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Immigration

Création d’une Cité nationale de l’histoire de l’immigration

La Cité de l'immigration en lieu et place du Musée des arts d'Afrique et d'Océanie, porte Dorée à Paris.© Réunion des musées nationaux
La Cité de l'immigration en lieu et place du Musée des arts d'Afrique et d'Océanie, porte Dorée à Paris.
© Réunion des musées nationaux
Le Journal officiel a publié le 1er janvier 2005 le décret de création du groupement d’intérêt public à caractère culturel (GIP) ayant pour mission une reconnaissance des parcours d’intégration des populations immigrées dans la société française. Ce GIP est chargé de préfigurer et de réaliser la Cité avant la création de l’établissement public définitif au 1er janvier 2007 et l’ouverture de la Cité au printemps 2007.

La Cité de l’immigration, qui a statut de musée national, a mis des années à voir le jour. Voilà qui est fait: depuis le 1er janvier 2005, elle a son siège au Palais de la Porte Dorée, dans l’ancien musée des Colonies, devenu par la suite le musée des Arts d’Afrique et d’Océanie. Les futurs occupants de ce nouveau musée entendent «retourner le symbole en montrant l’apport des immigrés à l’identité et la culture française», soulignant que même si «la France n’est pas à l’aise avec ses immigrés, un Français sur trois compte dans son arbre généalogique un ancêtre d’origine étrangère». Le projet était évoqué en effet depuis plus de dix ans, envisagé par Lionel Jospin, promis par le candidat Jacques Chirac en 2002, et concrétisé en juillet dernier par le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin qui annonçait sa création sur le site de la Porte Dorée, à Paris, un choix longuement discuté.

Premier musée national créé sans collection pré-existante, disposant d’une surface de 1 500 mètres carrés, la Cité a deux ans devant elle pour s’enrichir de documents d’archives écrites, audio et vidéo, d’objets emblématiques de la vie quotidienne, d’œuvres d’art également, et pour installer une collection permanente. Ce GIP vient poursuivre l’action menée par l’Agence pour le développement des relations interculturelles (Adri) -centre ressources sur l’intégration des immigrés, créé en 1998, qui est à l’origine du projet et dont il reprend pour l’essentiel l’ensemble des biens, droits et obligations.

Le musée aura entre autre vocation à animer un réseau national pour les associations et collectivités locales, mais aussi pour les grandes institutions de la culture et de la communication comme les universités, l’éducation nationale et le secteur social. L’histoire de l’immigration y sera traitée depuis la période de la Révolution française, des expositions temporaires y seront proposées en lien avec l’actualité, ainsi que des spectacles, un festival du cinéma et de l’immigration, et un centre de ressources multimédia. Sous forme de parcours chronologique, seront rappelées les différentes vagues d’immigrants arrivant en France (Allemands, Portugais ou Algériens), de même que seront organisés des espaces thématiques tels que «les HLM ou les foyers de travailleurs», ou «les femmes dans l’immigration», «l’islam en France».

Histoire, mémoire et action culturelle

Le décret précise la triple tutelle ministérielle de ce musée, qui bénéficiera d’un budget de fonctionnement de 7 millions d’euros: l’Etat sera représenté par les ministères de la Culture, des Villes et de l’Intégration, de l’Education et de la Recherche, le fonds d’action et de soutien pour l’intégration et la lutte contre les discriminations (Fasild), et la Ville de Paris. Fort du soutien de ces différentes instances, cet ensemble culturel original aura à la fois un caractère muséologique, artistique, et scientifique, et devrait conduire des actions allant dans le sens d’un développement des actions de coopération au niveau européen et international.

Pour l’heure, la Cité nationale de l’histoire de l’immigration a choisi d’anticiper son ouverture au public en proposant à partir de février, sur son site web, une version multimédia de son exposition permanente, avec pour mots clefs: histoire, immigration, mémoire, action culturelle. Un film d’une demi-heure raconte déjà l’histoire de l’immigration en France de 1820 à nos jours, de l’arrivée des premiers Allemands aux foyers de Maliens actuels, avec plus de 130 illustrations et des extraits de documents vidéo prêtés par l’Institut national de l’audiovisuel. Plusieurs thématiques sont également consultables sur les «Juifs d’Europe centrale», ou sur les «indigénophiles», ces Français qui, dans les années 20, sont passés du racisme dû à l’ignorance, à un paternalisme excessif. D’autres dossiers portent sur l’islam de France et les foyers d’immigrés.

Le site devrait dès février 2005 s’enrichir de portraits d’immigrés permettant une approche plus intimiste, avec des photos de famille, des souvenirs et des anecdotes. Enfin, avant d’entrer dans ses murs, la Cité organisera aussi des événements en province: à titre indicatif, les 24 et 25 novembre, aura lieu un colloque sur les Villes portuaires d’immigration au Havre (Normandie).


par Dominique  Raizon

Article publié le 08/01/2005 Dernière mise à jour le 06/01/2005 à 16:31 TU