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Irak

Violents combats à Fallouja

Lundi soir, l'armée américaino-irakienne a lancé une offensive contre le bastion rebelle de Fallouja. Ce mardi elle affirme contrôler un tiers de la ville. 

		(Photo : AFP)
Lundi soir, l'armée américaino-irakienne a lancé une offensive contre le bastion rebelle de Fallouja. Ce mardi elle affirme contrôler un tiers de la ville.
(Photo : AFP)
Les troupes américaines et irakiennes ont lancé l’assaut contre Fallouja. Après une nuit de bombardements, les soldats ont entamé par le nord leur progression dans la ville. Les insurgés ont néanmoins opposé une forte résistance et les combats ont été violents. Aucun bilan fiable de cette offensive n’est disponible pour le moment.

L’assaut contre Fallouja, baptisé «Phantom Fury» par les Américains et «Opération Aube» par les Irakiens, se déroule selon le scénario habituel dans ce genre d’offensive. L’artillerie et l’aviation sont entrées en action les premières et ont pilonné la ville sans interruption pendant plusieurs heures à partir du couvre-feu, mis en œuvre lundi 8 novembre à 18 h 00 (heure locale). Ces bombardements ont pour objectif d’affaiblir la résistance des insurgés, qui seraient retranchés essentiellement au centre de Fallouja, avant que les chars n’interviennent et que les combats de rues ne soient engagés par les soldats pour prendre possession de la ville quartier par quartier. Les militaires américains sont entrés par le nord et progressent vers le sud. Ils auraient rencontré une résistance importante dans le quartier Jolan, au nord-ouest de Fallouja. Mardi, l’armée américaine affirmait contrôler le tiers de la ville et s’être rapprochée du cœur de Fallouja. Elle a d’autre part démenti que l’un de ses hélicoptères ait été détruit au cours des combats. Le ministre des Affaires étrangères irakien, Hochiar Zebari, a affirmé que la résistance était moins importante que prévue et que l’offensive pourrait du coup ne durer que quelques jours. Un optimisme qui n’était pas partagé la veille par le secrétaire à la Défense américain, Donald Rumsfeld, lorsqu’il a affirmé que l’opération allait être «difficile» et «prendre du temps».

Ce sont les forces américaines qui sont en première ligne dans cet assaut. Mais environ 2 000 soldats irakiens sont eux aussi engagés dans l’offensive militaire dont l’objectif est de reprendre le contrôle d’une ville où se sont retranchés les rebelles qui refusent l’autorité du nouveau pouvoir irakien. Le Premier ministre, Iyad Allaoui, est d’ailleurs venu en personne sur place, la veille du déclenchement de l’assaut, pour motiver ses troupes. Une tâche bien difficile car dans le même temps de nombreux représentants politiques ou religieux ont pris position publiquement pour appeler les soldats irakiens à ne pas participer à cette opération militaire. Dernière en date, l’Association des religieux musulmans, à laquelle s’est associée le chef chiite Moqtada al-Sadr, qui a demandé aux militaires irakiens de refuser de combattre aux côtés des Américains.

«Nous demandons au gouvernement de suspendre l’offensive contre Fallouja»

Ces appels à la désertion représentent une véritable source d’inquiétude car lors de la première offensive contre Fallouja en avril 2004, les défections dans les rangs irakiens avaient participé à provoquer l’échec de l’assaut. Néanmoins, le nombre de membres des forces de sécurité irakiennes engagés est limité. Le gros des troupes est composé par les Américains qui sont plus de 10 000 à combattre à Fallouja. Les Irakiens sont tout de même censés jouer un rôle opérationnel important puisqu’ils devraient participer aux combats dans les rues et à la saisie des armes. Et sur le plan politique, la collaboration entre Irakiens et Américains est indispensable pour donner un semblant de crédibilité à une intervention qui est loin de faire l’unanimité dans le pays.

A tel point que l’annonce de l’assaut sur Fallouja a déjà provoqué des scissions au sein du gouvernement intérimaire de Iyad Allaoui. Le Parti islamique (sunnite, issu des Frères musulmans), qui le désapprouve, a même menacé de quitter l’équipe gouvernementale si l’offensive se poursuivait. Son porte-parole a clairement fait part de la position de son mouvement : «Nous demandons au gouvernement de suspendre l’offensive contre Fallouja, de revenir à la table des négociations et d’opter pour l’option pacifique dans cette crise au lieu de l’option militaire». Même en cas de victoire sur les rebelles à Fallouja et de sécurisation de la ville, le mouvement de désapprobation de cette offensive, à la fois de la part des organisations politiques et religieuses, n’augure rien de bon dans la perspective des premières élections qui doivent se dérouler au mois de janvier 2005. Un large boycott en signe de protestation pourrait, en effet, remettre en cause la légitimité du processus de transition politique mis en place par les Américains, déjà largement critiqué.

D’autre part, en réaction à l’assaut lancé contre les rebelles de Fallouja, de nombreuses attaques ont été menées dans d’autres zones. A Baaqouba, au nord-est de Bagdad, une opération engagée contre trois commissariats a provoqué la mort de 45 personnes et fait de nombreux blessés. A Kirkouk, dans le nord du pays, l’explosion d’un véhicule piégé devant une base de la garde nationale irakienne a fait trois morts. Et l’Armée islamique en Irak, qui détient les deux otages français Christian Chesnot et George Malbrunot et leur chauffeur syrien Mohammed al Joundi, a dressé une liste d’une vingtaine de cibles stratégiques et appelé ses combattants à les attaquer pour répondre à l’assaut contre Fallouja.



par Valérie  Gas

Article publié le 09/11/2004 Dernière mise à jour le 09/11/2004 à 14:01 TU