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Irak

Allaoui autorise l’assaut sur Fallouja

Iyad Allaoui a donné le feu vert à une intervention des forces irakiennes et américaines massées autour de Fallouja. 

		(Photo : AFP)
Iyad Allaoui a donné le feu vert à une intervention des forces irakiennes et américaines massées autour de Fallouja.
(Photo : AFP)
Le Premier ministre Iyad Allaoui a donné le feu vert à une intervention des forces irakiennes et américaines massées autour de Fallouja. Depuis plusieurs jours, la pression s’est accentuée autour de cette ville soupçonnée d’abriter plusieurs milliers de membres de la rébellion parmi lesquels figurent des partisans de Saddam Hussein et du terroriste islamiste Abou Moussab al Zarqaoui. La décision de donner l’assaut a d’ores et déjà provoqué des réactions hostiles, notamment de la part du Comité des Oulémas, l’une des principales organisations religieuses sunnites du pays, qui a interdit aux Irakiens de participer à cette offensive.

D’avertissements en mesures de dissuasion, les autorités irakiennes ont fait monter la pression autour de Fallouja, ville bastion de la rébellion sunnite située à 50 kilomètres à l’ouest de la capitale, qui est depuis plusieurs mois le lieu de violents combats. Après avoir décrété, dimanche 7 novembre, l’état d’urgence pour deux mois dans tout le pays sauf le Kurdistan, le Premier ministre Iyad Allaoui a annoncé lundi l’entrée en vigueur, à Fallouja et Ramadi, d’un couvre-feu. La circulation a, d’autre part, été interdite sur toutes les routes qui passent autour de la ville. Les frontières avec les pays voisins de l’Irak, Syrie et Jordanie, ont été fermées et le trafic civil a été interrompu sur l’aéroport de Bagdad pour les prochaines 48 heures.

L’adoption de ces mesures exceptionnelles est destinée, selon Iyad Allaoui, à permettre aux quelque 20 000 soldats de la Force multinationale (FMN), essentiellement américains, et de l’armée irakienne, de «nettoyer Fallouja des terroristes». Le Premier ministre a assuré avoir épuisé tous les recours pour obtenir une solution négociée qui évite une intervention militaire dans la ville, mais s’être heurté à une fin de non-recevoir de la part des représentants de Fallouja. L’objectif du pouvoir irakien en autorisant un assaut pour s’emparer de la ville où sont retranchés des rebelles, est d’assurer la sécurisation du pays indispensable pour permettre l’organisation des premières élections prévues au mois de janvier 2005, dont le bien-fondé est loin de faire l’unanimité parmi les représentants des différentes factions présentes dans le pays. Fallouja est, en effet, la poche de résistance la plus importante en Irak. Les Américains affirment que la ville abrite les membres du groupe terroriste d’Abou Moussab al Zarqaoui, responsables notamment de l’enlèvement et l’assassinat de plusieurs otages occidentaux et de nombreux attentats suicides ou attaques. Ce réseau a revendiqué, par exemple, l’assassinat de 21 policiers, perpétré dimanche dans le commissariat d’Haditha, une ville située à l’ouest de l’Irak.

«C’est le peuple qui tôt ou tard décidera de votre sort».

La décision de Iyad Allaoui a provoqué une réaction immédiate de la part des autorités religieuses sunnites. Le Comité des Oulémas a ainsi diffusé une fatwa (avis religieux) dans laquelle il met en garde vigoureusement tout Irakien qui participerait à une intervention militaire contre Fallouja aux côtés des Américains. «Nous appelons les forces irakiennes, les gardes nationaux et autres à ne pas commettre l’erreur grave de participer sous le drapeau des forces qui bafouent la religion à une guerre que le monde entier considère comme illégitime», est-il ainsi indiqué. La fatwa se fait même plus menaçante en affirmant : «Il faut vous rappeler que l’occupation (américaine) se terminera un jour et que c’est le peuple qui tôt ou tard décidera de votre sort». Le Conseil consultatif des moujahidines de Fallouja (organe dirigeant de la ville) a, quant à lui, dès dimanche, demandé aux médias internationaux de venir dans la ville pour «être témoins de la campagne des croisés contre l’islam» et a appelé les gardes nationaux irakiens présents aux côtés des soldats américains qui encerclent la ville à «déserter».

 Après une nuit de bombardements durant laquelle les forces irakiennes ont réussi à prendre le contrôle, sans combat, de l’hôpital de Fallouja et de deux ponts, l’aviation et l’artillerie américaines ont continué, lundi, à pilonner les positions des rebelles sans interruption. Les premiers bilans de ces raids font état d’au moins douze morts, selon un médecin d’une clinique du centre-ville où les blessés sont transférés depuis que la Force multinationale a pris possession de l’hôpital. Il est difficile de savoir combien de civils demeurent dans la ville mais on estime tout de même qu’environ 80 % de la population totale (300 000 personnes) a fui depuis que les Américains ont pris position autour de Fallouja, le 14 octobre. Ces derniers jours, des vérifications de plus en plus strictes ont d’ailleurs eu lieu pour empêcher les allées et venues en prévision du déclenchement de l’assaut final. L’armée américaine a ainsi interdit à tout homme âgé de 15 à 50 ans, donc combattant potentiel, d’entrer ou sortir de la ville.

A moins de trois mois de la date prévue pour l’organisation des premières élections décidées dans le cadre du processus politique de passage du pouvoir aux Irakiens, l’issue de l’offensive engagée à Fallouja sera déterminante. Les conditions dans lesquelles elle va être menée aussi. D’ores et déjà, plusieurs pays, comme l’Egypte et la Jordanie, mais aussi la Ligue arabe, ont mis en garde contre les conséquences de nouveaux massacres et ont appelé à  tout faire pour épargner la vie des civils qui résident dans cette ville.



par Valérie  Gas

Article publié le 08/11/2004 Dernière mise à jour le 08/11/2004 à 15:52 TU

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Kaïs Alazawi

Rédacteur en chef du quotidien Al Jarida

«Les informations de Washington parlent de cinquante bandes terroristes en Irak.»

[08/11/2004]

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