Venezuela
Chavez ouvre son pétrole et son gaz à la France
(Photo : AFP)
Hugo Chavez voyage beaucoup. Et dans les pays qu'il visite il y a certaines constantes: il favorise les pays aux économies en pleine expansion, parce qu'elles sont aussi potentiellement consommatrices de son pétrole, comme l'Inde où il vient de séjourner, la Chine, et un second critère, pourrait-on dire, le pousse vers des pays où il y a traditionnellement beaucoup de méfiance à l'égard des États-Unis, l'Iran, dont il va recevoir le président aujourd'hui même de retour à Caracas, la Russie, la France à un autre titre, et puis toute cette Amérique latine qui est en train de connaître une grande vague de gauche, et qui est véritablement son premier cercle parce qu'il est aussi animé, passionnément, d'une ambition intégratrice, à l'instar de son héros, le libertador Simon Bolivar.
Les Latino-Américains, Hugo Chavez les fréquente donc beaucoup et tout particulièrement depuis qu'ils élisent des présidents de gauche. Il y a actuellement une espèce de grande fraternité à cet égard, qui s'est reconstituée tout récemment à l'occasion de l'investiture du nouveau président uruguayen Tabaré Vazquez. Une fraternité qui passe par le Brésilien Lula, l'Argentin Kirchner, le Chilien Lagos, et qui va jusqu'au cubain Castro, même si Castro n'avait pas pu être présent à Montevideo. Et dans cet ensemble de pays, Chavez se taille de beaux succès populaires, même si son ardeur à lancer toutes sortes d'initiatives panaméricaines n'est pas toujours suivie par ses homologues et voisins.
Un pays-repoussoir: les Etats-UnisHugo Chavez accuse la CIA de vouloir l'assassiner. (Photo: Mounia Daoudi/RFI) |
Son arme véritable, le pétrole
Hugo Chavez a beaucoup de qualités propres: il est charismatique, passionné. Mais en même temps, il est très peu diplomate, il n'a pas du tout cette image qu'on peut se faire d'un chef d'État traditionnel pesant ses mots, ménageant ses puissants voisins, etc. En fait ce qui fait une bonne partie de sa force, c'est effectivement son pétrole. Le Venezuela est le cinquième producteur mondial et ses réserves sont à l'avenant. Et ce pétrole, Hugo Chavez tend de plus en plus à en faire une arme au service de sa stratégie internationale. D'abord, intérieurement il a rétabli la maîtrise de l'État vénézuélien sur la compagnie pétrolière nationale –qui était un peu jusque-là un État dans l'État justement– à la faveur de la grande grève d'il y a deux ans avec laquelle l'opposition prétendait l'affaiblir et qui s'est retournée contre elle, comme beaucoup d'initiatives de cette opposition qui n'a décidément pas la main heureuse. Et il a pu financer avec cet argent beaucoup de programmes sociaux qui contribuent à sa popularité.
A l'extérieur, il a donné longtemps l'impression qu'il s'accommodait très bien de la position traditionnelle du Venezuela, qui se trouve être le fournisseur privilégié des Etats-Unis: 85% des exportations vénézuéliennes de brut vont aux États-Unis. Mais il y a d'une part les menaces qu'Hugo Chavez n'hésite plus à brandir contre Washington, même si cela reste verbal. Et cette multiplication d'accords énergétiques qu'il passe à droite et à gauche, et pour être précis, à gauche, résolument à gauche. Il fournit Cuba, il va fournir l'Uruguay qui vient de voter selon ses voeux; il s'attaque au marché chinois, et il y a bien d'autres exemples qui montrent une intention d'orienter sa politique pétrolière.
par Michèle Gayral
Article publié le 10/03/2005 Dernière mise à jour le 10/03/2005 à 10:40 TU