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Colombie

Le triste anniversaire de Bétancourt

La Franco-Colombienne Ingrid Bétancourt est détenue  par les FARC depuis près de trois ans. 

		(Photo : DR)
La Franco-Colombienne Ingrid Bétancourt est détenue par les FARC depuis près de trois ans.
(Photo : DR)
Ingrid Bétancourt, qui a eu 43 ans ce samedi, a passé un troisième Noël consécutif loin de ses proches. Enlevée le 23 février 2002, l’ex-sénatrice et ancienne candidate écologiste à la présidence de la République est captive depuis 1036 jours. Son nom fait partie d’une liste de 63 prisonniers aux mains des Forces armées révolutionnaires de Colombie dont Bogota exige la libération. En échange, les autorités colombiennes s’engagent à ne pas extrader vers les Etats-Unis un de leurs chefs. L’issue de ce marché est très incertaine et l’inquiétude très grande parmi les proches d’Ingrid Bétancourt, sans nouvelles d’elle depuis de longs mois.

«La joie qui nous réunit aujourd'hui ne doit pas nous faire oublier toutes les personnes qui demeurent détenues en otage, en Irak et ailleurs. (…)  Je pense particulièrement à Ingrid Betancourt, prisonnière en Colombie depuis plus de deux ans». Ces paroles du président français Jacques Chirac prononcées au lendemain de la libération des journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot ont été chaleureusement saluées par les proches de la parlementaire franco-colombienne Ingrid Bétancourt qui y ont trouvé une source de réconfort en cette période de fêtes si difficile à supporter pour eux. «J'étais très triste, sans Ingrid et sans beaucoup d'espoir, avant d'entendre que le président Chirac n'avait pas oublié ma fille lorsqu’il a accueilli les deux Français séquestrés en Irak», a expliqué mercredi Yolanda Pulecio, la mère d'Ingrid Betancourt. Le mari d'Ingrid, Juan Carlos Lecompte, a également remercié «de toute son âme le gouvernement et le peuple français pour sa solidarité».

«Pour nous c'est très important qu'une personne comme le président Chirac nous aide alors qu'ici Uribe n'a même pas voulu me recevoir», a déclaré Mme Pulecio en critiquant durement l’attitude du président colombien Alvaro Uribe. Elle dénonce en fait l'ultimatum qu’il a  lancé récemment aux Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), qui ont enlevé Ingrid Bétancourt et sa directrice de campagne, Clara Rojas, le 23 février 2002. Il a annoncé à la mi-septembre 17 septembre qu'il autoriserait l'extradition aux Etats-Unis de Ricardo Palmera, alias Simon Trinidad, l'un des responsables des FARC si 63 otages aux mains des rebelles, ne sont pas libérés avant le 30 décembre 2004. Et Ingrid Bétancourt fait partie des prisonniers dont la libération est réclamée. «Uribe est en train de mettre une épée sur le cou d'Ingrid au lieu de s'asseoir pour négocier», estime Juan Carlos Lecompte.

Une situation bloquée

L’extradition de Ricardo Palmera est réclamée par les Etats-Unis pour trafic de cocaïne. Cet ancien banquier activement recherché par les militaires colombiens avait été arrêté voilà pratiquement un an en Equateur, une opération dans laquelle les Etats-Unis avaient joué un rôle important, le ministre colombien de la Défense, Jorge Alberto Uribe, les ayant à l’époque remerciés pour leur « appui vital ».

A moins d’une semaine d’une semaine de l’expiration de l’ultimatum lancé par Uribe aux FARC, la situation semble complètement bloquée. Les rebelles ont dénoncé le chantage des autorités colombiennes et Ricardo Palmera, dans une interview accordée à la publication «El Espectador», a lui-même estimé peu probable le fait que les chefs des FARC acceptent un tel marché et a jugé son extradition «certaine».

Une telle décision pourrait être lourde de conséquences sur les relations entre le gouvernement et les FARC dans l’avenir. «Le secrétariat (des FARC) l’a dit dans un communiqué daté du 28 novembre : cette pratique indigne de l’extradition de Colombiens interférera sérieusement dans les possibilités d’échange», a prévenu Simon Trinidad. «Avec mon extradition se ferment toutes les voies». Face à cette menace, l’Eglise colombienne a demandé jeudi aux autorités de laisser plus de temps aux FARC pour décider du sort des prisonniers. Et elle a également proposé son aide pour toute tentative de médiation entre les deux parties.



par Olivier  Bras

Article publié le 25/12/2004 Dernière mise à jour le 25/12/2004 à 17:38 TU