Tsunami et séisme en Asie
Du tremblement de terre au raz-de-marée
( PHOTO : AFP)
Le séisme de dimanche d’une magnitude de 9,0 sur l’échelle de Richter, s’est produit au large des côtes nord de l’île indonésienne de Sumatra, une région propice aux tremblements de terre les plus violents. Rappelons-le, la croûte terrestre n’est pas homogène, elle est constituée de plaques qui dérivent à la surface et glissent les unes par rapport aux autres. Ce sont les frictions des différentes plaques de l’écorce terrestre qui provoquent les tremblements de terre.
Le séisme de dimanche matin s’est produit sur une frontière de plaques. L’Indonésie est en effet prise en étau. Sumatra se situe à la frontière entre deux plaques tectoniques, l’indo-australienne au sud et l’eurasienne au nord. Les séismes les plus importants se produisent toujours aux frontières de plaques. Dans cette région de Sumatra, la plaque indo-australienne s’est enfoncée sous l’eurasienne, provoquant un mouvement de collision. Lorsque la croûte terrestre n’est plus capable de résister à cette tension, elle rompt le long de failles. Lors du séisme de dimanche, cette faille mesurait de 250 à 300 kilomètres.
Une vague géante pouvant atteindre 800 km/h
Circonstance aggravante, la tension s’est produite en mer. Le tremblement de terre a décalé deux blocs de planchers sous-marins, provoquant un raz-de-marée ou «tsunami» de même ampleur. Quand l’écorce terrestre se déplace au fond de l’océan, elle cause une vague géante à la surface qui peut atteindre 800 km/h, une vitesse comparable à celle d’un avion à réaction qui traverse l’océan. Lorsque l’onde du tsunami se rapproche des côtes, sa vitesse diminue progressivement mais le fond de l’océan étant plus haut, cela provoque en contre-partie une augmentation importante de la hauteur de cette vague. Elle gagne en effet en énergie chaque fois qu’elle heurte le plancher océanique, les vagues peuvent alors atteindre plusieurs mètres de hauteur. Des masses d’eau géantes dévalent en profondeur le long des déformations du sol marin, à la différence des vagues ordinaires qui n’affectent que la surface de l’eau comme l’explique David Booth, sismologue à l'institut d'Edimbourg en Ecosse: «la vague peut ne s'élever qu'à quelques mètres à son point de départ, mais la hauteur augmente très vite et ces lames peuvent dépasser 50 mètres de haut quand elles arrivent sur le rivage».
Le Japon est régulièrement menacé par des tsunamis qui peuvent parfois provenir d’aussi loin que le Chili. Le tsunami survenu dimanche au large de l’Indonésie coûtant la vie à plusieurs milliers de personnes est l’un des plus importants enregistrés depuis un siècle, selon le géophysicien français Emile A.Okal : «Il s'agit du quatrième plus grave tsunami du siècle: on avait celui au Japon (San Riku) en 1933 avec 3 000 morts, celui du Kamtchatka en Russie en 1952 qui a fait 5 000 morts et le troisième s'est produit en Papouasie-Nouvelle Guinée en 1998 faisant 2 200 morts». Ce raz-de-marée qui s’est abattu sur l’Asie du Sud a été ressenti dans le monde entier. Les îles Maldives situées à plus de 2 000 km de l’épicentre ont été touchées, tout comme la Malaisie. Cette onde marine a eu également des répercussions jusqu’en Afrique de l’Est, le long de l’Océan Indien. Plus d’une centaine de pêcheurs sont portés disparus en Somalie et un homme s'est noyé près de Mombasa, au Kenya. Jusqu’à l’île de la Réunion, à 7 000 km de l’épicentre, des touristes ont vu d’importantes vagues arriver sur les plages et quelques bateaux de pêche ont été endommagés.
par Myriam Berber
Article publié le 27/12/2004 Dernière mise à jour le 30/12/2004 à 08:59 TU
