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Conflit irakien

Bush et Rumsfeld de plus en plus critiqués

Le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld commente devant les journalistes l'attentat de la base américaine de Mossoul. 

		(Photo : AFP)
Le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld commente devant les journalistes l'attentat de la base américaine de Mossoul.
(Photo : AFP)
Au lendemain d’un attentat en Irak très meurtrier pour les troupes américaines, Donald Rumsfeld, critiqué par les officiers et par la population américaine, prend les devants : il prévient que l’insurrection irakienne va sans doute se poursuivre au-delà des élections du 30 janvier.

L’insurrection se poursuivra au-delà des élections irakiennes du 30 janvier et il faut s’attendre à un redoublement de la violence dans les semaines à venir. C’est ce qu’a déclaré Donald Rumsfeld, le secrétaire américain à la Défense, au lendemain d’un attentat, à Mossoul, contre la base américaine de Marez. Cette attaque, probablement menée par un kamikaze, a coûté la vie à 22 personnes dont 18 Américains (13 GI’s) et plusieurs Irakiens. 69 personnes dont 44 militaires américains ont également été blessés au cours d’une explosion dans une tente réfectoire de la base militaire.

Le secrétaire américain à la Défense « sincèrement attristé »

Cette opération suicide contre l’armée américaine en Irak est la plus meurtrière depuis le 1er mai 2003, date à laquelle Bush avait annoncé que les opérations militaires majeures étaient terminées. Le secrétaire américain à la Défense a expliqué : « ces types (les insurgés) ont beaucoup à perdre ; les extrémistes, les terroristes et les gens qui veulent reprendre le pays sont décidés à ne pas perdre». « Nous avions dit que nous nous attendions à une hausse du niveau de violences à l’approche des élections », a également souligné Donald Rumsfeld.

Les militaires américains ont annoncé par la suite qu’ils avaient lancé une opération destinée à traquer les rebelles à Mossoul. Le général américain Myers, chef d’état-major interarmées, a par ailleurs déclaré que dans cette guerre, « il n’y a pas de ligne de front ».Ce haut responsable militaire a également défendu les efforts des commandants en Irak pour protéger leurs troupes. A Washington, alors qu’on l’accuse de négligence concernant la protection des GI’s, le secrétaire américain à la Défense s’est déclaré « sincèrement attristé »  par la mort des militaires au cours de cette guerre. Il a affirmé qu’il restait parfois éveillé la nuit en pensant aux militaires présents sur le terrain. Reconduit à son poste après la réélection de G. W. Bush, Rumsfeld a encore déclaré : « je suis sincèrement attristé par ceux qui pourraient avoir l’impression que moi, ou d’autres ici (au Pentagone), ne travailleraient pas assez pour faire en sorte que la vie des hommes et des femmes qui se battent soit protégée de la façon la plus humaine ».

Il faut dire que depuis plusieurs semaines, le secrétaire américain à la Défense fait l’objet de nombreuses critiques sur la manière dont il fait la guerre en Irak. Lors d’une récente « tournée des popotes » dans le Golfe, Donald Rumsfeld avait été interpellé, au Koweit, par des soldats qui se plaignaient de ne pas avoir assez de blindages à disposition pour sécuriser leurs véhicules.  Le patron du Pentagone avait répondu qu’«on part à la guerre avec l’armée dont on dispose et pas avec celle dont on rêve ».

« Lorsque je rencontre des blessés, avec leurs familles, ou les familles des victimes, je ressens leur chagrin jusqu’au plus profond de mon être », a encore déclaré Ronald Rumsfeld après l’attaque contre la base américaine de Mossoul. Concernant les familles, le responsable américain a été tout récemment critiqué par des élus du Congrès. Ils lui reprochent de ne pas avoir signé lui-même, dès le début de la guerre, les lettres de condoléances envoyées aux familles lorsqu’un soldat tombe au combat. Aujourd’hui, les signatures imprimées à la machine, c’est terminé. Le secrétaire américain à la Défense a indiqué que désormais, il signerait lui-même ces courriers.

Ce n’est pas le moment de changer le chef du Pentagone

Donald Rumsfeld est âgé de 72 ans. Si la plupart des collaborateurs du président Bush ont changé après sa réélection, Rumsfeld voulait rester pour continuer à superviser la guerre en Irak et mettre en œuvre son projet de modernisation de l’armée. Des officiers, sous couvert de l’anonymat, lui reprochent cependant de ne pas avoir été écoutés. Ils estiment que le Pentagone n’a pas envoyé suffisamment de troupes en Irak, que la stratégie n’a pas été claire et que les militaires n’ont pas été assez préparés. La contestation a aussi grande du côté des hommes politiques, si bien qu’un certain nombre d’élus républicains ont réclamé ouvertement le remplacement du secrétaire à la Défense. Le président Bush lui a tout de même renouvelé sa confiance malgré des critiques répétées qui ont commencé lorsque le scandale d’Abou Ghraïb a été révélé et l’utilisation de la torture démontrée. Pour leur part, en dépit de toutes ces contestations, les présidents des principales commissions du Sénat (Forces Armées et Affaires étrangères), n’ont pas retiré leur confiance à Donald Rumsfeld, estimant que ce n’était pas le bon moment pour changer le dirigeant du Pentagone.

Le 20 décembre dernier, le président Bush a décrit son secrétaire à la Défense comme un homme de cœur et qui fait du bon travail. Les demandes d’élus de sa majorité de remplacer le chef du Pentagone n’étaient plus d’actualité. Pourtant, l’opinion publique américaine commence à désapprouver la manière dont la guerre est faite en Irak sous la responsabilité de Rumsfeld. Le jour même où le président américain confirmait Rumsfeld dans ses fonctions, deux sondages, publiés par la presse américaine, montraient qu’une majorité d’Américains (52%) se prononçait pour le départ du patron de la défense américaine. 35% seulement des personnes interrogées approuvaient la manière dont ce ministre exerce ses fonctions.



par Colette  Thomas

Article publié le 23/12/2004 Dernière mise à jour le 23/12/2004 à 15:18 TU