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Guinée

Un journaliste et un avocat derrière les barreaux

Les représentants des avocats et des journalistes demandent au Premier ministre guinéen Cellou Dalein Diallo d'intercéder pour la libération de leurs confrères.(Photo : AFP)
Les représentants des avocats et des journalistes demandent au Premier ministre guinéen Cellou Dalein Diallo d'intercéder pour la libération de leurs confrères.
(Photo : AFP)
Avocats du barreau de Guinée, associations de journalistes et éditeurs de presse se mobilisent pour réclamer la libération de leurs confrères arrêtés et maintenus en détention à Conakry. Le ministère de la Sécurité a prétexté d’une enquête en cours pour procéder à leur arrestation.

Deux arrestations dans les milieux de la presse et des avocats de Guinée font grand bruit dans les corporations concernées. Elles multiplient les initiatives pour obtenir la libération de leur confrère à travers des actions destinées à sensibiliser l’opinion publique. Le Conseil de l’ordre des avocats de Guinée après un sit in devant les locaux de la direction de la police judiciaire à Conakry  pour exiger la libération l’avocat Paul Yomba Kourouma arrêté dans la nuit du 16 au 17 février à domicile, a aussi suspendu sa participation à toutes les audiences judiciaires. « Nous ne pouvons pas accepter que le ministre de la Sécurité Moussa Sampil, se substitue à la justice pour arrêter n’importe qui et n’importe comment », affirment les confrères de Paul Yomba Kourouma qui  ont également manifesté leur détermination en annonçant la volonté de se constituer prisonniers s’ils n’obtenaient satisfaction. 

Selon la presse locale et les avocats, les autorités policières de Conakry reprocheraient à leur confrère de protéger et d’avoir laisser s’échapper un homme placé sous contrôle judiciaire. Il s’agit d’Antoine Soromou, ancien militant du RPG (Rassemblement du peuple de Guinée), arrêté en 1998 en compagnie d’Alpha Condé. Il avait été défendu par Paul Yomba Kourouma. Aujourd’hui Antoine Soromou est leader d’un parti : l’Alliance nationale pour le développement (AND). Interpellé par la police le 9 janvier, il a été libéré et placé sous contrôle judiciaire. On lui reprochait d’avoir recruté des hommes et obtenu des armes « pour déstabiliser le pouvoir ». Logé chez son défenseur, Antoine Soromou n’a plus donné de ses nouvelles depuis le 19 février 2005, le jour de l’attentat contre le chef de l’Etat. Paul Yomba Kourouma a conclu au kidnappage de son client par les forces de l’ordre. A l’inverse, pour la police, Antoine Soromou serait lié à l’attentat contre le chef de l’Etat et se serait évaporé dans la nature sous la protection de son avocat.

Le Premier ministre va intercéder

Dans la nuit du 16 au 17 février, la police a également procédé à l’arrestation de Mohamed Lamine Diallo, alias « Ben Pépito » rédacteur en chef de l’hebdomadaire La Lance. L’avocat, Paul Yomba Kourouma et le journaliste entretiendraient de bonnes relations ce qui aurait poussé la police, dans sa quête d’information, à interpeller aussi Ben Pépito. Les journalistes de la presse privée et publique membres de l’Association guinéenne des éditeurs de la presse indépendante (AGEPI), de l’Observatoire guinéen de la déontologie et de l’éthique des médias (OGUIDEM) et de l’Association des journalistes de Guinée (AJG) ont été dire leur indignation face aux méthodes policières au Premier ministre Cellou Dalein Diallo. L’ordre des avocats en a fait de même demandant au Premier ministre de rappeler Moussa Sampil, son ministre de la Sécurité à la raison. Le collectif des avocats menace également de porter plainte contre le ministre de la Sécurité, parce que l’heure de l’arrestation de leur confrère était illégale - 3 heures du matin - et les procédures n’auraient pas été respectées par les policiers.

Selon certaines sources, l’avocat et le journaliste sont interdits de visite, mais l’Organisation guinéenne des droits de l’Homme (OGDH), sous escorte policière, a pu les rencontrer, chacun sur son lieu de détention. Le Premier ministre Cellou Dalein Diallo a promis aux différentes corporations d’intervenir auprès du ministre de la Sécurité par le truchement des ministres de la Communication et de la Justice. Toutefois, mieux que cela, journalistes et avocats demandent un respect des procédures et un rappel à l’ordre du ministre de la Sécurité « adepte de l’arbitraire » dont ils réclament la démission. Ils exigent également une libération immédiate et sans conditions de leurs confrères.               


par Didier  Samson

Article publié le 18/02/2005 Dernière mise à jour le 18/02/2005 à 16:46 TU