des portefeuilles gouvernementaux, les premières déclarations de George W. Bush ont permis d’avoir une idée des objectifs politiques que les nouveaux ministres auront à remplir. Ils devront tout d’abord aider le président à poursuivre sa lutte contre le terrorisme. Les Américains ont prouvé en votant pour lui qu’ils adhéraient à sa gestion de l’après-11 septembre. Fort de cette légitimité populaire, George W. Bush veut donc finir le travail sur le front du terrorisme. Dans ce domaine, le président américain a réaffirmé ses convictions: «Nous persévérerons jusqu’à ce que l’ennemi soit vaincu, nous resterons forts et déterminés». Mais il a tout de même lancé un appel à ses «partenaires européens et de l’Otan», dont certains comme la France ne se sont pas associés à la guerre en Irak notamment, pour qu’ils le rejoignent dans ce combat: «Tout pays civilisé a un intérêt dans le sort de cette guerre. Quels que soient nos désaccords passés, nous partageons un ennemi commun, et nous avons des devoirs pour protéger nos peuples». Reste à savoir si ses déclarations sont révélatrices d’une évolution future de la politique américaine vers plus de souplesse et de pragmatisme dans les relations transatlantiques ou si, au contraire, elles font office de fin de non recevoir pour tous ceux qui espéraient qu’un deuxième mandat amènerait Bush à faire des concessions pour se rapprocher de ses alliés.

«Pour que l’Irak devienne un pays libre»

Sur le sujet de l’engagement américain en Irak, le président a aussi confirmé qu’il entendait poursuivre dans la même voix «pour que l’Irak devienne un pays libre», ajoutant que «ceux qui essaient d’empêcher les élections et l’émergence d’une société libre doivent être vaincus». Il s’est donc engagé à continuer à travailler avec le gouvernement du Premier ministre Iyad Allaoui pour préparer les élections qui doivent avoir lieu au début de l’année 2005. Le contingent américain actuellement présent en Irak (environ 140 000 soldats) ne devrait toutefois pas être renforcé d’ici l’échéance électorale: «Ces élections sont importantes. Et nous répondrons aux requêtes de nos commandants sur le terrain. Mais je n’ai pas entendu jusqu’à présent que nos commandants aient besoin de davantage de forces». Le président Bush a d’ailleurs saisi l’opportunité de son intervention sur l’Irak pour réaffirmer son objectif ultime: «promouvoir la liberté et la démocratie».

Sur la question du conflit au Proche-Orient, George W. Bush n’a pas donné de signe clair sur ses intentions et sur le degré d’implication qu’il entendait avoir pour participer à un règlement. Il a simplement, à un moment où le décès de Yasser Arafat, le président de l’Autorité palestinienne, actuellement dans un état critique, pourrait changer la donne dans la région, assuré que les Etats-Unis «continuerons à travailler pour un Etat palestinien libre en paix avec Israël».

Nominations à la Cour suprême: le test sur les sujets de société

George W. Bush sait que sa campagne et sa réélection confortable à la Maison Blanche lui ont permis d’engranger un «capital politique». Et il entend bien le «dépenser» à l’extérieur mais aussi à l’intérieur, pour faire passer les réformes du système fiscal, des retraites, de la sécurité sociale dont il a, dès maintenant, affirmé qu’elles seraient «difficiles» à mettre en œuvre et à faire accepter. Sur ces questions, le président, dans un grand élan rassembleur, a d’ailleurs déclaré qu’il espérait obtenir le soutien du camp politique de son adversaire lors de l’élection présidentielle, John Kerry, même s’il dispose de la majorité au Congrès: «J’espère pouvoir travailler avec les démocrates». Cet appel pourrait relever du voeu pieu. Car sur des sujets comme celui des retraites, pour lesquelles Bush veut créer un système où les salariés investiraient une partie de leurs cotisations en Bourse, les démocrates sont en désaccord fondamental.

Les choix de George W. Bush pour nommer les juges à la Cour suprême dont les postes pourraient être vacants, comme celui de son président William Rehnquist qui souffre d’un cancer, seront d’autre part très significatifs de l’orientation plus ou moins conservatrice de sa politique sur les grands sujets de société. C’est, en effet, cette instance qui tranche en dernier recours dans les batailles juridiques engagées pour défendre ou attaquer le droit à l’avortement ou le mariage homosexuel, par exemple. Des thèmes sur lesquels le président a défendu les positions des groupes chrétiens ultra-religieux durant toute sa campagne, faisant craindre qu’il ne profite de son deuxième mandat pour mettre ses convictions en pratique.



par Valérie  Gas

Article publié le 05/11/2004 Dernière mise à jour le 05/11/2004 à 16:53 TU