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Etats-Unis

Bush veut privatiser les retraites

La réforme des retraites est considéré comme un dossier intouchable. George Bush en fait le point capital de son discours sur l’état de l’Union.(Photo : AFP)
La réforme des retraites est considéré comme un dossier intouchable. George Bush en fait le point capital de son discours sur l’état de l’Union.
(Photo : AFP)
Le président américain s'attire les foudres des Démocrates et d'une partie des Républicains en promettant de sauver le système de retraite en instaurant des comptes d'épargne privés. Il renouvelle sa promesse de propager la liberté dans le monde, y compris parmi les alliés des États-Unis.

De notre correspondant à New York

S'il est un reproche qu'on ne peut pas faire à George Bush, c'est de ne pas prendre de risques. En faisant de la réforme des retraites la pièce centrale de son traditionnel discours sur l'état de l'Union, il s'attaque à un dossier considéré comme intouchable. Rien à gagner, tout à perdre. «Si vous y touchez, c'est la mort politique», reconnaissait le président lui-même. Face à un Congrès perplexe, il a toutefois appelé à «renforcer et à sauver» un système qui va selon lui droit dans le mur. «Un grand succès moral du XXe siècle va vers la faillite», a-t-il affirmé. «Pour les plus jeunes travailleurs, le système de retraites a de sérieux problèmes qui vont s'accroître avec le temps.» Selon lui, «d'ici 13 ans, en 2018, le régime des retraites va verser plus d'argent qu'il ne reçoit» et «d'ici 2042, le système entier sera épuisé et en faillite» – une évolution qui s'explique principalement par le départ à la retraite des générations du baby boom et l'allongement de la durée de vie.

«Si des mesures ne sont pas prises pour prévenir ce résultat, les seules solutions seront la hausse drastique les impôts, de nouveaux emprunts massifs, ou des baisses soudaines et sévères des allocations de retraite ou d'autres programmes gouvernementaux», a-t-il averti. La réforme ne touche pas les Américains qui perçoivent déjà une retraite, ni ceux âgés de 55 ans et plus. Mais «pour les plus jeunes travailleurs, le système de retraites a de sérieux problèmes qui vont s'accroître avec le temps», assure George Bush. Sa solution : une privatisation partielle, sous la forme de comptes épargne-retraite privés –personnels», préfère dire l'administration Bush, qui a testé le mot auprès d'audiences choisies– investis en bourse et alimentés par de l'argent qui jusque-là allait au système de retraite. «Votre capital va augmenter au cours du temps, à un taux meilleur que ce que peut offrir le système actuel. Et votre compte fournira plus l'argent pour la retraite que le chèque que vous recevriez du système de retraite», assure le président.

Mise en garde à l’Égypte et l’Arabie Saoudite

Les détracteurs du système, principalement des Démocrates mais aussi un certain nombre de Républicains estiment que ces placements seraient plus risqués, et réduiraient le montant des futures retraites. «Nous ne laisserons aucun président transformer le rêve américain en cauchemar pour les aînés et en mine d'or pour Wall Street», a prévenu le sénateur démocrate Edward Kennedy, posant en gardien d'une héritage du New Deal rooseveltien. Le leader de l'opposition démocrate, Harry Reid, représentant pourtant le Nevada, a accusé le système d'être «dangereux» car comparable à «une roulette». Le danger pour les retraites n'est pas imminent, la solution du président Bush ne «réparera» pas le système et son financement creusera le déficit, estiment les analystes opposés au projet. Même le sénateur républicain Lindsey Graham, qui a fait de la réforme des retraites un cheval de bataille, estime que les comptes épargne-retraite personnels ne «feront rien pour sauver le système» . Nombreux sont ceux qui estiment que l'assurance-santé (pour les personnes âgées et les personnes à faible revenu) est en plus grand danger que les retraites.

La seconde moitié du discours a été consacrée à la politique étrangère. George Bush a réaffirmé son désir de propager la liberté dans le monde. «A long terme, nous n'obtiendrons la paix que nous appelons de nos vœux qu'en éliminant les conditions qui nourrissent le radicalisme et les idéologies de meurtre. La seule force assez puissante pour arrêter la montée de la tyrannie et de la terreur, et pour remplacer la terreur par l'espoir, est la force de la liberté humaine», a-t-il affirmé. L'Irak, qui n'avait pas une seule fois été mentionné lors du discours d'inauguration du président était hier soir dans tous les esprits. «Les Irakiens apprécient leur liberté, comme ils l'ont montré au monde dimanche», a assuré George Bush. Les parlementaires républicains ont exhibé leurs indexs qu'ils avaient trempés dans de l'encre violette pour montrer leur solidarité avec les électeurs irakiens (l'encre était destinée à prévenir toute fraude).Dans le public, la First Lady Laura Bush était assise entre une femme politique irakienne et une afghane, toutes deux ayant participé aux élections dans leur pays. «La nouvelle situation politique en Irak ouvre une nouvelle phase de notre travail dans ce pays», a ajouté George Bush. Selon lui, les forces américaines vont maintenant s'attacher à recruter des forces de sécurité irakiennes efficaces.

Pour prouver que son désir de liberté n'épargnait pas ses alliés, il a demandé à l'Arabie Saoudite de «prouver son leadership» en «augmentant le rôle de son peuple dans la détermination de son avenir».» Et la «grande et fière nation égyptienne, qui a montré le chemin vers la paix au Proche-Orient, peut maintenant montrer le chemin vers la démocratie au Proche-Orient», a-t-il suggéré. Il a également montré du doigt l'Iran et la Syrie. «Nous souhaitons que le gouvernement syrien cesse tout soutien à la terreur et ouvre la porte à la liberté» a-t-il poursuivi. «Aujourd'hui, l'Iran reste le principal sponsor étatique de la terreur», a martelé George W. Bush. «Au peuple iranien, ce soir je dis : au moment où vous vous levez pour votre propre liberté, l'Amérique est à vos côtés». Il a toutefois promis de continuer à travailler avec les Européens sur ce dossier.

par Philippe  Bolopion

Article publié le 03/02/2005 Dernière mise à jour le 03/02/2005 à 11:04 TU

Audio

Anne Toulouse

Envoyée spéciale permanente de RFI aux Etats-Unis

«Dans son discours sur l'état de l'Union, le président Bush a passé beaucoup de temps sur le Proche-Orient.»

Alain Gresh

Rédacteur en chef au Monde Diplomatique

«Les Etats-Unis tablent sur un renversement interne du régime iranien.»

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