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Irak

Fallouja : la résistance s’épuise

Falloujah ressemble à une ville fantôme. 

		(Photo : AFP)
Falloujah ressemble à une ville fantôme.
(Photo : AFP)
L’offensive des forces américaines et irakiennes sur Fallouja leur a permis de prendre le contrôle de la «quasi-totalité» de la ville. Les soldats se heurtent tout de même encore à des poches de résistance dans certains quartiers et sont loin d’avoir sécurisé la cité. Le bilan de cet assaut sur le bastion sunnite, situé à l’ouest de Bagdad, fait état d’une vingtaine de morts parmi les soldats américains et irakiens et d’au moins 500 victimes du côté des rebelles. L’armée américaine a, d’autre part, déclaré avoir retrouvé dans la ville Mohammed al-Joundi, le chauffeur syrien qui accompagnait Christian Chesnot et Georges Mabrunot, les deux journalistes français retenus en otage depuis le 20 août.

En pénétrant dans Fallouja, les troupes américaines et irakiennes ont découvert plusieurs otages, ligotés et menottés. Parmi eux figure Mohammed al-Joundi, le chauffeur syrien de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, les deux journalistes français de Radio France Internationale et du Figaro, enlevés au sud de Bagdad il y a 85 jours. Interrogé par les soldats américains, Mohammed al-Joundi a expliqué qu’il avait été séparé des deux Français il y a environ un mois et que ses ravisseurs l’avait libéré au début de l’offensive sur Fallouja. Son seul moyen de s’échapper aurait été de traverser l’Euphrate mais, ne sachant pas nager, il a préféré attendre là où il se trouvait et a finalement été recueilli par les militaires américains après leur entrée dans la ville. Mohammed al-Joundi n’a, par contre, pas été en mesure de donner d’indication sur le lieu de détention actuel de Christian Chesnot et Georges Malbrunot.

Trois des otages libérés se trouvaient dans les sous-sols de maisons qui servaient de planques aux terroristes. Ces bâtiments étaient situés dans les quartiers nord de Fallouja, à Jolan et Chouhada. Les militaires américains y ont trouvé des traces des sévices infligés aux otages, du sang notamment, et pensent même que certains d’entre eux ont pu y être exécutés. Un très grand nombre d’armes et des registres remplis de noms y ont aussi été découverts et sont examinés par les Américains.

Fallouja n’est pas encore totalement sous le contrôle de l’armée américaine et des forces irakiennes. Des groupes de rebelles continuent de combattre, notamment dans les quartiers situés au nord-ouest et au sud de la ville. Malgré tout, la résistance opposée à la progression des soldats américains est de moins en moins organisée. Les combats restent violents mais dispersés. Des rebelles surgissent et attaquent les Marines à coup de grenades et de rafales d’armes automatiques, avant de disparaître le plus vite possible pour ne pas être repérés. Les Américains font, quant à eux, intervenir les chars dès que nécessaire pour pilonner les positions où sont retranchés leurs adversaires et préparer l’intervention des soldats.

Aucun bilan des victimes civiles

Malgré cette résistance, les responsables de l’armée américaine affirment qu’ils contrôlent la «quasi-totalité» de Fallouja. L’assaut est donc en passe de prendre fin. Restera ensuite à sécuriser la ville et à la ratisser rue par rue, maison par maison, mosquée par mosquée. Le rôle des soldats irakiens sera alors plus important, notamment pour pénétrer dans les mosquées et débusquer les rebelles qui pourraient y avoir trouvé refuge.

Carte de la ville de Fallouja 

		(Carte : NG/RFI avec Digitalglobe.com)
Carte de la ville de Fallouja
(Carte : NG/RFI avec Digitalglobe.com)

D’ores et déjà, Fallouja ressemble à une ville fantôme. Il n’y a plus ni eau, ni électricité depuis plusieurs jours. De nombreux bâtiments sont détruits, les rues sont encombrées de détritus en tout genre : fils électriques arrachés, armes abandonnées, carcasses de véhicules calcinées… Aucun bilan des victimes parmi les civils demeurés dans Fallouja -dont on ne connaît de toute manière pas le nombre exact- n’est disponible. Les Américains ont déclaré que l’assaut avait fait au moins 500 morts dans la ville mais ont affirmé qu’il s’agissait uniquement de combattants. Le bilan est moins lourd du côté des militaires américains et irakiens puisqu’il ne fait état que de 18 Marines et 5 soldats irakiens tués.

Si les rebelles ont peu de chances de retourner la situation en leur faveur à Fallouja, la guérilla a par contre remporté une victoire à Mossoul, une ville située à 370 kilomètres au nord de Bagdad. Des groupes armés y ont attaqué plusieurs postes de police et ont semé la terreur dans la ville où le couvre-feu a été décrété le 10 novembre. Après plusieurs jours d’affrontements et une série de raids menés par l’armée américaine, cette dernière s’est finalement retirée des principaux accès de l’agglomération, vendredi 12 novembre. Et les rebelles ont alors pu prendre le contrôle de Mossoul.

Cette offensive de la guérilla contre Mossoul n’est pas un cas unique. Depuis le début de l’assaut sur Fallouja, une vague de violence frappe la plupart des villes d’Irak (Bagdad, Ramadi, Baqoubaa…) où les rebelles se sont repliés. Cette dispersion de la guérilla était prévisible et semble, d’ores et déjà, justifier le fait de mener, dans la foulée, des opérations militaires du même type contre d’autres villes du pays, comme l’a indiqué le ministre irakien des Affaires étrangères, Hoshyar Zebari, qui a déclaré : «Certainement, le gouvernement et ses alliés n’hésiteront pas à rétablir l’autorité de l’Etat dans toutes les régions d’Irak».


par Valérie  Gas

Article publié le 12/11/2004 Dernière mise à jour le 12/11/2004 à 15:48 TU