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Nucléaire

La France et le Japon toujours en compétition pour Iter

La chambre magnétique d'Iter sera du même type que celle du Joint European Torus au centre scientifique de Culham au Royaume-Uni. 

		(Photo : AFP)
La chambre magnétique d'Iter sera du même type que celle du Joint European Torus au centre scientifique de Culham au Royaume-Uni.
(Photo : AFP)
La France, soutenue par l’Union européenne, veut construire le premier réacteur à fusion nucléaire. Mais le Japon souhaite aussi réaliser ce projet. Les concurrents viennent à nouveau de discuter sans résultat. Finalement, ce sont les ministres de la Compétitivité de l’Union européenne qui pourraient trancher à l’occasion de leur réunion à Bruxelles les 25 et 26 novembre prochains.
Depuis plus d’un an, deux camps s’affrontent pour obtenir la construction du réacteur Iter (International Thermo-Nuclear Experimental Reactor). D’un côté la France, soutenue par l’Union européenne, la Chine et la Russie. De l’autre, le Japon, soutenu par la Corée du Sud et les Etats Unis. Chaque pays a déjà choisi le site où serait construit ce réacteur du futur : pour la France, Cadarache, dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ; pour le Japon, Rokkasho-mura, dans le nord-est de l’archipel. Dans les deux cas, il s’agit de sites industriels déjà dédiés au nucléaire.

L’Union européenne propose de financer 40% du projet

La réunion de Vienne avait pour but de rallier le Japon et ses alliés au projet franco-européen afin d’éviter la construction de deux prototypes concurrents pour un projet ambitieux et coûteux. Sur trente ans, Iter représentera en effet une dépense de 10 milliards de dollars (7,7 milliards d’euros). A elle seule, la construction du réacteur est estimée à 4,77 milliards d’euros sur 10 ans, cinq autres milliards étant ensuite nécessaires au fonctionnement du prototype. Pour l’emporter dans le choix du site, la France a proposé de doubler la part de financement qu’elle avait proposé au départ pour la construction de l’installation. La part de la France passerait à 20% du total c’est-à-dire 914 millions d’euros. L’Union européenne financerait 40% du projet, la Chine et la Russie, 10% chacune. Le reste de l’investissement soit 20% serait trouvé en faisant des économies ailleurs. L’Inde et le Brésil, qui souhaitent être associés au projet européen, contribueraient à son financement.

Comme la France, le Japon a lui aussi un savoir-faire dans le domaine nucléaire et voudrait découvrir l’énergie de demain. Pour rallier malgré tout Tokyo au projet franco-européen, de nouvelles propositions ont été faites à la délégation japonaise au cours de cette dernière réunion. Il s’agit de compensations, probablement des contrats industriels liés au projet, dont la Commission, organisatrice des discussions de Vienne, a refusé de donner le contenu précis. Pour sa part la délégation japonaise a annoncé, à l’issue de la réunion, « qu’elle ne disposait pas d’un mandat de négociation pour prendre une décision sur la nouvelle proposition de la Commission et qu’il lui fallait consulter les autorités de Tokyo ». De source diplomatique, on indique par ailleurs que les Etats-Unis et la Corée du Sud ne sont plus aussi intransigeants sur le choix du Japon. Les supporters du projet japonais auraient maintenant adopté une position plus neutre, ce qui pourrait faciliter leur ralliement au projet européen.

Des retombée économiques pour la région PACA

Les Verts français ont émis de « fortes réserves » sur ce projet de construction de réacteur expérimental à fusion thermonucléaire. « Le budget de ce projet prométhéen de domestication de l’énergie du soleil est pharaonique », a indiqué, dans un communiqué, le parti écologiste. Selon lui, la région PACA s’est engagée à fournir une aide de 152 millions d’euros sur 10 ans pour le lancement du projet. « A l’heure du désengagement sur les politiques publiques sociales et écologiques, nous refusons catégoriquement que la Région augmente sa contribution pour un projet de recherche fondamentale »,ajoutent encore les Verts. L’Etat français a en effet demandé à la région PACA de doubler sa contribution au projet. Les collectivités territoriales comptent sur ses retombées économiques notamment dans le domaine de l’emploi. Les Verts s’inquiètent également d’une prédominance du nucléaire dans les budgets de recherche au détriment des énergies alternatives comme l’éolien ou le solaire.

La fusion à la place de la fission

Le projet Iter vise à reproduire l’énergie du soleil par fusion nucléaire. Les scientifiques considèrent cette technique comme la solution de rechange à la fission, procédé industriel actuellement généralisé dans les centrales électronucléaires. Dans la fission, des  atomes sont fragmentés pour obtenir de l’énergie. Dans la fusion, l’idée est d’obtenir que deux atomes de deutérium se fondent pour former du tritium, ce qui dégage une grande quantité d’énergie. Deutérium et tritium appartiennent à la famille de l’hydrogène. Les recherches ont début il y a une trentaine d’années. Malgré tout, cette technologie de la fusion n’est pas maîtrisée. De nombreux problèmes se posent aux physiciens. Pour vaincre la répulsion des atomes entre eux, il faut élever la température de la matière à 100 millions de degrés. Cette matière se trouve alors à l’état de plasma qui ne peut être stocké dans aucun matériau existant. Il faut créer des champs magnétiques autour de ce plasma pour le contenir, le travailler. Les physiciens s’intéressent à cette technologie parce que le deutérium est abondant. Mais de nombreux scientifiques doutent de la faisabilité de ce projet, même s’il représente un défi.



par Colette  Thomas

Article publié le 10/11/2004 Dernière mise à jour le 05/05/2005 à 14:25 TU