Proche-Orient
Le coup de pouce de Powell aux Palestiniens
(Photo : AFP)
Bien que démissionnaire de son poste de secrétaire d’Etat –Condoleeza Rice doit lui succéder dans les semaines qui viennent– Colin Powell a quand même tenu à rencontrer avant son départ responsables israéliens et palestiniens, histoire semble-t-il de s’assurer que tout sera bien fait pour que la prochaine élection présidentielle palestinienne se déroule sans entrave. Le temps presse en effet puisque ce scrutin, qui doit permettre l’émergence d’une nouvelle direction, doit se dérouler dans moins de deux mois et que Washington estime qu’il représente une «occasion unique à saisir» pour relancer les pourparlers de paix. Quelques heures avant l’arrivée du chef de la diplomatie américaine dans la région, son adjoint en charge du Proche-Orient, William Burns, avait déjà insisté auprès des Palestiniens sur la détermination de Washington à faire en sorte que l’élection présidentielle du 9 janvier se déroule dans les meilleures conditions. «Je suis ici pour manifester le ferme soutien américain à la tenue de ce scrutin», avait-il notamment affirmé, soulignant également la volonté de l’administration Bush de réactiver la Feuille de route, ce plan de paix international moribond qui prévoit la création, aujourd’hui plus qu’improbable, d’un Etat palestinien d’ici l’année prochaine.
En se rendant personnellement dans la région, Colin Powell est donc venu peser de tout son poids auprès des autorités israéliennes pour qu’elles facilitent l’organisation de cette élection jugée déterminante pour une relance des négociations de paix. Les appels des Palestiniens pour que l’armée israélienne se retirent des principales villes de Cisjordanie que les soldats de Tsahal réoccupent depuis le début de l’Intifada et pour que les habitants de Jérusalem-Est puissent voter semblent en effet avoir été entendus par Washington. Ces deux exigences ont d’ailleurs largement été au menu des discussions du secrétaire d’Etat américain avec Ariel Sharon et son chef de la diplomatie, Sylvan Shalom. «Je suis heureux de ce que m’ont dit le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères à propos de la volonté d’Israël de coopérer et de travailler en coordination avec l’Autorité palestinienne au moment où celle-ci se prépare pour cette élection», s’est ainsi félicité Colin Powell à l’issue de ses discussions avec les deux hommes ajoutant que ces derniers lui avaient assuré qu’ils feraient le nécessaire pour que «tous les Palestiniens participent au scrutin, y compris ceux de Jérusalem-Est».
Powell promet une aide financière
Un communiqué de la présidence du Conseil, publié dans la foulée de la rencontre du secrétaire d’Etat avec les responsables israéliens, est d’ailleurs très vite venu confirmer les bonnes dispositions de l’Etat hébreu. Dans ce texte, Ariel Sharon souligne ainsi officiellement qu’«à son avis, Israël doit permettre le vote des Arabes de Jérusalem-Est, comme cela a été le cas dans le passé». En 1996, les Palestiniens de Jérusalem-est avaient en effet pris part aux premières élections générales palestiniennes en votant dans certains bureaux de poste dans la ville ainsi que dans des bureaux de vote ouverts dans la banlieue proche, en Cisjordanie. Le Premier ministre, qui réaffirmé cet engagement devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, a toutefois précisé que «cette question sera débattue dans les forums appropriés et qu’une décision sera prise à ce sujet».
Ces déclarations d’Ariel Sharon n’en ont pas moins une portée significative que Colin Powell n’aura sans doute pas manqué de faire valoir auprès de la nouvelle direction palestinienne qu’il a rencontrée en début d’après-midi à Jéricho. Cette rencontre est la première de ce niveau depuis près de trois ans entre un membre de l'administration Bush et des responsables palestiniens, Washington ayant veillé à mettre à l'écart Yasser Arafat qu'elle accusait de ne rien faire pour lutter contre les groupes armés responsables d'attentats anti-israéliens. Le secrétaire d’Etat américain, qui s’est notamment entretenu avec le nouveau chef de l'OLP Mahmoud Abbas, le Premier ministre palestinien Ahmed Qoreï et le président par intérim de l'Autorité palestinienne Rawhi Fattouh, n’a d’ailleurs pas manquer de rappeler à ses interlocuteurs leur devoir de lutter contre le terrorisme. Il les a notamment exhortés à tout mettre en oeuvre pour empêcher les «terroristes de mettre un terme au processus en cours».
Jugeant que le moment était venu «d'aider les Palestiniens à aller de l'avant», Colin Powell a promis une aide américaine à l'organisation de l'élection prévue le 9 janvier pour désigner un successeur de Yasser Arafat. Le secrétaire d’Etat, qui visité un centre d'enregistrement d'électeurs à Jéricho, a en effet indiqué qu'il allait examiner «les besoins financiers» des Palestiniens et évoquer cette question lors de la réunion du quartette qui doit se tenir mardi à Charm el-Cheikh en marge de la Conférence internationale sur l’Irak. Outre les Etats-Unis, le quartette rassemble également l’Union européenne, les Nations unies et la Russie. La rencontre de mardi, la première depuis la disparition de Yasser Arafat, est le signe de l’importance que revêt désormais ce dossier aux yeux de la communauté internationale.
par Mounia Daoudi
Article publié le 22/11/2004 Dernière mise à jour le 22/11/2004 à 17:14 TU