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Une réunion historique pour la France

La ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie (à droite) et son homologue américain Donald Rumsfeld ont confronté à Nice leurs visions du fonctionnement de l'Otan.  ( Photo: AFP )
La ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie (à droite) et son homologue américain Donald Rumsfeld ont confronté à Nice leurs visions du fonctionnement de l'Otan.
( Photo: AFP )
Les ministres de la Défense de l’Otan ont tenu à Nice une réunion informelle au cours de laquelle ils ont passé en revue les différents théâtres d’opérations sur lesquels les alliés sont engagés, se penchant ainsi sur l’Irak et l’Afghanistan. Depuis sa sortie de la structure militaire intégrée de l’Otan en 1966, la France n’avait jamais accueilli une telle réunion. Et le gouvernement français a profité de cette occasion pour rappeler qu’il assumait pleinement ses responsabilités et son rôle au sein de cette structure, Paris étant le second contributeur en troupes dans les opérations militaires en cours.

L’heure est à l’harmonie entre les Etats-Unis et l’Otan. Dans le sillage de la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice venue sceller cette semaine à Paris les retrouvailles diplomatiques franco-américaines, la réunion informelle des ministres de la Défense de l’Otan à Nice a permis aux Etats-Unis de renouer des liens distendus par l’intervention militaire en Irak. «L’Otan est plus unie qu’elle ne l’a jamais été pendant les deux années et demi passées», a expliqué Nicholas Burns, ambassadeur américain auprès de l’Alliance, peu avant que ne s’ouvre à Nice une réunion informelle des ministres de la Défense. Un optimisme dicté par le désir de Washington d’obtenir une implication plus grande des membres de l’Otan dans le dossier irakien.

L’ironie a voulu que ce dossier soit traité en France, l’un des pays de l’Alliance qui s’est le plus farouchement opposé à l’intervention militaire en Irak. En 1966, le général de Gaulle avait décidé de retirer la France du commandement militaire intégré de l’Otan pour dénoncer la mainmise des Américains. Et c’est sur le territoire français, qui accueillait la première réunion informelle de l’Otan depuis près de quarante ans, que le secrétaire d’Etat américain à la Défense, Donald Rumsfeld, est venu demander un rôle accru des alliés dans la formation des forces irakiennes. L’Otan a lancé l’année dernière une mission de formation et peut compter actuellement sur une centaine d’officiers instructeurs. Mais si certains pays comme l’Allemagne ou la France se disent prêts à y participer, ils refusent catégoriquement l’idée de voir se dérouler ces actions sur le territoire irakien. «Nous avons demandé au Qatar d’accueillir un centre de formation», a déclaré mercredi Michèle Alliot-Marie, ministre française de la Défense. Et Paris, qui a déjà proposé à plusieurs reprises aux autorités irakiennes de former environ 1 500 gendarmes, attend désormais leur réponse.

Sans détailler leur contenu, James Appathurai, porte-parole de l’Otan, a expliqué que plusieurs pays de l’Otan avait fait des «offres nouvelles» en matière de formation d’officiers irakiens lors de la réunion de Nice. La Grèce a ainsi annoncé qu’elle verserait 300 000 euros à un fonds pour la formation des forces de sécurité irakiennes. Mais au-delà de cette aide financière, les Etats-Unis espèrent que des alliés vont accepter d’envoyer des hommes sur le terrain, leur objectif étant de former un millier d’officiers irakiens par an. «Nous ressentons un grand sentiment d’urgence pour que les forces irakiennes soient entraînées et équipées et soient de plus en plus capables d’assumer la responsabilité de la sécurité de leur pays», a expliqué Donald Rumsfeld lors de son arrivée à Nice. Ne se contentant pas de lancer un simple appel, Condoleezza Rice a, elle, récemment fait allusion aux devoirs de collaboration découlant du «partenariat transatlantique».

La mise au point de la France

Michèle Alliot-Marie lui a répondu en expliquant que le principe général de fonctionnement de l’Otan était celui du «consensus» et que les pays membres avaient le choix de participer ou non aux opérations. La réunion de Nice a par ailleurs permis à la France de réaffirmer son rôle au sein de l’Alliance. «L’Otan est ici chez elle», a expliqué Michèle Alliot-Marie lors de l’ouverture de cette rencontre. Rappelant que Paris était le deuxième contributeur en troupes dans les opérations actuellement menées par l’Otan, la ministre a estimé que la France assumait pleinement ses responsabilités. Et ce sont d’ailleurs des généraux français qui commandent actuellement deux des principales opérations extérieures de l’Alliance.

En Afghanistan, où l’Otan dirige depuis août 2003 la Force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf), la France compte sur un fort contingent d’hommes. Cantonnée à Kaboul, cette force d’environ 8 500 soldats ambitionne de se déployer sur l’ensemble du territoire. Un objectif qui semble réalisable de la réunion informelle de Nice. «Je peux confirmer que nous avons rassemblé les ressources nécessaires pour permettre l’extension d’Isaf dans l’ouest de l’Afghanistan», a déclaré jeudi Jaap de Hoop Scheffer, secrétaire général de l’Alliance.

Approuvée de longue date, cette extension se heurtait jusqu’à présent au manque d’engagement des pays de l’Alliance. Elle devrait se faire grâce à la création d’équipes civico-militaires de reconstruction provinciales (PRT) renforcées par l’envoi de plusieurs centaines de soldats supplémentaires. Par contre, la fusion entre l’Isaf et l’opération militaire américaine en Afghanistan, qui porte le nom de «Liberté immuable», ne semble toujours pas être à l’ordre du jour. Souhaitée par Washington, elle suscite de fortes réticences du côté de Paris qui n’accepte d’envisager qu’une meilleure «synergie» dans l’avenir. «Qu’il y ait une meilleure coordination, c’est souhaitable. Mais une fusion non, parce que ce sont deux missions différentes», déclare Michèle Alliot-Marie dans une interview publiée par Le Monde. Et celle de l’Isaf n’est pas, selon la ministre, de «lutter contre le terrorisme» mais de «permettre la remise en route des institutions afghanes et de prendre en charge la formation de l’armée et de la police afghanes».


par Olivier  Bras

Article publié le 10/02/2005 Dernière mise à jour le 10/02/2005 à 17:52 TU

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Ruslan Phukov

Directeur du Centre d'Analyses Stratégiques à Moscou

«Ce qui nous préoccupe beaucoup se sont les actions unilatéral des Etats-Unis dans le monde entier.»

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