Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Côte d'Ivoire

L'UA condamne Gbagbo

Les « appels à la haine » ont suscité l’indignation des chefs d’Etat africains. 

		(Photo : UA)
Les « appels à la haine » ont suscité l’indignation des chefs d’Etat africains.
(Photo : UA)
Depuis la rupture du cessez-le-feu la quasi-totalité des pays africains condamne unanimement les offensives conduites sous l’autorité du président ivoirien.

Les premières frappes aériennes des Forces armées ivoiriennes (Fanci) contre les positions tenues par les Forces nouvelles, dans la moitié nord de la Côte d’Ivoire, dès le 4 novembre, avait suscité une vive préoccupation dans les différentes capitales régionales. De nombreux diplomates, sous couvert d’anonymat ont déclaré que le « président Laurent Gbagbo ne répondait plus au téléphone pour ne pas s’entendre reprocher son initiative ». Mais la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est l’attaque des positions françaises de l’Opération Licorne, le novembre à Bouaké. Au moment même où la riposte française détruisant tous les moyens aériens ivoiriens de Yamoussoukro à Abidjan, les chefs d’Etat individuellement condamnaient la reprise des hostilités en Côte d’Ivoire et disaient « comprendre la spontanéité de la réaction française ». 

Dès le 7 novembre, la première réaction concertée des pays africains s’est faite au plus niveau par une réunion d’urgence au Nigeria, chez le président en exercice de l’Union africaine, Olusegun Obasanjo. Alpha Oumar Konaré, le président de la Commission de l’Union africaine s’y est rendu alors qu’une réunion ministérielle de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) était initialement prévue. Le président de la commission de l’UA s’était déplacé avec son représentant spécial pour la Côte d’Ivoire, André Salifou et le commissaire de l’UA chargé de la paix et de la sécurité Saïd Djinnit. Le communiqué publié au terme de cette réunion a condamné les autorités ivoiriennes et marque le soutien de l’UA à l’initiative de la France de faire adopter des sanctions contre la Côte d’Ivoire. Les Etats africains ont apporté leur soutien à la déclaration de condamnation de la Côte d’Ivoire, publiée par le Conseil de sécurité réuni en urgence le samedi 6 novembre à New York.

Par ailleurs, le président de la Commission de l’Union africaine a demandé au chef de l’Etat sud-africain, Thabo Mbeki de prendre en charge le dossier ivoirien. Ce  dernier a rapidement convoqué à Pretoria tous les acteurs politiques ivoiriens, après avoir effectué un aller-retour à Abidjan. Les ouest-africains qui ne voulaient pas être entièrement dépossédés du dossier ivoirien ont multiplié les entretiens à travers des réunions des structures économiques régionales, UEMOA (Union économique et monétaire de l’Afrique de l’ouest), CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest), BCEAO (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest. Charles Konan Banny, le gouverneur de la BCEAO a d’ailleurs demandé aux chefs d’Etat des pays membres de l’institution financière de se rendre à Dakar, siège de la Banque, pour étudier tous les problèmes posés par le conflit en Côte d’Ivoire. Avant le 19 septembre 2002, date du début de la rébellion, la Côte d’Ivoire générait 40% des richesses de l’UEMOA.

Les institutions africaines ont manifesté individuellement leur condamnation de la reprise des hostilités en Côte d’Ivoire, qui a dégénéré en une chasse aux Français, à l’homme blanc et aux étrangers en général. La participation de la radio et de la télévision nationales, par des « appels à la haine » ont suscité l’indignation des chefs d’Etat africains qui ont demandé au président Gbagbo de rappeler ses supporters « à l’ordre ».

Une nouvelle réunion de l’UA à Abuja au Nigeria, a réuni le 14 novembre, Abdoulaye Wade du Sénégal, Omar Bongo du Gabon, Gnassingbé Eyadéma du Togo, Blaise Compaoré du Burkina Faso, John Kufuor du Ghana et président en exercice de la CEDEAO, Alpha Oumar Konaré, président de la commission de l’UA, Albert Tévoédjrè le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU et l’hôte de la réunion, le président Olusegun Obasanjo du Nigeria. Le chef de l’Etat ivoirien absent s’est représenté par  Mamadou Koulibaly, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne. « Nous soutenons le projet de résolution des Nations unies, en particulier l’embargo sur les armes pour toutes en Côte d’Ivoire », a précisé le président Obasanjo à l’issue de la réunion en insistant aussi sur le caractère immédiat de cette mesure. Quant à lui, Mamadou Koulibaly a reproché à l’UA de ne pas « critiquer la France » et parle de « pure manipulation ».  



par Didier  Samson

Article publié le 15/11/2004 Dernière mise à jour le 15/11/2004 à 18:01 TU