Côte d'Ivoire

Abidjan reprend l'initiative de la guerre

Hélicoptère Mi 24 des Fanci. En réplique à une agression contre ses positions, l'armée française a détruit deux Sukhoï 25 ivoiriens sur l'aéroport de Yamoussoukro.
(Photo: AFP)

Aux attaques aériennes menées par les forces armées de Côte d’Ivoire (Fanci) sur les postions tenues par les Forces nouvelles, la communauté internationale répond par des réunions de crises pour tenter de contenir la reprise des hostilités.

La tension est vive en Côte d'Ivoire.
(Photo: AFP)

C’est à Lagos chez le chef de l’Etat nigérian, Olusegun Obasanjo qui est également le président en exercice de l’Union africaine que s’est rendu Alpha Oumar Konaré, président de la Commission de l’Union africaine pour analyser la situation en Côte d’Ivoire. Dès son arrivée à Lagos, le président de la Commission de l’UA a été conduit à Otta non loin de Lagos où l’attendait son hôte. Avant de s’envoler pour le Nigeria, Alpha Oumar Konaré s’était déjà dit «profondément inquiet de la reprise des hostilités en Côte d’Ivoire ». Un communiqué de l’UA est intervenu condamnant les attaques menées par les Fanci. «Ceci contredit le processus de réconciliation nationale défini par les accords de Linas-Marcoussis et d’Accra», précise le communiqué de l’UA. 

Rien n’a filtré de l’entretien entre les deux hommes, mais on sait qu’ils n’étaient pas seuls. Les chefs d’Etat des pays de la région et voisins de la Côte d’ivoire ont dépêché sur place des représentants spéciaux. Le John Kufuor du Ghana, président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), n’a pu faire le voyage de Lagos, mais il était représenté par son ministre des Affaires étrangères, Addo Dankwa Akufo-Addo. L’UA et la CEDEAO sont convenues de mettre en place un comité commun pour traiter toutes les questions politiques induites par la reprise de ce conflit. Les deux organisations ont également demandé à l’ONU de modifier les termes de son mandat en Côte d’Ivoire «afin de prévenir de nouvelles violences».

Les positions françaises sont visées

Sur le terrain, les Fanci et les Forces nouvelles se préparent à une éventuelle confrontation. Les offensives aériennes de l’armée ivoirienne ont visé les principaux points d’ancrage de la rébellion. Bouaké le fief au centre, Korhogo et Séguéla au nord et Vavoua à l’est. Selon une source officielle française, «une colonne de soldats gouvernementaux ivoiriens a été stoppée par les forces de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci)». Cette information a été démentie par les autorités militaires d’Abidjan. Par ailleurs, les mêmes sources onusiennes ont signalé des tirs d’artillerie entendus samedi dans Bouaké.

A Man, dans l’ouest du pays, en zone sous contrôle des Forces nouvelles, le cantonnement des soldats français de l’opération Licorne a été attaqué samedi matin par des manifestants qui scandaient des slogans hostiles à la France accusée de «complicité avec le régime de Gbagbo». Les assaillants, des civils ont été difficilement repoussés précise un porte-parole de l’opération Licorne.

Au moment où un premier bilan des attaques aériennes était publié par les Forces nouvelles, 11 morts et une centaine de blessés, les positions françaises ont subi les attaques des bombardiers Sukhoï 25. Le bilan provisoire de cette attaque fait état de 8 soldats français tués et plus d’une vingtaine de blessés. En représailles, les forces françaises ont détruit les deux bombardiers Sukhoï stationnés sur l’aéroport de Yamoussoukro.  

par Didier  Samson

Article publié le 06/11/2004 Dernière mise à jour le 06/11/2004 à 16:14 TU