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Irak

Cent listes en lice pour les élections

A Bagdad, une Irakienne se tient devant des affiches électorales.
A Bagdad, une Irakienne se tient devant des affiches électorales.
La Commission électorale irakienne a annoncé que cent listes avaient été déposées pour les élections législatives qui doivent avoir lieu le 30 janvier prochain. Les candidats ont six semaines pour faire campagne et convaincre les électeurs irakiens de se rendre aux urnes pour la première élection multipartite organisée dans le pays depuis cinquante et un ans. La violence qui continue de sévir en Irak fait cependant peser une hypothèque sur la capacité des autorités et des forces américaines à permettre le déroulement d’une campagne dans des conditions de sécurité minimum.

Les dépôts de liste sont clos. Plus de 6 400 candidats répartis sur 100 listes se présentent pour les élections législatives irakiennes qui ont été maintenues au 30 janvier 2005. Selon la Commission électorale qui a enregistré les candidatures, 66 listes représentent des partis politiques, 25 sont animées par des personnalités individuelles et 9 sont issues de coalitions. Le scrutin doit permettre d’élire les 275 membres de l’Assemblée nationale transitoire qui sera notamment chargée de rédiger la nouvelle Constitution irakienne.

Avec un jour de retard, la campagne électorale a donc commencé en Irak. Et certains candidats ont déjà divulgué les grandes lignes de leur programme. Le Premier ministre Iyad Allaoui qui a fait connaître son intention de participer lui-même au scrutin au dernier moment, en présentant sa «Liste irakienne» qui compte 233 candidats, a ainsi mis en avant sa volonté de rétablir la sécurité. Il insiste notamment sur la nécessité de reconstruire une armée et une police efficaces dans le pays.

Son actuel ministre de la Défense, Hazem Chaalane, n’a d’ailleurs pas hésité à dénoncer le rôle de certains des adversaires du Premier ministre pour les législatives dans les violences qui se déroulent au quotidien en Irak. Il s’en est ainsi pris à ce propos à la principale liste chiite en lice, formée de 228 candidats issus d’une coalition de plusieurs partis et soutenue par le grand ayatollah Ali Sistani, qu’il a accusée d’être une «liste iranienne». Cette attaque est liée à la thèse de la responsabilité de l’Iran dans le terrorisme en Irak, soutenue par certains membres du gouvernement transitoire. Une manière de donner le ton d’une campagne électorale qui s’annonce sans pitié.

La participation des sunnites en question

Côté sunnite, le refus des autorités irakiennes de repousser la date des élections a provoqué des tensions et des dissensions. Plusieurs listes ont été déposées malgré l’opposition de principe à l’organisation d’un scrutin alors que la violence fait rage dans le pays. Le Parti islamique présente ainsi 275 candidats, le Rassemblement des démocrates indépendants 70 et le Parti national démocrate 12. Mais le Comité des Oulémas, la plus puissante organisation religieuse sunnite, continue à demander le boycott de l’élection tant que le pays sera sous l’«occupation» d’une puissance étrangère.

Dans ce contexte, Adnane Pachachi, le leader de la liste du Rassemblement des démocrates indépendants, a fait part de son pessimisme à propos de la participation des électeurs issus de la communauté sunnite. Il en a aussi tiré une conclusion, de son point de vue inquiétante, sur la représentativité des députés élus dans de telles conditions : «Puisque l’Irak n’est qu’une seule circonscription électorale, cela ne manquerait pas de donner plus de poids au sud [chiite] et au nord [kurde]».

Si le principal enjeu réside dans le scrutin législatif, d’autres élections doivent néanmoins se dérouler le 30 janvier. Il s’agit des élections aux conseils des 17 provinces et de Bagdad, et au Parlement autonome du Kurdistan, dans lequel 111 sièges sont à pourvoir. De nombreux candidats se présentent aussi à ces scrutins locaux. Trois cent quatre-vingt-deux listes et 7 850 candidats sont en compétition pour les conseils des provinces. Quant à l’élection au Parlement du Kurdistan, elle va opposer deux coalitions et douze partis politiques représentant au total 598 candidats.

La première étape vers les élections du 30 janvier a donc été franchie. Reste maintenant à assurer le déroulement de la campagne puis du scrutin le ou les jours dits, alors que l’Irak est toujours à feu et à sang. Les violences sont quotidiennes et touchent une grande partie du pays. Les attentats, les enlèvements mais aussi les assassinats de responsables ou de fonctionnaires se succèdent. Le dernier en date a eu lieu le 16 décembre. Le chef de la compagnie d’Etat des télécommunications et de la poste a été abattu à Bagdad alors qu’il quittait son domicile. La veille, l’explosion d’une bombe près du mausolée de l’imam Hussein à Kerbala avait fait 7 morts et 32 blessés, parmi lesquels un proche de l’ayatollah Sistani. Le Premier ministre Iyad Allaoui a lui-même estimé que chaque jour environ 50 attaques ont lieu en Irak.

par Valérie  Gas

Article publié le 16/12/2004 Dernière mise à jour le 16/12/2004 à 16:55 TU