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Chine

Hong Kong : le chef de l’exécutif poussé à la démission

D'après les médias hongkongais, le chef de l’exécutif Tung Chee-Hwa, poussé par Pékin à devenir membre de la Conférence Consultative Politique du Peuple chinois, pourrait démissionner bientôt.(Photo : AFP)
D'après les médias hongkongais, le chef de l’exécutif Tung Chee-Hwa, poussé par Pékin à devenir membre de la Conférence Consultative Politique du Peuple chinois, pourrait démissionner bientôt.
(Photo : AFP)
Tung Chee-Hwa, qui gouvernait Hong Kong depuis le départ des Britanniques pour le compte de Pékin, a été poussé à la démission.

De notre correspondant à Pékin

C’est une surprise pour les Hongkongais. Leur chef de l’exécutif Tung Chee-Hwa est sur le départ, poussé par Pékin à devenir membre de la Conférence Consultative Politique du Peuple chinois, la CPPCC. C’est un poste honorifique, loin de Hong Kong, qui ne lui confère aucun nouveau pouvoir. D’après la loi, Tung Chee-Hwa peut continuer à gouverner Hong Kong, tout en siégeant à Pékin. Mais tous les médias hongkongais parlent de sa démission imminente. Il n’a pas démenti, alors que dans le passé il a fait taire des rumeurs beaucoup plus insignifiantes.

La CPPCC est un organe qui siège à Pékin, et qui va se réunir dès samedi en marge de l’Assemblée nationale populaire, comme chaque année. Elle est censée représenter le peuple chinois auprès des cadres du Parti. Ses 2000 membres  n’ont aucun pouvoir législatif, mais ils sont proches des dirigeants politiques. Selon les informations obtenues par les journaux hongkongais, Tung-Chee Hwa siègera à la vice-présidence de la CPPCC, si Pékin confirme la nomination cette semaine. En réalité il y a vingt-cinq vice-présidents, et ce sont tous de hauts fonctionnaires au bord de la retraite dont on ne sait plus quoi faire ailleurs.

C’est une manière polie d’écarter Tung de Hong Kong, tout en lui offrant un poste prestigieux sur une voie de garage, alors qu’il devait officiellement quitter ses fonctions dans deux ans et demi.

Un dirigeant très impopulaire

Cet ancien homme d’affaires de 67 ans qui a été placé à la tête de Hong Kong par Jiang Zemin il y a sept ans, s’est rendu de plus en plus impopulaire auprès des habitants. D’abord, il est perçu comme l’homme de paille de Pékin, qui rogne petit à petit les libertés des hongkongais. Tung est également jugé responsable de la stagnation économique du territoire, alors que la croissance de la Chine continentale décolle. Mais Tung s’est surtout rendu impopulaire à la suite de deux crises majeures en 2003: le SRAS, qu’il a mal géré,  et sa tentative de faire passer l’article 23 voulu par Pékin qui devait permettre d’arrêter les éléments « subversifs » de la société hongkongaise. 500 000 personnes (sur 6,5 millions d’habitants) de tous milieux sociaux et de tous bords politiques sont alors descendus dans la rue le 1er juillet, et Tung a dû faire marche arrière. L’écartement de Tung Chee-hwa est donc une bonne surprise pour les deux-tiers des hongkongais qui, selon un récent sondage, le désapprouvent. C’est aussi un désaveu flagrant de la part des autorités chinoises, dont les hauts dirigeants ont exprimé de plus en plus ouvertement leur déception ces derniers mois au sujet de Tung Chee-hwa. Un désaveu qui sauve la face.

Un risque pour la démocratisation

Selon la Basic law, mini-constitution laissée par les britanniques et qui est vigueur, en cas de départ du chef de l’exécutif il y a un délai de six mois avant d’organiser de nouvelles élections, par un collège de grands électeurs appointés en majorité par le pouvoir central. Reste à savoir qui lui succèdera, Pékin cherche actuellement une figure plus populaire pour le remplacer. C’est le régime communiste qui a en effet le dernier mot pour la nomination. La grande inconnue, c’est ce qui adviendra du système électoral hongkongais. La Basic law prévoit qu’il est possible de le rendre de plus en plus démocratique, avec un chef de l’exécutif élu au suffrage universel. Mais Pékin a mis son veto a une telle demande du peuple, au moins jusqu’au départ programmé de Tung en 2007. Maintenant qu’il démissionne avant terme, cela signifie que son successeur sera en poste jusqu’en 2010, et que le système hongkongais ne se démocratisera pas d’ici là en principe.

Reste seulement à espérer pour les hongkongais que le successeur de Tung sera  plus ouvert à la société civile. Le nom qui circule est celui de l’actuel numéro deux, Donald Tsang, un fidèle servant de l’administration britannique depuis les années soixante, et relativement populaire.

par Abel  Segrétin

Article publié le 03/03/2005 Dernière mise à jour le 03/03/2005 à 17:49 TU