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Tsunami et séisme en Asie

Le bilan s’alourdit

C'est au Sri Lanka que les raz-de-marée ont fait le plus de victimes. 

		( Photos : AFP )
C'est au Sri Lanka que les raz-de-marée ont fait le plus de victimes.
( Photos : AFP )
Un peu plus de 24 heures après cette catastrophe naturelle sans précédent, le bilan du séisme et des vagues géantes qu’il a provoqué ne cesse de s’alourdir. L’Inde, le Sri Lanka et l’Indonésie sont les pays les plus touchés.

Tous les pays qui entourent le golfe du Bengale ont été touchés par le tremblement de terre sous-marin qui s’est produit dimanche matin au large de l’île indonésienne de Sumatra. Ce séisme, dont la force a atteint 9 degrés sur l’échelle ouverte de Richter, une puissance rarement égalée, a provoqué quelques heures plus tard une série de raz-de-marée qui ont déferlé de manière concentrique sur toutes les côtes alentours. Les pays les plus touchés par cette catastrophe naturelle sans précédent sont le Sri Lanka, l’Inde du Sud, l’Indonésie, mais aussi la Thaïlande, la Malaisie. Viennent ensuite les Maldives, le Bangladesh, la Birmanie et l’Afrique puisque les vagues géantes portées par l’océan sont allées mourir jusque sur les côtes orientales de l’Afrique.

Lundi, tous les pays concernés par la catastrophe comptent leurs morts. Et s’ils continuent à rechercher des survivants, les sauveteurs ont également entrepris de récupérer les cadavres pour éviter les épidémies.

C’est au Sri Lanka que les raz-de-marée ont fait le plus de victimes. Près de 11 000 personnes ont été tuées par les vagues qui ont submergé les côtes. On ne connaît pas encore le nombre exact de disparus parmi lesquels il y aurait 70 touristes étrangers. Ces chiffres excluent les régions du nord, contrôlées par la rébellion tamoule. Les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE), la guerilla, ont d’ailleurs publié leur propre bilan de 820 morts, sans compter les disparus, dans les régions qui sont sous leur contrôle. L’état d’urgence a été décrété. Un responsable gouvernemental indique que la catastrophe a probablement fait 250 000 sans-abri. Lundi, une opération massive de l’armée et de la police était en cours. « Notre première tâche est de dégager les routes pour que les aides puissent passer », a déclaré Lalith Weeratunga, collaborateur du Premier ministre chargé de coordonner les secours. Des centaines de villages et de villes côtiers ont été frappés par les vagues. La plupart des stations balnéaires sont inondées. L’économie du pays souffrira inévitablement du désastre, a estimé l’ancien Premier ministre Ranil Wickremesinghe.

30 000 disparus à Adaman et Nicobar

En Inde, l’onde provoquée par le tremblement de terre a tué près de 7 000 personnes sur le littoral du Tamil Nadu, Etat du sud-est du pays. La moitié de ces victimes ont été tuées dans deux archipels indiens, Andaman et Nicobar, situés dans le golfe du Bengale, non loin de l’épicentre du séisme. « Je dirais que 3 000 personnes sont mortes », a déclaré un représentant de la police sur une chaîne de télévision. Un peu plus tard dans la soirée, on apprenait de source officielle que 30 000 personnes étaient portées disparues dans ces deux archipels. De nouvelles secousses ont été ressenties lundi matin sur ces îles. Les services indiens de météorologie ont mis en garde sur des répliques qui pourraient entraîner de « grosses vagues » dans les prochaines 36 heures. La météo recommande à la population « de ne pas s’aventurer près du littoral ». « Il y a cinq ou six îles avec lesquelles nous n’avons établi aucun contact », a encore déclaré ce représentant de la police.

Des scènes de panique se sont produites lundi matin dans des villages de pêcheurs sur la côte du Tamil Nadu. Alors qu’une nouvelle vague déferlante est attendue, les habitants cherchent à se rendre sur les plages pour retrouver des personnes disparues. La catastrophe s’est produite un dimanche matin. Il y avait beaucoup de monde sur les plages, soit pour jouer au cricket, soit pour s’adonner à d’autres activités balnéaires.

