Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Egyptologie

Toutankhamon n'a pas été assassiné

Masque funéraire du jeune roi Toutankhamon photographié le 16 février 1967 lors de l'exposition <EM>Toutankhamon et son temps</EM> au Petit Palais (Paris).(Photo: AFP)
Masque funéraire du jeune roi Toutankhamon photographié le 16 février 1967 lors de l'exposition Toutankhamon et son temps au Petit Palais (Paris).
(Photo: AFP)
Des scientifiques égyptiens et européens ont réalisé cette année un scanner sur la dépouille de l’enfant-roi d’Egypte, mort à 19 ans. La première image numérique de synthèse du visage de Toutankhamon, examen le plus approfondi qui ait jamais eu lieu sur la momie, a permis d’établir avec une grande précision les traits du pharaon et de faire le point sur des thèses en vigueur concernant les conditions de son décès. Mais, comment Toutankhamon est-il mort ? Le mystère n’est pas élucidé.

Deux mois après que les examens ont été réalisés sur la momie, une équipe internationale de chercheurs a rendu le rapport d’expertise récusant aussi bien la thèse de l’empoisonnement de l’enfant-roi d’Egypte que celle de son assassinat. «Les deux hypothèses sont fausses», affirme Zahi Hawas, secrétaire général du Conseil des antiquités égyptiennes au Caire. Dix-sept mille clichés ont été examinés, et les experts scientifiques «n’ont trouvé aucune preuve que Toutankhamon a été assassiné, ni qu’il a été frappé à la tête, ni qu’il a été tué». Il n’y a pas plus de trace de coup porté par un objet contendant asséné à la tête que de trace d’accident au cours duquel il aurait eu la poitrine écrasée.

Des fractures sur la momie ont certes été constatées à la base du fémur gauche, mais soit le pharaon s’était tout simplement cassé une jambe peu de temps avant de mourir soit, plus probablement, ces fractures «sont d’abord de la responsabilité de l’archéologue britannique Howard Carter [ndlr: à qui l’on doit la découverte de la sépulture royale en 1922] et ensuite de celle des embaumeurs». Le rapport d’expertise est formel, même infectées, en aucun cas «de telles fractures n’auraient pu causer la mort du pharaon, qui était jeune et vigoureux, [qui] bénéficiait d’un excellent suivi médical et n’avait souffert ni de malnutrition, ni de maladies chroniques» avant sa mort.

«l’unique malédiction des pharaons est la cupidité et la convoitise de Carter»

Après son accession au trône à l’âge de huit ans, Toutankhamon a régné dix ans sur l’Egypte jusqu’en 1323 avant Jésus-Christ. Jusqu’à très récemment, la thèse de l’assassinat était en vigueur, fondée sur le fait qu’il avait été le 12e et dernier pharaon de la 18e dynastie, et qu’après sa mort il avait été remplacé pendant quatre ans par un grand prêtre, puis par un chef militaire, Horemheb -lequel, après 26 années de règne, cèdera le pouvoir à son vizir Ramsès, fondateur de la 19e dynastie.

Il n’en demeure pas moins que si les derniers examens réfutent l’idée qu’il ait été assassiné, le pharaon présente des traces certaines de maltraitance. Le très en colère chef du département des antiquités pharaoniques, Sabri Abdelaziz, désigne sinon l’assassin du moins le principal auteur des actes de vandalisme: «l’unique et véritable malédiction des Pharaons est la cupidité et la convoitise de Howard Carter», accusé nommément d’avoir  «pillé la tombe de Toutankhamon, employé des barres de fer chauffées à blanc pour arracher le fameux masque d’or mortuaire [ndlr: actuellement exposé au musée du Caire], et maltraité sa momie».

C’est la quatrième fois que des égyptologues ouvraient le sarcophage du souverain depuis sa découverte en 1922: rouvert par son découvreur en 1925, il le fut ensuite en 1969 et en 1986 pour subir des examens aux rayons X, et ces dernières semaines pour une étude très sophistiquée. Lors de la découverte du sarcophage, Toutankhamon était enseveli dans trois cercueils gigognes, dont un en or massif qui doit être restauré. Les experts ont décidé de conserver la momie dans sa tombe de la Vallée des Rois, en équipant néanmoins le sarcophage d’instruments de contrôle de la température et de l’humidité afin de prévenir de nouvelles dégradations.


par Dominique  Raizon

Article publié le 10/03/2005 Dernière mise à jour le 10/03/2005 à 14:54 TU