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Chine

Les Hongkongais tentent de préserver leurs libertés

Les Hongkongais sont descendus en masse dans les rues pour réclamer l'instauration de la démocratie. 

		(Photo : AFP)
Les Hongkongais sont descendus en masse dans les rues pour réclamer l'instauration de la démocratie.
(Photo : AFP)
Une importante manifestation a rassemblé jeudi à Hong Kong entre 250 000 et 400 000 personnes qui se sont mobilisées pour réclamer à Pékin l’instauration de la démocratie dans cette ancienne colonie britannique, revenue dans le giron de la Chine il y a sept ans jour pour jour. Une marche similaire avait rassemblé l’année dernière un demi-million de manifestants sur une population de six millions huit cent mille personnes, surprenant par son nombre le pouvoir à Pékin. Cette nouvelle démonstration de force, qui intervient à quelques mois des élections locales de septembre, est l’occasion pour les démocrates hongkongais de montrer leur capacité de mobilisation après le refus catégorique de la Chine d’instaurer le suffrage universel dans le territoire.

Le combat pour la démocratie des habitants de Hong Kong ne date pas d’aujourd’hui puisque déjà du temps des Britanniques les revendications allant dans ce sens étaient à l’ordre du jour. La Couronne avait certes lancé dans les années 90 –un siècle et demi après avoir pris possession de ce territoire– un train de réformes mais cela relevait plus de la symbolique. Les démocrates n’ont ainsi réussi à arracher à Londres que l’élection au suffrage universel d’un tiers de leurs représentants –20 sur 60– au Conseil législatif (LegCo). Ce geste concédé quelques mois avant la rétrocession était d’ailleurs apparu comme une provocation, un dernier pied de nez à la Chine. Mais avant de quitter Hong Kong, les Britanniques avaient toutefois obtenu des Chinois le principe de l’instauration du suffrage universel direct pour l’ensemble des représentants du peuple. La loi fondamentale, cette mini-constitution négociée entre Londres et Pékin, ne fixait cependant aucune échéance, se contentant de préciser qu’une telle réforme ne pouvait être entreprise qu’avant la fin des actuels mandats du chef de l’exécutif –désigné pour le moment par un comité acquis au pouvoir central de Pékin– en 2007 et du LegCo, un an plus tard.

Or cet engagement n’est plus aujourd’hui à l’ordre du jour. Les autorités chinoises ont en effet opposé une fin de non recevoir, en avril dernier, à l’instauration d’élections directes à ces dates, provoquant une dégradation de leurs relations avec les démocrates de Hong Kong –dont les dirigeants sont interdits de séjour sur le territoire chinois– et avec une grande partie de la population de l’ancienne colonie britannique. Signe de la gravité de la situation, le traditionnel rassemblement au parc Victoria en mémoire des victimes de Tienanmen a mobilisé début juin plus de 80 000 personnes. Soucieuse de désamorcer la crise, la Chine, qui jusqu’à présent avait refusé tout dialogue avec le camp démocrate, a donc récemment fait un geste en se déclarant prête à engager des discussions historiques. «Une meilleure communication et des discussions sérieuses avec des gens aux opinions différentes bénéficiera à l’harmonie sociale et la stabilité de Hong Kong», avait notamment affirmé un de ses représentants dans l’ancienne colonie. Mais les réactions mitigées des démocrates ont montré l’ampleur de la méfiance qui prévaut dans les deux camps.

La liberté d’expression menacée

Le combat pour l’instauration du suffrage universel à Hong Kong n’explique pas à lui seul la forte mobilisation qui vient de marquer le septième anniversaire de la rétrocession à la Chine. Les habitants de l’ancienne colonie sont en effet plus que jamais préoccupés par la sauvegarde des libertés fondamentales dont leur territoire jouit encore en vertu du principe «un pays, deux systèmes», accepté en 1997 pour cinquante ans par Pékin. Le pouvoir communiste leur reconnaissait en particulier le droit de jouir de la liberté d’expression et d’opinion. Or les défenseurs de droits de l’homme et les démocrates assurent aujourd’hui que ces libertés sont menacées. Ils en donnent pour preuve la récente démission de trois journalistes, réputés proche de l’opposition. Ces trois vedettes, affirment-ils, ont été la cible d’une campagne d’intimidation qui les a poussés non seulement à quitter leur emploi mais aussi le territoire avec l’engagement de se taire par crainte de représailles. L’association des journalistes de Hong Kong n’hésite d’ailleurs à décrire «une atmosphère d’oppression» pour dénoncer selon elle la chape de plomb qui s’est abattue sur l’ancienne colonie.

Ce tour de vis imposé ces derniers mois par Pékin à l’ancien dragon n’est pas sans arrière-pensée électoraliste. Le pouvoir central cherche en effet à affaiblir par tous les moyens le camp démocrate à la veille des législatives du 12 septembre. En cas de victoire des partisans de Young Sun, le chef du Parti démocrate, l’administration dirigée par Trung Cheap –surnommé par les Hongkongais «l’homme de Pékin»– serait très vite paralysé. Et les relations déjà tendues avec les autorités centrales entreraient dans une zone de turbulences aux conséquences imprévisibles.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 01/07/2004 Dernière mise à jour le 01/07/2004 à 15:55 TU