« La première vague nous a trompés »

En Thaïlande, 839 personnes sont mortes et 5 000 ont été blessées par les raz-de-marée qui ont dévasté le sud du pays et ses îles paradisiaques. Selon un haut responsable du ministère de l’Intérieur, un tiers des victimes sont des touristes étrangers. La catastrophe est en effet survenue en pleine saison touristique, à une période où les hôtels et les bungalows font le plein. Parmi les zones les plus touchées par des murs d’eau aussi hauts que certains hôtels, figurent les stations balnéaires les plus réputées de la Mer d’Andaman comme Phuket, Krabi ou Phi Phi. 130 personnes ont trouvé la mort sur l’île de Phuket et 68 le long de la côte de la province de Krabi. 528 personnes sont mortes dans la province de Phang Nga, la plus sinistrée. Près de 30 000 rescapés ont été évacués des zones les plus touchées.

Les liaisons étant privilégiées avec la Thaïlande en raison de l’importance du tourisme, pour le moment, les témoignages viennent surtout de ce pays. « La première vague nous a trompés parce qu’elle n’était pas tellement haute. Les gens sont restés sur place et puis quand la deuxième vague a frappé, elle a tout englouti », a témoigné un touriste australien. Les rues de Patong, la capitale de Phuket, sont couvertes de débris arrachés aux bâtiments et encombrées de voitures renversées, de câbles électriques enchevêtrés. Une suédoise de 44 ans est en pleurs : « mon mari et ma fille de 14 ans ont disparu depuis qu’on a été balayés du second étage de notre hôtel à Phi Phi ».

En Indonésie, la catastrophe a fait au moins 4 448 morts dans le nord de l’île de Sumatra, selon un décompte du ministère de la Santé. Le plus grand nombre de victimes, au moins 3 000 morts, a été décompté dans la région de Banda Aceh, à la pointe nord de la province d’Aceh, dans l’île de Sumatra. C’est au large de cette île de Sumatra que s’est produit le séisme dimanche matin. L’armée a été mobilisée pour récupérer les morts, parfois ensevelis sous des maisons effondrées ou coincés dans des arbres. « Ca sent tellement mauvais, les corps humains se mélangent avec ceux des animaux morts, des chiens, des poissons, des chats et des chèvres », a déclaré le colonel Buyung Lelana, chef d’une équipe de secours déployée dans la province d’Aceh. Le vice-président indonésien, Yusuf Kalla, déclare qu’il s’agit de la plus importante catastrophe jamais arrivée dans le pays. Il évoque un bilan possible allant de 5 000 à 10 000 victimes, sans préciser s’il s’agit de morts ou de blessés.

Des pêcheurs portés disparus, même en Somalie
 
Les pêcheurs seront certainement parmi les plus touchés par cette catastrophe. Beaucoup ont péri dans le naufrage de leurs embarcations balayées par des murs d’eau. C’est le cas en Thaïlande, mais aussi à des milliers de kilomètres de là, en Somalie, pays africain le plus touché par l’arrivé des vagues déferlantes. Une centaine de pêcheurs sont portés disparus, notamment au large de l’Etat du Puntland.

Les autorités du Kenya, de Tanzanie, des Seychelles et de Maurice évaluaient lundi les dégâts. Dans ces pays, les raz-de-marée ont fait peu de victimes mais ces phénomènes naturels illustrent « la vulnérabilité des petits Etats insulaires », a déclaré le Premier ministre mauricien, Paul Bérenger.

Plusieurs organisations internationales ont envoyé des secours sur place. L’Union européenne a débloqué des fonds. La France a envoyé lundi une centaine de secouristes et cinq tonnes de matériel au Sri Lanka. L’Airbus emporte notamment plusieurs machines de traitement de l’eau. Le ministre français des Affaires étrangères Michel Barnier prendra un autre avion à destination de Colombo dans la soirée de lundi. Il se rendra ensuite en Thaïlande.

Pour le moment, la France déplore trois victimes. Le syndicat national des agents de voyage a décidé de suspendre provisoirement les départs à destination de cette région du monde. 



par Colette  Thomas

Article publié le 27/12/2004 Dernière mise à jour le 28/12/2004 à 08:45 TU

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