Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Irak

Urgence sanitaire à Fallouja

Après une semaine d’affrontements, des poches de résistance subsistent toujours.  

		(Photo : AFP)
Après une semaine d’affrontements, des poches de résistance subsistent toujours.
(Photo : AFP)
L’offensive contre Fallouja n’est pas encore terminée. Des poches de résistance subsistent dans le sud de la ville et les combats violents continuent, même si les forces américaines contrôlent globalement l’agglomération. Après une semaine d’affrontements, le problème du sort des civils dans une ville en état d’urgence sanitaire devient prioritaire. Mais l’acheminement de l’aide fournie par les organisations humanitaires ou l’évacuation des blessés et des morts sont encore très difficiles.

Face à la puissance de feu des Américains, les derniers rebelles retranchés dans le sud de Fallouja opposent une détermination sans faille. Certes, beaucoup sont partis avant le début de l’offensive. De nombreux autres sont morts dans les combats qui durent depuis sept jours au cœur de la ville –on parle de plus d’un millier de victimes parmi les rebelles-. Mais ceux qui restent continuent à résister pied à pied. Les Marines ont pris le contrôle des points stratégiques de Fallouja mais ils n’ont pas réussi à sécuriser la ville pour le moment. Ils se heurtent à des combattants qui mènent des attaques surprises à partir de positions retranchées et évitent les affrontements directs qui leur seraient défavorables. Donald Rumsfeld, le secrétaire à la Défense américain, a d’ailleurs affirmé que l’offensive sur Fallouja n’était «certainement pas» finie et que des zones de «difficultés» existaient toujours, contrairement à ce qu’avait déclaré le secrétaire d’Etat irakien à la Sécurité nationale, Kassem Daoud, qui avait annoncé, dès samedi, que les hostilités étaient terminées.

Au-delà du bilan des victimes et des blessés dans les rangs de combattants qui ne cesse de s’alourdir, la question de la situation des civils dans la ville devient particulièrement préoccupante. L’incertitude règne concernant le nombre d’habitants restés dans Fallouja et la situation sanitaire dans laquelle ils se trouvent, alors que l’eau et l’électricité ont été coupées depuis plus d’une semaine. Sans parler des conséquences des combats et des bombardements qui continuent dans la ville. Dans ce contexte, les organisations humanitaires cherchent à intervenir pour secourir les blessés et acheminer des produits de première nécessité vers la population. Le Croissant Rouge koweïtien a notamment essayé de faire pénétrer dans Fallouja un convoi avec de la nourriture et des médicaments mais s’est heurté à un barrage imposé par les soldats américains et irakiens, en raison des conditions de sécurité encore précaires dans le centre ville.

Des prisons et des cadavres

Si les combats ne sont pas terminés et les bilans encore provisoires sur le nombre de victimes de cette offensive, les soldats américains ont, par contre, d’ores et déjà fait part de ce qu’ils ont découvert dans les quartiers où ils ont pu pénétrer. Plusieurs maisons ayant servi de prisons à des otages, un grand nombre d’armes, des personnes vivantes ligotées mais aussi des corps sans vie ont ainsi été retrouvés à Fallouja. Mohammed al-Joundi, le chauffeur syrien qui accompagnait les deux journalistes français enlevés le 20 août dernier, Christian Chesnot et George Malbrunot, a ainsi été libéré sain et sauf, le 12 novembre. D’autres ont eu moins de chance, comme cette femme blonde «de type caucasien», dont le corps mutilé a été retrouvé dans une cache et dont on ne connaît pas encore l’identité. Il pourrait s’agir de l’une des deux femmes occidentales enlevées par des terroristes ces deniers mois : Margaret Hassan, une Britannique responsable d’une organisation humanitaire et mariée à un Irakien, ou Teresa Borcz, une Polonaise, elle aussi mariée à un Irakien.

Alors que la bataille de Fallouja est encore en cours, celle de Mossoul pourrait bien commencer rapidement. Après des attaques menées pendant plusieurs jours par la guérilla, cette ville du nord de l’Irak est, en effet, passée sous le contrôle des rebelles le 12 novembre. L’armée américaine qui tenait plusieurs ponts de la cité, et avait préféré dans un premier temps se retirer, a tenté lundi, avec la Garde nationale irakienne, une reprise en main. De nouveaux combats ont éclaté et les patrouilles ont repris dans la ville pour essayer de débusquer les rebelles cachés dans les maisons.

Les attaques menées à Mossoul par la guérilla font partie des nombreuses violences qui ont eu lieu dans plusieurs villes du pays depuis le déclenchement de l’offensive contre Fallouja. Le gouvernement irakien et les Américains estiment d’ailleurs qu’elles pourraient être le fait des insurgés qui se trouvaient le bastion sunnite et l’ont quitté avant l’intervention américaine pour se diriger vers d’autres points de chute, dont Mossoul. C’est pour cette raison que le Premier ministre Iyad Allaoui a affirmé qu’une autre intervention militaire pourrait avoir lieu dans cette ville «dans les prochains jours».



par Valérie  Gas

Article publié le 15/11/2004 Dernière mise à jour le 15/11/2004 à 14:55 TU