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Irak

Les sunnites participeront aux élections

«<EM>Ne donnez pas votre vote à quelqu'un qui ne le mérite pas</EM>», peut-on lire sur une banderole de Sadr City la banlieue chiite de Bagdad. 

		(Photo : AFP)
«Ne donnez pas votre vote à quelqu'un qui ne le mérite pas», peut-on lire sur une banderole de Sadr City la banlieue chiite de Bagdad.
(Photo : AFP)
Ayant échoué à obtenir le report de six mois des élections générales prévues le 30 janvier, les principaux partis sunnites se sont finalement résignés, malgré la recrudescence des violences, à participer à ce scrutin qui doit déterminer la composition de la future Assemblée nationale transitoire. Pour répondre aux inquiétudes de la communauté sunnite face à l’insécurité qui prévaut principalement dans les régions situées autour de la capitale irakienne, le Premier ministre Iyad Allaoui avait proposé en début de semaine d’«étaler sur quinze à vingt jours» les opérations de vote, avant que l’un de ses conseillers ne démente l’information. Cette suggestion avait pourtant été accueillie favorablement par de nombreux partis ainsi que par le ministère de l’Intérieur.

Les partis sunnites les plus représentatifs auront donc attendus la dernière minute avant de finalement se résigner à participer aux élections du 30 janvier. A deux jours de la clôture du dépôt des listes électorales quatre formations ont en effet décidé de se lancer dans la course. Il s’agit du Rassemblement des démocrates indépendants du candidat malheureux à la présidence Adnane Pachachi, du Parti islamique qui représente le plus important mouvement sunnite ainsi que du Parti national démocrate (PND) conduit par l’ancien membre de l’exécutif installé par les Etats-Unis à la chute du régime de Saddam Hussein, Nassir Chaderchi. L’actuel président irakien, Ghazi al-Yaouar, chef de l’une des plus prestigieuses tribus sunnites irakiennes dont le berceau se trouve à Mossoul dans le nord du pays, a également annoncé qu’il présenterait une liste intitulée Iraqiyoun (Irakiens).

Soucieuses de ne pas décourager les bonnes volontés dans les régions sunnites, théâtre depuis plusieurs mois d’affrontements violents, la Commission électorale a annoncé qu’elle prolongeait à titre exceptionnel jusqu’au 15 décembre le délai pour les dépôts des listes électorales dont la clôture est prévue vendredi dans le reste du pays. Mais la décision des quatre principales formations sunnites de participer aux élections du 30 janvier ne garantit toutefois pas une large participation de cette communauté. D’autres mouvements, dont le très influent Comité des oulémas ainsi que d’importantes personnalités de cette minorité qui représente 25% de la population, ont en effet appelé à boycotter le scrutin. La guérilla, toujours active dans le triangle sunnite malgré l’assaut lancé contre son fief de Falloujah, a en outre menacé de mort toute personne se présentant ou participant à ce scrutin.

Etaler les élections sur deux semaines ?

Dans ce contexte et pour tenter de rassurer la communauté sunnite et l’encourager à élire ses représentants dans la future Assemblée nationale transitoire, le Premier ministre Iyad Allaoui, qui refuse tout report de l’élection, a pour la première fois envisagé la possibilité d’étaler le scrutin sur plusieurs jours. Dans une interview au quotidien belge Le soir, le chef du gouvernement intérimaire a en effet affirmé que «tout le monde –chiites, sunnites, chrétiens, kurdes et turcomans devrait pouvoir prendre part au vote. Pour cela, je pense que l’on peut envisager des élections étalées sur quinze jours, ou vingt jours, avec des votes étagés à des dates différentes selon les provinces». Selon lui, cela permettrait d’installer «un dispositif de sécurité adéquat». Interrogé sur la situation sécuritaire dans son pays, Iyad Allaoui a déclaré que sur les dix-huit provinces irakiennes, «quatorze ou quinze sont calmes». Elle est en revanche «mauvaise» à Mossoul –la troisième ville du pays– dans la province d’al-Anbar, dans certains quartiers de Bagdad et dans une partie de la province de Diyala, dans le centre-est.

La proposition du Premier ministre irakien tient largement au fait que le pays ne compte pas assez de policiers et de supplétifs de l’armée pour protéger les quelque 9 000 bureaux de vote le même jour à travers le pays et cela d’autant plus que l’armée américaine –qui a renforcé sa présence faisant passer ses effectifs de 138 000 à 150 000 hommes– a d’ores et déjà fait savoir qu’elle se tiendrait à distance des centres électoraux. Le ministère de l’Intérieur a accueilli très favorablement cette proposition. «C’est une excellente idée que nous saluons à 100% au ministère», a affirmé un de ses porte-parole. Selon lui, «cela permettrait non seulement d’organiser à une autre date les élections dans des endroits où il ne serait pas possible de les organiser à la date prévue mais cela faciliterait aussi le travail des observateurs internationaux et garantirait la participation au scrutin de toutes les régions d’Irak».

Plusieurs partis politiques ont également accueilli favorablement cette proposition tout en y apposant certaines conditions comme par exemple le fait que les résultats soient tenus secrets jusqu’à la proclamation des résultats définitifs. Mais alors que cette idée semble faire l’unanimité en Irak, un porte-parole d’Iyad Allaoui a démenti jeudi que le Premier ministre ait suggéré un possible étalement des élections. «Ces informations sont fausses et inexactes», a-t-il déclaré, ajoutant que les propos du chef du gouvernement avaient été déformés. Les Etats-Unis avaient rejeté un peu plus tôt cette proposition. Un porte-parole du département d’Etat a en effet déclaré que les élections auront lieu le 30 janvier «dans tout le pays». 



par Mounia  Daoudi

Article publié le 09/12/2004 Dernière mise à jour le 09/12/2004 à 16:58 TU