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Chine

Hu Jintao critique Hong Kong

Le territoire de Hong-Kong a été soumis, ces dernières années, à une succession de crises dans lesquelles la gestion de l’exécutif a été mise en cause. 

		(Photo : AFP)
Le territoire de Hong-Kong a été soumis, ces dernières années, à une succession de crises dans lesquelles la gestion de l’exécutif a été mise en cause.
(Photo : AFP)
Les cérémonies organisées pour célébrer le cinquième anniversaire du rattachement de Macao à la Chine ont donné l’occasion au président chinois Hu Jintao de procéder à une critique publique de Hong Kong, où la situation économique et sociale s’est dégradée depuis la rétrocession en 1997. Là où Macao a réussi un redressement miracle grâce au développement de l’industrie du jeu, Hong Kong n’a pas su surmonter la crise boursière et l’épidémie de SRAS. Des revers que le président chinois a attribué à la mauvaise gestion des affaires publiques de l’actuel dirigeant de Hong Kong, Tung Chee-hwa.

A en croire Hu Jintao, les habitants de Hong Kong devraient prendre exemple sur ceux de Macao. «Paisibles» et «satisfaits», ces derniers ont passé le cap du retour dans le giron chinois avec succès. Après une longue période en demi-teinte, l’ancienne colonie portugaise a mis à profit les cinq dernières années pour opérer un boom économique en devenant la capitale asiatique du jeu. Le mérite de cette transition réussie semble revenir, selon le président chinois, au chef de l’exécutif de Macao, Edmund Ho. Il a mené de front une lutte sans merci contre les triades mafieuses, amélioré la sécurité, développé le tourisme et fait des casinos une activité particulièrement rentable. Autant d’actions qui ont rendu le moral à la population.

Par opposition, son alter ego de Hong Kong, Tung Chee-hwa, ne peut pas mettre à son actif un bilan aussi satisfaisant des années écoulées depuis la rétrocession de ce territoire à la Chine en 1997. Pour Hu Jintao, le retour d’une Hong Kong capitaliste au sein d’une Chine communiste était une source de problème. Mais il estime aussi que ce moment charnière a été mal géré par l’exécutif en place. Une sanction verbale inédite est donc tombée lorsque Hu Jintao a déclaré : «Les responsables doivent être plus préoccupés par le sort des Hongkongais, favoriser le développement économique et améliorer le gouvernement de la population de Hong Kong», ajoutant : «Les responsables doivent aussi améliorer leur capacité à gérer les affaires publiques».

«Un pays, deux systèmes»

Il est vrai que ce territoire a été soumis, ces dernières années, à une succession de crises dans lesquelles la gestion de l’exécutif a été mise en cause. L’épidémie de Sras qui a provoqué un isolement et une très importante baisse de l’activité économique est certainement l’une des plus graves. Plus récemment, les retards accumulés par le plus grand projet de privatisation immobilière du monde ont aussi atteint la crédibilité du gouvernement et renforcé les déboires économiques consécutifs à la crise boursière qui a frappé Hong Kong de plein fouet. L’introduction en bourse de ce programme de 3 milliards de dollars vient, en effet, d’être empêchée par une plainte déposée par une locataire sexagénaire qui accuse l’administration de brader l’intérêt public.

Résultat, les habitants de Hong Kong n’ont pas cessé de manifester leur mécontentement et de descendre dans la rue pour protester contre la politique de l’équipe dirigeante. A l’occasion de l’anniversaire de la rétrocession, le 1er juillet, plusieurs centaines de milliers de personnes ont ainsi défilé pour réclamer notamment l’élection du prochain chef du gouvernement local et des députés au suffrage universel. Autant de revendications démocratiques qui ne sont pas forcément du goût de Pékin, qui préfère la situation sociale moins explosive de Macao.

Si le dirigeant chinois a directement comparé Macao et Hong Kong, il ne faut pas oublier que ces deux territoires sont tout de même soumis à des contraintes très différentes. D’un côté Macao ne compte qu’environ 450 000 habitants. De l’autre, la population de Hong Kong est quinze fois plus élevée et atteint près de 7 millions de personnes. Le produit intérieur brut de Macao est aussi 21 fois moins élevé que celui de Hong Kong et provient pour 40 % des revenus générés par les casinos. Par contre, les deux territoires sont soumis au même régime administratif : «un pays, deux systèmes». Ce statut un peu particulier leur permet de conserver une très large autonomie tout en étant rattachés à la Chine. Il avait été inventé par Deng Xiaoping pour être appliqué à Taïwan, considérée comme une province sécessionniste.

En mettant en valeur les différences entre Macao et Hong Kong, Hu Jintao a aussi voulu montrer que si faillite il y avait, elle n’était pas liée aux conditions du rattachement des ces villes à la Chine. L’exemple de Macao montrant que le concept «un pays, deux systèmes» pouvait fonctionner, si tant est que l’on sache en tirer partie. Malgré sa clarté inhabituelle, ce message n’a pourtant pas été interprété officiellement comme une attaque par son destinataire, Tung Chee-hwa. Celui-ci a en effet tenu à préciser que contrairement aux apparences, il n’avait pas fait l’objet de «réprimandes» par le dirigeant chinois. Allant même jusqu’à ajouter : «Il [Hu Jintao] a été très encourageant sur le travail que nous avons accompli et il a pensé que les développements à Hong Kong sont positifs». A défaut d’autre chose, Tung Chee-hwa semble être passé maître dans l’art de sauver la face. Sur ce point au moins, Hu Jintao, en bon Chinois, ne lui fera pas de reproche.

par Valérie  Gas

Article publié le 21/12/2004 Dernière mise à jour le 21/12/2004 à 15:02 TU