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Tsunami et séisme en Asie

Aceh ravagé

Des immeubles de la ville de Banda Aceh n'ont pas résisté aux tsunamis qui ont frappé la région. 

		(Photo : AFP)
Des immeubles de la ville de Banda Aceh n'ont pas résisté aux tsunamis qui ont frappé la région.
(Photo : AFP)
La région d’Aceh, dans le nord de la grande île indonésienne de Sumatra, a été frappée de plein fouet par les tsunamis qui ont déferlé sur les pays riverains de l’océan Indien. Le bilan des victimes indonésiennes pourrait atteindre 25 000 morts. Le conflit séparatiste local complique l’acheminement et la distribution des secours.

De notre envoyé spécial à Aceh (Indonésie).

Hasbi Bin Kisa guette la mer. « Les vagues me rapporteront peut être mes trois fils », expliquent l’homme d’une quarantaine d’années, les yeux embués de larmes. De sa famille, il ne lui reste qu’une épouse, « qui reste prostrée sur une chaise », et une petite fille de deux ans qui a échappé miraculeusement à la vague « haute comme un cocotier » qui a déferlé sur Ide Rayeuk, petit village côtier, situé à une dizaine de kilomètres au sud de Loksemawe, la capitale économique d’Aceh.

Les plages recouvertes de taules ondulées et d’arbres déracinés témoignent de la violence du Tsunami qui a tué la moitié des trois cent quatre vingt deux habitants de ce petit port de pêcheurs. « Une cinquantaine de personnes sont toujours portées disparues », ajoutent une infirmière détachée par l’hôpital de la ville voisine. La plupart des corps ont été retrouvés mais certains, aux membres arrachée ou au visage défiguré, ne peuvent être identifiés, nourrissant ainsi encore l’espoir parmi les villageois de retrouver vivant un parent ou un ami.

Prières collectives

Les survivants sont regroupés dans un centre d’évacuation doté d’installations très sommaires.  Des lits en bois recouverts de paillasses crasseuses, une cuisine commune où cafards et fourmis font bon ménage, et deux douches, une pour les femmes, une autre pour les hommes, qui servent aussi de cabinet de toilettes. Dans les villages situés à l’intérieur des terres, moins touchés par la catastrophe, chacun se mobilise pour apporter de l’aide et du réconfort. Des vêtements, des couvertures et de la nourriture sont distribués tandis que les mosquées organisent des prières collectives de soutien aux victimes.

Carte de l'Indonésie. 

		(Carte : MV/RFI)
Carte de l'Indonésie.
(Carte : MV/RFI)

« Nous n’avons vu aucun membre du gouvernement ou de l’administration », se plaint Rusna, une veuve de trente-deux ans dont la maison est entièrement détruite. Le niveau de l’eau est pourtant retombé et les routes de nouveau praticables. Mais les secours tardent à s’organiser face à l’ampleur de la catastrophe. Les villages de pêcheurs qui s’effilent le long des côtes sont tous ravagés et la situation dans certaines villes restent désastreuses dans de nombreuses villes, notamment à Banda Aceh. C’est en effet dans la capitale provinciale, que l’on avait cru au départ relativement épargné, que le bilan humain et matériel est le plus lourd.

Risque d’épidémies

« Des tsunamis de plusieurs mètres de haut ont déferlé sur le centre ville », ont raconté des témoins aux premiers journalistes arrivés sur place. Des bâtiments de plusieurs étages se sont en partie effondrés ensevelissant des commerce et leurs clients. Plusieurs centaines de cadavres, dont beaucoup d’enfants en bas âge, ont été installés devant les bureaux de la Croix rouge indonésienne faute de place dans les morgues. « On commence à sentir une odeur de cadavre », affirme un médecin locale qui s’inquiète des crises épidémiologiques que pourraient engendrer la décomposition des corps.

Le rétablissement des réseaux d’électricité et de téléphone prendra plusieurs jours tandis que certains quartiers périphériques sont encore sous les eaux. Le gouvernement a promis une aide massive et rapide, affirmant depuis dimanche que des tonnes de médicaments et de nourritures étaient prêtes à partir. Mais leur acheminent se heurte à des problèmes de logistique. La province paye le prix de son isolement. Le conflit qui oppose l’armée indonésienne à un mouvement indépendantiste local depuis vingt cinq ans avait en effet conduit Djakarta, soucieux de mener sa répression à l’abri des regards internationaux, à bannir progressivement toutes les organisations humanitaires de la zone.


par Jocelyn  Grange

Article publié le 28/12/2004 Dernière mise à jour le 28/12/2004 à 08:43 TU