Hong Kong : comment être démocrate et aimer la Chine ?
Any Bourrier
(Photo: RFI)
Hong Kong est en émoi. Après le revers subi à Pékin en raison du refus du gouvernement chinois d’autoriser des élections directes dans un avenir proche, les démocrates se sentent à nouveau menacés. La semaine dernière, la presse officielle chinoise a mis en doute le patriotisme des opposants. Et a assuré que seuls les «vrais patriotes», qui «respectent la nation chinoise» auront le droit de gouverner Hong Kong.
Aujourd’hui, la Chine revient à la charge, en accusant les démocrates hongkongais de vouloir renverser le gouvernement et de s’allier avec les séparatistes de Taiwan. Trop, c’est trop, le tollé a été tel que même les autorités locales proches de Pékin ont tenté de se désolidariser des déclarations du gouvernement chinois.
Ces menaces répétées du pouvoir central visent à mettre un point final au débat sur la démocratie qui fait rage à Hong Kong depuis des mois. La démocratie est en effet réclamée par de nombreux opposants au pouvoir pro-chinois mis en place depuis la rétrocession à la Chine, en 1997.
Ce pays ne cache plus qu’il veut avoir le dernier mot sur la démocratisation de Hong Kong. Début février, trois jours de discussions à Pékin entre le pouvoir communiste et une délégation de Hong Kong chargée d’étudier la possibilité de réformes constitutionnelles ont débouché sur un rappel à l’ordre: la démocratie devra attendre.
Actuellement, le chef du gouvernement de Hong Kong est désigné par un collège électoral contrôlé par les dirigeants chinois et une partie seulement du parlement local est élue par la population. La constitution de Hong Kong prévoit la possibilité de l’élection directe du chef de l’exécutif et du Parlement mais sans date ni modalités. Depuis l’année dernière, les mouvements pour la démocratie réclament une accélération du processus avec l’élection au suffrage universel du prochain chef de l’exécutif en 2007 et de l’intégralité des députés un an plus tard.
Les récentes prises de position du gouvernement chinois signifient que la souveraineté de Pékin prévaut sur l’autonomie de Hong Kong, en dépit du principe «un pays, deux systèmes» négocié en 1997. Grâce à ce principe, le territoire conserve son économie capitaliste mais sous contrôle du régime communiste. Habituée à l’exercice des libertés fondamentales, la population n’entend pas se soumettre à un régime autoritaire. D’autant plus que les difficultés économiques, la crise du SRAS, l’impopularité du chef du gouvernement Tung Chee-hwa et un projet de loi sécuritaire réclamé par la Chine ont gonflé les rangs des démocrates.
par Any
Bourrier
[27/02/2004]