Hong Kong : Tung Chee-hwa et le «pouvoir du peuple»
Any Bourrier
(Photo: RFI)
L’année avait commencé sous de mauvais auspices pour Tung Chee-hwa. Au cours des premiers mois de son deuxième mandat, le magnat du transport maritime, nommé par Pékin à la tête du gouvernement de Hong Kong en 1997, avait vu son impopularité augmenter de façon vertigineuse. Tung ne bénéficiait plus de la dynamique de confiance qu’il espérait de la mise en place d’un nouveau système ministériel. Sa nouvelle équipe n’avait pas convaincu. Une série d’erreurs avait affaibli certains nouveaux secrétaires entrées au gouvernement. Mais, surtout, Tung Chee-hwa n’avait pas su faire évoluer son style de gouvernement en réponse aux attentes politiques qu’il avait lui même suscitées. Le nouveau système ministériel paraissait marqué par une logique de gouvernement gestionnaire et technocratique.
Les difficultés politiques ont également joué un grand rôle dans la débâcle du fils préféré de Pékin. En effet, Hong Kong n’arrive pas à sortir de la récession. L’économie ne s’est pas redressée et le chemin de la reprise sera sans doute très long. Trop long même puisque la croissance a stagné, le déficit budgétaire a atteint 5% du PIB, le moral des fonctionnaires est au plus bas et les hommes d’affaires de cette ancienne colonie britannique si prospère autrefois ne croient plus à la capacité de Tung Chee-hwa pour remonter la pente.
Toutefois, le marasme économique et les erreurs politiques ne sont pas les seuls facteurs qui ont ébranlé l’autorité de cet homme choisi par Pékin pour sa docilité. La réaction du gouvernement lors de l’apparition de l’épidémie de pneumopathie atypique, une réaction trop lente et timorée, avait provoqué la colère de la population.
Aujourd’hui, l’excès de zèle pour plaire aux maîtres dont fait preuve Tung Chee-hwa se retourne contre lui : son manque de sens politique dans la gestions délicate de la loi anti-subversion a mobilisé les défenseurs de la démocratie à Hong Hong. Le «pouvoir du peuple» est descendu dans la rue et a fait reculer le gouvernement sur une législation contestée. L’administration de cette Région autonome spéciale de la Chine sort de la crise affaiblie. Un remaniement ministériel, voire la démission de Tung Chee-hwa sont évoqués ouvertement.
Reste à savoir ce que fera la Chine. Pour le moment, les autorités chinoises restent muettes, car toute intervention directe de Pékin ne ferait que renforcer le camp démocrate. Et, surtout, renforcer ceux qui revendiquent l’élection du chef du gouvernement au suffrage universel. Le gouvernement chinois attend donc que l’orage passe mais un retour de bâton n’est pas à exclure dans les mois à venir.
par Any
Bourrier
[08/07/2003]