Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

G8

Tony Blair plaide pour l’Afrique

Le Premier ministre britannique Tony Blair va soumettre aux pays du G8, en juillet 2005, ses recommandations pour le développement de l'Afrique.(Photo: AFP)
Le Premier ministre britannique Tony Blair va soumettre aux pays du G8, en juillet 2005, ses recommandations pour le développement de l'Afrique.
(Photo: AFP)
La commission pour l’Afrique, créée par le Premier ministre britannique, Tony Blair, a rendu son rapport en faveur de l’aide à apporter au continent africain pour soutenir des programmes de développement et de lutte contre la pauvreté.

Tony Blair, le Premier britannique a fait de l’Afrique une des priorités de la présidence britannique du G8. Ce groupe qui représente les huit pays, les plus riches, (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Grande-Bretagne, Canada, France, Italie, Russie), se réunira en juillet prochain en Ecosse, et aura sur sa table les résultats d’un  an de travail de la commission mise sur pied par Tony Blair. Elle compte seize membres, dont neuf viennent d’Afrique et siègent à titre individuel. L’idée d’une telle commission a été suscitée par le chanteur Bob Geldof en 2002 qui milite pour l’effacement total de la dette des pays africains et en faveur d’un plan Marshall pour l’Afrique. 

Après un an de travail, la commission pour l’Afrique a rendu un rapport de 400 pages qui évoque point par point toutes les entraves au développement du continent africain. Après le chapelet de recommandations et des orientations inéluctables à observer, les commissaires se sont attardés sur les aides potentielles qui pourraient contribuer à une évolution certaine. Le caractère urgent et impératif du doublement de l’aide à l’Afrique a été souligné. D’ici à 2010 une augmentation de 25 milliards de dollars est souhaitée ce qui devrait ouvrir la voix à une autre augmentation supplémentaire de 25 milliards par an à partir de 2015.

Les secteurs prioritaires ont été passés en revue, parmi lesquels, l’éducation et la santé occupent une bonne place. Pour une fois, l’homme a été placé au centre des préoccupations devant les réalisations économiques, telle que l’amélioration des infrastructures industriels et économiques. Mais deux facteurs essentiels sont soulignés par les commissaires pour une meilleure utilisation d’une éventuelle manne étrangère. Il s’agit de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption. Ils font une série de recommandations sur les barrières douanières et le rôle des banques dans la gestion de certains fonds. En insistant sur ce dernier point les membres de la commission montrent l’importance des fonds détournés et l’ampleur du phénomène : « les banques étrangères doivent être contraintes par la loi à signaler les comptes douteux », précise le rapport de la commission.

Des réactions réservées

La responsabilité des pays africains et de leurs décideurs est ici bien engagée, mais la commission épingle aussi les pays donateurs sur la « qualité » de leurs contributions. Elle préconise une meilleure harmonisation de l’aide et qui soit moins soumise « à conditions ». Au sein des organisations multilatérales, la commission recommande « une voix plus forte » pour l’Afrique dans leur processus décisionnel et une « nouvelle forme de partenariat ». Au passage, les barrières douanières et commerciales mises en place par les pays riches contre les produits africains sont qualifiées « d’indéfendables ». Par ailleurs, l’annulation de la dette  des pays pauvres, essentiellement ceux au sud du Sahara, a été réclamée par les experts « aussi vite que possible ».

Dès la diffusion du rapport, les réactions ont été immédiates et empreintes de réserves. « Je n’arrive pas à définir s’il s’agit d’un tract universitaire ou d’un programme d’action », relève Alan Duncan, chargé de la coopération internationale au sein du parti conservateur britannique. Sur un ton moins ironisant, Mme Luisa Diogo, Premier du Mozambique souligne les mérites de la commission mais aussi les limites de son rapport. « Elle (commission) est dans l’obligation d’offrir une solution globale a des pays en voie de développement qui ont des spécificités différentes », a précisé Mme Diogo. Quant au président sud-africain Thabo Mbeki, il souhaite que ce rapport ne débouche pas sur «un tas de paperasserie, mais sur un plan d’action sérieux». Pour l’organisation humanitaire internationale Oxfam « le défi maintenant est de transformer l’analyse en action ». 


par Didier  Samson

Article publié le 11/03/2005 Dernière mise à jour le 11/03/2005 à 18:04 TU