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Médias

2004, année meurtrière pour les journalistes

Cent vingt-neuf journalistes et personnel de presse sont morts dans l'exercice de leurs fonctions en 2004, indique un rapport de la <A href="http://www.ifj.org" target=_BLANK>Fédération internationale des journalistes </A>(FIJ).(Illustration : Fédération internationale des journalistes)
Cent vingt-neuf journalistes et personnel de presse sont morts dans l'exercice de leurs fonctions en 2004, indique un rapport de la Fédération internationale des journalistes (FIJ).
(Illustration : Fédération internationale des journalistes)
Alors qu’on est toujours sans nouvelle de la journaliste française Florence Aubenas disparue en Irak, la Fédération internationale des journalistes publie son bilan pour l’année 2004. La FIJ évalue à 129 le nombre de tués et demande aux gouvernements d’éclaircir ces décès.

Cent-vingt-neuf journalistes ou les personnes qui les accompagnaient ont donc trouvé la mort, l’année dernière, dans l’exercice de leurs fonctions. Parfois, ces journalistes ou leurs accompagnateurs ont été assassinés. D’autres fois, ces hommes ou ces femmes de terrain ont été tués accidentellement dans des échanges de tirs. Certaines morts restent par ailleurs inexpliquées. En tout cas c’est la première fois que la Fédération internationale des journalistes enregistre en un an un nombre aussi élevé de décès. Le rapport pointe particulièrement la situation aux Philippines où « une douzaine de reporters, parmi lesquels des journalistes pugnaces et des commentateurs indépendants ont été abattus par balle, la plupart du temps par des agresseurs lâches et non identifiés ». L’association critique la solution trouvée par Manille qui propose d’armer les journalistes. Ils auraient la possibilité de riposter lorsqu’ils sont attaqués. La FIJ est contre cette idée, même pour les reporters des radios locales qui sont particulièrement exposés.

Une intimidation généralisée

La FIJ a également recensé la mort de 49 journalistes et accompagnateurs en Irak. Au Népal, 4 reporters ont été tués par des « rebelles armés » parce qu’ils refusaient de suivre les consignes imposées par ces opposants. Et en Amérique latine, des narco-trafiquants ont tué des journalistes considérés comme trop curieux.

« Derrière chaque mort tragique, on peut voir à l’œuvre, à une échelle jamais égalée, la violence et une intimidation généralisée à l’encontre des journalistes », a déclaré Aidan White, le secrétaire général de la FIJ. Le tout dernier rapport de l’organisation met en cause un total de 34 pays dans lesquels sont morts l’année dernière des représentants de la presse.

A l’occasion de la publication de son bilan annuel, la FIJ en profite pour demander aux gouvernements du monde entier, et notamment à celui de George W. Bush, d’enquêter de manière plus approfondie sur les assassinats de journalistes. L’association estime que « à une époque où le monde compte plus que jamais sur les médias pour dire ce qui se passe, il est inexcusable que les gouvernements ne traduisent pas les assassins devant la justice ou trouvent des excuses lorsque leurs propres agents sont impliqués ». La FIJ donne comme exemple la mort de deux journalistes à l’hôtel Palestine, à Bagdad, le 8 avril 2003. « C’était un incident dans lequel des soldats ont tiré sur des médias en plein jour et pourtant, l’armée (américaine) s’exonère elle-même et refuse d’endosser la moindre responsabilité. C’est un déni de justice d’une ampleur révoltante ».

De nouvelles règles internationales

Pour l’association qui représente des milliers de journalistes à travers le monde, la mort inexpliquée, en Irak, de plusieurs reporters et de leurs assistants montre qu’il faut instaurer de nouvelles règles internationales afin d’obtenir des enquêtes indépendantes lorsque des équipes trouvent la mort sur des terrains difficiles. Pour appuyer cette demande, une journée mondiale de protestation devrait avoir lieu le 8 avril, date du deuxième anniversaire de l’attaque contre l’hôtel Palestine.  

Les autorités ukrainiennes sont également montrées du doigt dans ce rapport pour ne pas avoir élucidé le meurtre de Gyorgy Gongadze, journaliste ukrainien assassiné alors qu’il faisait une enquête sur le pouvoir en place dans son pays.

Chris Cramer, président d’un institut international pour la défense des journalistes (International News Safety Institute), estime que l’année passée a été une véritable « saison de chasse aux journalistes ».

En France, des journalistes de l’hebdomadaire Le Point et du quotidien L’Equipe ont eu récemment des démêlés avec la justice qui veut connaître leurs sources d’information. Ces journalistes, qui ont enquêté sur le dopage au sein de l’équipe cycliste Cofidis, ont publié des informations extraites du dossier de l’instruction. Des perquisitions ont été effectuées dans les deux rédactions ce qui a provoqué la stupéfaction.

Prier pour Florence Aubenas

Jeudi, une cérémonie aura lieu à la Mosquée de Paris afin de prier pour Florence Aubenas, à l’occasion de la fête musulmane de l’Aïd el-Kebir. La journaliste du quotidien Libération  et son interprète irakien Hussein Anoun al-Saadi ont disparu le 5 janvier à Bagdad. Plusieurs personnalités ainsi que le père de Florence Aubenas assisteront à la cérémonie.


par Colette  Thomas

Article publié le 18/01/2005 Dernière mise à jour le 18/01/2005 à 16:01 TU