Guinée
Tirs sur le cortège présidentiel
(Photo : AFP)
Le cortège présidentiel était parti de Dubréka, un des lieux de résidence du président Lansana Conté, entre 10h et 11h (heures locales), lorsque le cortège présidentiel a été pris pour cible par des tireurs embusqués. L’accrochage a été bref, mais deux gardes du corps du président ont été blessés dont un grièvement et soigné dans un hôpital de Conakry. Le président de la République n’a pas été touché. Les assaillants ont pris la fuite et de source militaire, on indique qu’il y aurait eu de nombreux blessés dans leurs rangs. La même source indique qu’un impressionnant arsenal, dont des lance-roquettes aurait été abandonné sur les lieux par les assaillants.
Un vent de panique a brièvement soufflé sur la capitale guinéenne où des rumeurs ont fait état d’une attaque menée par hommes en uniformes, des militaires contre le cortège présidentiel. Très rapidement, les zones sensibles de la capitale ont été bouclées par l’armée. Les alentours de la radio nationale, du palais présidentiel, de la zone administrative à la pointe de la commune de Kaloum sont quadrillés par l’armée qui filtre le passage. La cité Enco 5, réputée hostile au pouvoir, a été investi par des soldats et des policiers qui ont procédé à des interpellations massives. Ils sont conduits au camp de Koundara, centre de détention à Conakry pour y subir des interrogatoires. Au centre-ville de Conakry, les habitants vaquent normalement à leurs occupations.
Au travail !
« L’acte de ce matin (19 janvier) ne fait que confirmer ce que nous avons toujours dit et dénoncé : les complots cotre le régime. Les enquêtes sont en cours actuellement et elles évoluent très bien », a affirmé le ministre guinéen de la Sécurité, Moussa Sampil. Le président de la République s’est lui-même adressé à ses compatriotes à la radio et à la télévision nationales. Dans son intervention d’une dizaine de minutes, Lansana Conté a appelé les Guinéens au calme. Il a parlé des menaces qui pèsent sur les hommes et les nations en accusant « l’extérieur » de tirer sur les ficelles. « C’est moi qui gêne. (…) Je ne suis pas un homme à manipuler. Tout le monde sait que moi, je n’obéis pas à quelqu’un qui dicte à partir de l’extérieur ce que nous devons faire en Guinée », a déclaré Lansana Conté avant d’exhorter les Guinéens au travail.
Le président de la République a également apporté un appui à son tout nouveau Premier ministre, Cellou Dalein Diallo en demandant aux autres ministres de lui apporter leur soutien. « Moi vous m’avez aidé jusqu’à présent, je sais déjà ce que je dois faire, lui il a besoin d’être aidé. Avec votre soutien, je suis sûr qu’il réussira », insiste le président de la République. En effet, la Guinée est plongée dans une profonde crise économique et sociale, rythmée par les récurrentes coupure d’eau, d’électricité, la hausse des prix de denrées alimentaires, la dévaluation du Franc guinéen, les grèves dans le secteur public, etc. Le climat politique est aussi très tendu depuis la rupture du dialogue entre l’opposition et le pouvoir, et depuis l’élection présidentielle du 21 décembre 2003, boycottée par l’opposition et remportée par le général Lansana Conté. Il est au pouvoir depuis 1984.
par Didier Samson
Article publié le 20/01/2005 Dernière mise à jour le 20/01/2005 à 16:45 TU
