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Tsunamis

La Méditerranée découvre un nouveau risque

La Guadeloupe : route départementale 11. Mouvement de terrain survenu à la suite du séisme du 21 novembre 2004.(Photo : banque BRGM)
La Guadeloupe : route départementale 11. Mouvement de terrain survenu à la suite du séisme du 21 novembre 2004.
(Photo : banque BRGM)
Depuis le tremblement de terre dans l’océan Indien et les tsunamis qui ont suivi, le bassin méditerranéen s’inquiète d’une catastrophe naturelle du même type. La France notamment découvre un nouveau risque.

Avec des départements situés aux Antilles (Guadeloupe et Martinique), un territoire dans l’océan Indien (Mayotte) et un pays d’Outre-Mer dans le Pacifique (Polynésie), la France est familière de catastrophes naturelles de plus ou moins grande ampleur et sous des latitudes qui n’ont rien à voir avec celles de la métropole. Que ce soit aux Antilles, zone exposée aux volcans et aux tremblements de terre, ou en Polynésie au cœur du Pacifique, ces territoires du bout du monde ont donné à la France une expertise en matière de risque non-européen. De tous ces postes d’observation, sont nés des réseaux de surveillance, dont les ramifications se terminent en métropole. Habitués à surveiller la vigueur des volcans, le déplacement des plaques tectoniques, la force des cyclones, tous ces scientifiques se déclarent maintenant prêts à travailler sur ce nouveau risque : le tsunami.

Les territoires français lointains tous concernés

L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques a rassemblé, au cours d’un colloque, tous les organismes scientifiques français impliqués dans l’étude de la terre et des mers. Certains d’entre eux ont donné des exemples historiques de vagues inhabituelles sur les territoires français d’outre-mer. La Guadeloupe a gardé des traces écrites de tremblements de terre, en 1755 et en 1867. Ce dernier est décrit à Sainte-Rose et à Deshaie. Il était accompagné de vagues exceptionnelles d’une hauteur d’une dizaine de mètres. Dans cette île, si arrivait aujourd’hui une vague de cinq mètres, les spécialistes estiment que cela poserait des problèmes pour protéger une partie de Pointe-à-Pitre.

En 1755, le séisme de Lisbonne a généré un raz-de-marée qui a concerné tout l’arc des Antilles. Une hauteur d’eau inhabituelle de deux à quatre mètres a été notée, même dans une autre direction, en Manche. A Mayotte, rien n’a été écrit sur ce genre d’événement mais par transmission orale, on sait que des raz-de-marée ont touché, par le passé, cette île française de l’océan Indien.

En 1960, le tremblement de terre du Chili a provoqué des tsunamis qui ont atteint les îles Marquises. Elles sont la zone la plus exposée au risque de tsunami en Polynésie. Il n’y a pas de récif corallien pour protéger les côtes. Le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), installé de longue date à Tahiti en raison des essais nucléaires, en a profité pour installer un réseau de mesures et un système d’alerte. L’Amérique du sud et l’Amérique centrale sont les zone sismiques les plus dangereuses pour la Polynésie. Le centre de recherche a observé le tsunami de 1946 à Hawaï et plus récemment, le tsunami du 23 juin 2001 sur le Pérou. Ces spécialistes ont déjà beaucoup appris sur les tsunamis. Ils savent que les vagues exceptionnelles ne sont pas toujours visibles en haute mer, qu’elles se propagent à plusieurs centaines de kilomètres à l’heure, qu’il y en a souvent cinq ou six, et qu’en général, la première n’est pas la plus meurtrière.

Tout est à faire en Méditerranée

Séismes destructeurs récents en Méditerrannée.
(Carte : www.brgm.fr)

La France métropolitaine est exposée à un risque sismique modéré. Cependant en Méditerranée occidentale, on peut craindre l’arrivée de vagues d’une ampleur exceptionnelle. Elles seraient la conséquence de tremblements de terre en Afrique du Nord, zone où la sismicité est importante. Ainsi en mai 2003, le tremblement de terre de Boumerdès, sur la côte algérienne, a provoqué des vagues de deux mètres de hauteur en Méditerranée. Des centaines de bateaux ont été endommagés aux îles Baléares par le déferlement de vagues concentriques sur l’archipel.

En Méditerranée, il existe un centre d’observation des tremblements de terre mais rien n’a été prévu pour observer la manière dont la mer se déforme avec l’arrivée de tsunamis. En France, dans la région de Toulon, un observatoire a été créé pour observer les neutrinos, les particules élémentaires. Depuis le tsunami du 26 décembre dernier, les scientifiques ont profité de cette base pour installer un capteur au large de la Seyne-sur-mer. C’est le pionnier de ce type d’observation en mer. Pour les spécialistes, l’emplacement n’est pas le meilleur. Il vaudrait mieux observer le comportement des masses d’eau au large de Nice, ville de la cote d’Azur la plus exposée au risque de tremblement de terre. Le représentant de l’Italie, à ce séminaire sur le risque de tsunami en Méditerranée, a indiqué que son pays était prêt à toute coopération européenne, méditerranéenne, pour étudier le risque de raz-de-marée en Méditerranée occidentale et plus particulièrement en mer de Ligure. Dans cette région du monde, rien d’équivalent au système de surveillance japonais, n’existe.

Sur tout le littoral français, il existe un réseau de marégraphes. En général, ils sont installés dans les ports. Ils servent à étudier l’amplitude des marées, leurs niveaux extrêmes, et à réaliser des modèles prédictifs. Ce réseau va être mis à contribution pour étudier les variations du niveau des mers, liées aux tsunamis. Ceux du 26 décembre dans l’océan Indien ont entraîné une élévation du niveau de la mer de 20 centimètres à Concarneau, en Bretagne, et de 10 centimètres, au Havre en Normandie.


par Colette  Thomas

Article publié le 18/02/2005 Dernière mise à jour le 18/02/2005 à 13:54 TU