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Irak

Allaoui veut des élections en janvier

Tony Blair et  Iyad Allaoui ont appelé à l'unité internationale pour aider l'irak à retrouver le chemin de la démocratie. 

		(Photo : AFP)
Tony Blair et Iyad Allaoui ont appelé à l'unité internationale pour aider l'irak à retrouver le chemin de la démocratie.
(Photo : AFP)
En visite à Londres où il s’est entretenu avec son homologue Tony Blair, le Premier ministre irakien s’est voulu optimiste quant à l’avenir de son pays, pourtant en proie à une recrudescence des violences. Iyad Allaoui, qui a réclamé l’aide de la communauté internationale et plus particulièrement celle des Nations unies, s’est également montré plus que jamais déterminé à organiser en janvier prochain des élections générales, seul moyen selon lui d’asseoir la démocratie en Irak. Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, avait pourtant jugé la semaine dernière peu probable la mise en place d’un tel scrutin au regard de la dégradation de la situation sécuritaire dans ce pays.

Attendu ce mardi à New York où il doit notamment s’exprimer à la tribune des Nations unies à l’occasion de l’assemblée générale de l’organisation, le chef de l’exécutif irakien a fait escale à Londres chez le plus fidèle des alliés de George Bush dans sa croisade contre le régime de Saddam Hussein. Iyad Allaoui, dont c’était la première rencontre avec Tony Blair depuis le transfert le 28 juin dernier de souveraineté au gouvernement qu’il dirige, a volontairement minimisé les graves problèmes de sécurité que connaît pourtant depuis plusieurs semaines l’Irak. «Nous faisons du chemin pour contrer les forces du mal», a-t-il affirmé, ajoutant que «le programme de réconciliation nationale progressait». Ces déclarations sont cependant largement démenties par la situation qui prévaut sur le terrain. Au moins trois cents personnes ont en effet trouvé la mort la semaine dernière dans des attentats perpétrés par des groupes terroristes dans plusieurs villes du pays ou lors d’opérations menées conjointement contre des bastions de la guérilla par la garde nationale irakienne et la Force multinationale dirigée par les Américains.

Soutenu ouvertement dans ses choix par Tony Blair, le Premier ministre irakien a par ailleurs confirmé le calendrier des élections irakiennes prévues en janvier prochain, estimant qu’il allait «porter un coup fatal aux terroristes». «Nous allons nous en tenir à la date de janvier car nous sommes certains que la démocratie va prévaloir et l’emporter en Irak», a ainsi justifié Iyad Allaoui. Son homologue britannique a aussitôt renchéri en soulignant que lorsque les élections auront lieu «la population comprendra la différence entre les démocrates qui veulent élire leur gouvernement et les terroristes qui veulent régner par la loi des bombes et des balles». Les deux hommes, qui se sont alignés sur l’optimisme de mise ces derniers jours à la Maison blanche, ont sciemment ignoré le scepticisme pourtant clairement affiché la semaine dernière par le secrétaire général des Nations unies qui a jugé plus qu’«improbable» la tenue d’un tel scrutin. «On ne peut pas avoir d’élections crédibles si les conditions de sécurité restent ce qu’elles sont aujourd’hui», avait affirmé Kofi Annan laissant entendre qu’il n’avait pas l’intention de mettre en péril la vie des membres de son organisation déjà rudement frappée par le terrorisme en Irak.

Appel pressant à l’aide des Nations unies

Faisant fi de l’inquiétude du secrétaire général partagée par le chef de la diplomatie américaine –Colin Powell a douté la semaine dernière que des élections puissent se tenir à la date prévue en Irak même s’il a prédi une amélioration de la sécurité dans les prochaines semaines– Iyad Allaoui et Tony Blair ont donc insisté sur la nécessité d’une unité internationale pour aider ce pays à retrouver le chemin de la stabilité. «Quels qu’aient été les désaccords à propos du premier conflit en Irak ou dans celui qui se déroule maintenant dans ce pays, c’est l’avenir du terrorisme mondial qui est en jeu», a plaidé le Premier ministre britannique. «Ou les terroristes l’emportent et le terrorisme se développera, ou bien nous gagnons, le peuple irakien gagne et ce terrorisme mondial subit une défaite considérable», a-t-il martelé. Cet appel de Tony Blair intervient alors qu’aucun accord n’a encore été trouvé concernant la mise en œuvre de la mission de l’OTAN chargée de la formation des forces de sécurité irakiennes. Le principe d’une telle mission avait pourtant été acquis lors du dernier sommet de l’Alliance à Istanbul en juin dernier.

Le chef du gouvernement intérimaire irakien a pour sa part insisté en faveur d’un rôle accru des Nations unies dans la préparation du scrutin de janvier prochain. Une demande qu’il ne manquera pas de renouveler mardi lors de l’assemblée générale. «J’appelle l’ONU à nous aider et à nous fournir tout ce dont nous avons besoin pour que les élections en Irak soit un succès», a-t-il notamment déclaré appelant à «un engagement plus important» de l’organisation internationale. Iyad Allaoui tempérait ainsi les propos de son ministre des Affaires étrangères qui a récemment reproché aux Nations unies de ne pas aider suffisamment l’Irak à organiser ses élections. «Ils ne font pas assez pour nous aider», avait affirmé Hochyar Zebari parlant des fonctionnaires de l’ONU. «A ce jour ils ne disposent que d’une trentaine d’employés internationaux à Bagdad», avait-il également ajouté, omettant de préciser que la recrudescence de la violence était largement à l’origine de cette situation. La multiplication des attaques terroristes et des enlèvements d’occidentaux a en effet poussé la plupart des organisations humanitaires à quitter le pays. Aujourd’hui seuls la Maison blanche et ses alliés en Irak semblent croire qu’un scrutin pourra encore être organisé en janvier prochain.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 20/09/2004 Dernière mise à jour le 20/09/2004 à 13:58 TU