Hong Kong à l’heure des réformes constitutionnelles
Any Bourrier
(Photo: RFI)
Ils étaient 500 000 dans les rues de Hong Kong l’année dernière pour demander le respect de la Loi fondamentale, adoptée avant la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la Chine, en 1997. Ils réclamaient alors l’abandon d’un projet visant à modifier l’application de l’article 23 de cette mini-constitution, qui assure le maintien d’un système démocratique à Hong Kong pendant 50 ans après son retour dans le giron de Pékin.
Le projet contesté visait surtout à harmoniser les systèmes juridiques chinois et hongkongais, en contradiction complète avec le texte de la Loi fondamentale. Celle-ci accorde en effet à cette région administrative spéciale chinoise un haut degré d’autonomie par l’intermédiaire de «pouvoir exécutif, législatif et judiciaire indépendants».
La forte mobilisation des contestataires a obligé Tung Chee-hwa à retirer son projet. Mais il était trop tard, le chef de l’exécutif avait ouvert la boîte de Pandore : dans la foulée, les opposants ont fait monter en puissance leurs revendications. Ils ont exigé une plus grande démocratisation des institutions locales, notamment l’élection du chef de l’exécutif et des députés du conseil législatif par le suffrage direct. «Un homme, une voix», scandaient les manifestants rassemblés à proximité du Parlement, au cœur de l’île. Et lors des élections locales de novembre 2003, les habitants de Hong Kong ont montré qu’ils restaient très attachés au principe «un pays, deux systèmes» : ils ont donné la majorité aux candidats de l’opposition, au détriment des listes du principal parti pro-Pékin.
Depuis les événements de l’année dernière, l’opinion publique de Hong Kong a pris l’habitude d’exiger un peu plus de transparence dans la gestion des affaires publiques. Deux exemples : la condamnation des dépenses publicitaires destinées à prouver que le gouvernement avait menée une politique efficace dans sa lute contre l’épidémie du SRAS. Ou bien les critiques contre la nomination par le pouvoir de juges accusés de corruption.
Le dos au mur, Tung Chee-hwa a nommé début janvier un comité pour entamer des discussions avec Pékin sur une éventuelle démocratisation du système politique hongkongais. Mais le pouvoir communiste à déjà opposé une fin de non recevoir aux demandes d’élections directes à la fin du mandat de Tung Chee-hwa en 2007. Pour les dirigeants chinois ces élections ne pourront avoir lieu avant 2030. Car en Chine, où règne le parti unique, le suffrage universel, les réformes politiques et la démocratie sont des mots qui sentent le souffre.
par Any
Bourrier
[10/02/2004]