Hong Kong, requiem pour la démocratie
Any Bourrier
(Photo: RFI)
Ils étaient 500 000 dans les rues de Hong Kong pour réclamer l’abandon d’un projet de loi anti-subversion destiné à garantir la sécurité du territoire. Un projet de loi dénoncé comme un danger pour les libertés. Mais ils n’ont pas été entendus. Le gouvernent de cette Région administrative spéciale chinoise a campé sur ses positions et ne touchera pas au texte dont l’objectif est de modifier l’application de l’article 23 de la Loi Fondamentale, la mini-Constitution hongkongaise.
Le projet prévoit une série de mesures visant à interdire tout acte de trahison, sécession, subversion et sédition à l’encontre du gouvernement central de la République populaire de Chine. Il condamne le vol de secrets d’Etat et vise à empêcher les organisations politiques étrangères de mener des activités à Hong Kong. Soutenir le mouvement indépendantiste tibétain ou la reconnaissance de Taiwan comme état souverain pourront valoir une peine d’emprisonnement à vie.
De même, les journalistes ou universitaires en possession de publications à caractère séditieux pourront être incriminés et les antennes locales des organisations bannies en Chine continentale, comme la secte Falung Gong, pourront être interdites.
A terme, cet projet de loi va limiter les libertés politiques, religieuses et d’expression à Hong Kong. Il signifie également que le principe «d’un pays, deux systèmes» qui doit garantir une large autonomie à Hong Kong pendant 50 ans après le retour dans le giron de Pékin, ne sera plus respecté. Car, une fois le texte adopté, la Constitution de l'ex colonie britannique s’alignera sur celle du grand frère chinois. On assiste bien à une harmonisation substantielle des systèmes juridiques chinois et hongkongais, en contradiction complète avec le texte de la Loi fondamentale, qui accorde «un haut degré d’autonomie» à Hong Kong par l’intermédiaire de « pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire indépendants».
Le gouvernement de Hong Kong entendait faire passer ces nouveautés législatives comme des mesures visant à supprimer des dispositions archaïques héritées des lois de la Couronne britannique, tout en renforçant la sécurité face au danger terroriste. C’était sans compter sur le formidable élan de la population en faveur de la défense des libertés fondamentales et de l’Etat de droit. Mais ni la mobilisation de la rue ni les pressions internationales n’ont fait plier la Chine, qui a visiblement inspiré le projet de loi. Pour les démocrates, il reste une consolation : la manifestation géante contre cette atteinte aux libertés a été le plus grand défilé vu à Hong Kong depuis le massacre de la place Tiananmen, en 1989, à Pékin.
par Any
Bourrier
[03/07/2003]