Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Réchauffement de la planète

Peur sur les îles

Si les pays industrialisés ne réduisent pas leurs émissions de gaz à effet de serre, les atolls disparaîtront.(Photo: UNESCO.ORG)
Si les pays industrialisés ne réduisent pas leurs émissions de gaz à effet de serre, les atolls disparaîtront.
(Photo: UNESCO.ORG)
Après une semaine de discussions à Maurice, les petites îles lancent un appel aux pays émetteurs de gaz à effet de serre. Moins d’un mois après le tsunami en Asie, le combat de ces petits territoires pour leur survie commence à intéresser la communauté internationale.

Les petites îles réunies cette semaine à Maurice sont menacées par la montée des eaux que provoquera le réchauffement de la planète dans les décennies à venir. Le président de Kiribati, un atoll du Pacifique de 90 000 habitants, n’a pas mâché ses mots en dénonçant le comportement des pays riches. Ils sont responsables de ce réchauffement et continuent de polluer l’atmosphère malgré les risques, en tout premier lieu pour les îles, généralement situées à deux ou trois mètres seulement au-dessus du niveau de la mer. « Ces actes délibérés de la part de certains, destinés à sécuriser leurs bénéfices au détriment des autres, peuvent être comparés à des actes de terrorisme, d’éco-terrorisme. Et le président Anote Tong a ajouté : «la communauté internationale doit prendre des mesures immédiates et totales pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ».

Kofi Annan, en tournée dans les pays de l’océan Indien sinistré, a fait une étape à Maurice pour cette réunion. « Nous devons être prêts à prendre des mesures immédiates et totales pour réduire les émissions de gaz à effet de serre » a déclaré le secrétaire général des Nations unies. «Qui  oserait affirmer que ce que nous faisons suffit » ? a encore indiqué Kofi Annan, appelant la communauté internationale à prendre des mesures décisives face aux changements climatiques.

Le compte à rebours du Protocole de Kyoto

Ces mesures vont prochainement être mises en œuvre puisqu’en février, les pays signataires du Protocole de Kyoto entament un compte à rebours. D’ici 2012, ils doivent réduire la quantité de gaz à effet de serre qu’ils émettent pour les redescendre à leur niveau de 1990. Trente-huit pays riches sont impliqués dans cet effort rejeté par les Etats-Unis, numéro un mondial en matière de rejets dans l’atmosphère.

La non-implication des Américains dans ce processus peut faire douter de l’efficacité du Protocole de Kyoto. En plus, pour les experts, la réduction des émissions prévue par ce traité international est insuffisante. Elle ne permettra pas d’inverser cette tendance lourde du réchauffement. Les petits Etats insulaires ont donc raison de s’inquiéter puisque bon nombre d’îles, situées au raz de l’eau, seront les plus menacées lorsque le niveau des mers et des océan montera, comme d’ailleurs les grands deltas.

Prévenir aussi les ondes de tempête et les cyclones

En plus du réchauffement de la planète, les petites îles sont très vulnérables aux catastrophes naturelles même si elles n’ont encore jamais subi un cataclysme comme celui de l’Asie du Sud. A Maurice, Kofi Annan a indiqué que le système d’alerte mondial qui sera mis en place d’ici juin 2007 permettra de prévenir les tsunamis mais aussi d’autres phénomènes naturels dangereux comme les ondes de tempête et les cyclones.

La réunion des PEID, les petits Etats insulaires en développement, a eu un certain retentissement, étant donné la proximité géographique des tsunamis. Les pays industrialisés « devraient comprendre » qu’ils ont un intérêt politique à aider les petites îles, car les électeurs « se préoccupent du destin » de l’humanité, comme l’a prouvé l’élan de générosité après les récents raz-de-marée, a estimé le secrétaire général du Commonwealth, Don McKinnon, lors de la réunion. « Les hommes politiques des pays industrialisés devraient saisir cette occasion pour honorer leurs engagements envers les petits Etats insulaires en développement », a-t-il ajouté.

Durant la dernière décennie, l’aide au développement destinée à ces territoires s’est réduite. Elle est passée de 2,3 milliards de dollars à 1,7 milliard de dollars, selon des chiffres fournis par l’ONU.

De l’huile de coco comme carburant

Malgré le nouveau contexte international provoqué par les tsunamis, un nouvel appel aux pays riches pour qu’ils utilisent moins d’énergie fossile et polluent moins l’atmosphère risque de tomber rapidement dans l’oubli. Ces îles cherchent donc à se développer avec les moyens dont elles disposent dans leur environnement immédiat. Plusieurs îles du Pacifique ont raconté, pendant cette conférence, comment elles font pour se passer en partie du pétrole, une énergie chère qu’il faut importer et dont les rejets sont polluants.  Une énergie nouvelle a été développée à partir de la noix de coco, un fruit très répandu dans la plupart de ces territoires. Ce carburant a été inventé au moment de la Seconde Guerre mondiale. « Il y avait un manque d’essence aux Philippines, et des habitants ingénieux ont découvert que l’on pouvait utiliser de l’huile de noix de coco, mélangée au diesel, pour les voitures », a expliqué Espen Ronneberg, des îles Marshall. Il est aussi conseiller régional pour les petites îles en développement. Aujourd’hui Vanuatu, Samoa et les îles Cook, au large de l’Australie, ainsi que les îles Marshall, au large de l’Indonésie, utilisent de l’huile de coco comme carburant, mais à petite échelle. « Si nous avions les capitaux nécessaires pour produire de l’huile de noix de coco pour les voitures et si le lobby pétrolier ne nous met pas des bâtons dans les roues, les îles pourront réduire sensiblement leur dépendance énergétique », a déclaré Russel Nari, représentant du ministère de l’environnement du Vanuatu.


par Colette  Thomas

Article publié le 14/01/2005 Dernière mise à jour le 14/01/2005 à 16:50 TU

Audio

Jean-Marc Jancovici

Auteur de "L'avenir climatique"

«Le changement climatique est quelque chose de fondamentalement irréversible.»

Articles