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Irak

la guérilla intensifie ses attaques

Soldat américain du 24e régiment à Mossoul, nord de l'Irak. 

		(Photo: AFP)
Soldat américain du 24e régiment à Mossoul, nord de l'Irak.
(Photo: AFP)
La puissance de feu de l’armée américaine qui a engagé quelque 12 000 hommes dans la bataille de Falloujah, soutenus par d’importants moyens aériens, n’a pas encore permis de soumettre la ville rebelle. Plusieurs poches de résistance subsistent et les affrontements se poursuivaient jeudi dans plusieurs quartiers de cette agglomération de 300 000 habitants dix jours après le lancement d’une opération qualifiée d’envergure et à laquelle participent 2 500 soldats irakiens. Alors que les responsables américains reconnaissent aujourd’hui que les dirigeants de la rébellion ont quitté Falloujah avant le début de l’offensive, plusieurs villes du triangle sunnite, jusque-là épargnées par les violences, sont désormais le théâtre d’affrontements sanglants.

Si les soldats américains n’ont rencontré que très peu de résistance lorsqu’ils ont lancé leur offensive contre la «Mecque des moudjahidin», force est de reconnaître aujourd’hui qu’ils ont le plus grand mal à pacifier la ville. Des poches tenues par les insurgés continuent en effet à résister à l’assaut et les forces américaines ont encore bombardé jeudi à l’artillerie des positions rebelles au sud de Falloujah. Tranchant avec la satisfaction affichée jusque-là par l’administration Bush et le gouvernement d’Iyad Allaoui –qui se sont félicités du coup porté à la rébellion sunnite– un document secret, dont le New York Times a eu une copie, révèle que le succès final de l’opération militaire contre le bastion des insurgés est loin d’être acquis. Dans ce rapport de sept pages, des responsables des services de renseignement des marines mettent en effet en garde contre tout retrait significatif des troupes de Falloujah une fois l’offensive achevée. Selon eux, la rébellion serait en mesure de reconstituer rapidement ses forces dans cette ville et dans la région, ce qui pourrait entraîner une intensification des attaques. Le document révèle en outre que malgré les pertes actuellement enregistrées par la rébellion, «l’ennemi est en mesure d’empêcher la forces expéditionnaire des marines de remplir ses objectifs principaux qui visent à mettre en place une force de sécurité irakienne efficace et à assurer le succès des élections de janvier».

Interrogés par le New York Times, de hauts responsables militaires américains ont contesté les conclusions de ce rapport pourtant rédigé le week-end dernier par des membres du corps des marines en charge de l’offensive de Falloujah. «L’évaluation de l’ennemi est une évaluation dans le pire des cas», a tenté de rassurer le général John DeFreitas actuellement en Irak. «L’armée américaine n’a pas l’intention de créer un vide en se retirant» de la ville rebelle, a-t-il également défendu. Or l’embrasement du triangle sunnite depuis le lancement de l’offensive il y a dix jours contre le bastion de la résistance irakienne a déjà conduit à un redéploiement des troupes américaines. Quelque 2 000 hommes ont ainsi été dépêchés en renfort à Mossoul, la capitale du nord, théâtre d’affrontements depuis le 8 novembre. Des insurgés ont encore attaqué jeudi au mortier les bureaux du gouverneur de cette ville à majorité sunnite, tuant un garde du corps et blessant quatre autres. Les rebelles ont également tiré six obus sur une base militaire américaine sans toutefois faire de blessés. Ces attaques sont intervenues alors que l’armée américaine avait pourtant annoncé quelques heures plus tôt avoir repris le contrôle de la plupart des commissariats de police tombés la semaine dernière entre les mains de la rébellion et rétabli l’ordre dans la ville.

Soixante policiers enlevés

Si rien n’indique pour le moment dans quelle mesure les opérations menées par les insurgées dans le triangle sunnite sont coordonnées, les forces américaines ne peuvent nier être aujourd’hui confrontées à une intensification des attaques de la guérilla dans le nord de l’Irak. La petite ville de Baïji, située à deux cents kilomètres de Bagdad, a payé ces derniers jours un lourd tribut aux violences. En 24 heures, une vingtaine de personnes, parmi lesquelles des femmes et des enfants ont ainsi été tuées dans l’explosion d’une bombe et dans des accrochages avec les insurgés. La violence des affrontements dans cette ville qui abrite la plus importante raffinerie du pays a conduit à l’instauration d’un couvre-feu pour une durée illimitée. Les villes de Ramadi, Latifiya et Samara, mais aussi Bagdad, n’ont pas non plus été épargnées et ont été le théâtre d’affrontements meurtriers entre rebelles et forces irakiennes.

Cette extension des combats dans le nord de l’Irak s'accompagne l’aggravation du climat d’insécurité qui règne dans le pays. Trois camionneurs turcs ainsi qu’un ingénieur irakien travaillant pour les Américains ont été enlevés et assassinés ces dernières vingt-quatre heures. Une soixantaine de policiers ont également été kidnappés dans leur hôtel près de la frontière jordanienne par la guérilla lors d’une opération spectaculaire. Les assaillants –une vingtaine selon l’un des trois policiers qui ont réussi à s’échapper– ont mis des sacs sur la tête de leurs otages, leur ont lié les mains et les ont emmenés, ne laissant que très peu d’espoir de les revoir vivants. Il y a un mois en effet, neuf policiers avaient été tués dans la région de Kerbala à leur retour de formation en Jordanie. Leur minibus avait été attaqué dans la zone rebelle de Latifiyia théâtre de nombreux enlèvements ces derniers mois.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 18/11/2004 Dernière mise à jour le 18/11/2004 à 16:43 TU