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Haïti

Une réunion pour concrétiser l’aide internationale

Confrontée à des conditions de vie très difficiles, la population haitienne attend beaucoup des promesses d'aide internationale.(Photo : Manu Pochez/RFI)
Confrontée à des conditions de vie très difficiles, la population haitienne attend beaucoup des promesses d'aide internationale.
(Photo : Manu Pochez/RFI)
L’espoir suscité par les très importantes promesses de dons l’été dernier ont laissé place ces derniers mois à une grande déception en Haïti. Pour tenter de relancer la reconstruction de cette île, des représentants des principaux pays et institutions engagés dans ce processus se sont réunis vendredi en Guyane, avec l’objectif d’isoler des projets bien précis dans différents secteurs. Tous insistent sur l’urgence d’améliorer les conditions de vie de la population car, un an après la chute du président Jean-Bertrand Aristide, la situation n’a pratiquement pas changé sur place.

La communauté internationale a manifesté son intention d’utiliser une nouvelle stratégie en Haïti. En juillet 2004, les principaux bailleurs de fonds s’étaient engagés lors d’une réunion à Washington à verser plus d’un milliard d’euros. Or, cet argent arrive au compte-goutte, le représentant des Nations unies pour Haïti, Juan Gabriel Valdes, estimant que seulement «10 à 12%» des sommes promises ont été versées à ce jour. Et face à cette situation, la France a organisé, en coordination avec les autorités espagnoles, une réunion vendredi à Cayenne destinée à isoler un certain nombre de projets. Michel Barnier, ministre français des Affaires étrangères, a défini dans une interview accordée au Figaro les domaines prioritaires: «les infrastructures avec les routes, l’électricité et l’eau, les services de bases avec la santé, l’éducation et la bonne gouvernance. L’originalité de notre démarche est d’éviter les vœux pieux et les promesses verbales et de se concentrer, tout au contraire, sur des projets très concrets», a expliqué Michel Barnier.

La France a ainsi proposé de soutenir une soixantaine de projets et de financer leur réalisation à hauteur de 31 millions d’euros. Une démarche que devraient également suivre les différents participants à cette réunion, à savoir les ministres des Affaires étrangères ou autres représentants des principaux pays engagés dans la reconstruction d’Haïti et des dirigeants de la Banque Mondiale, de l’Organisation des Etats américains, de la Banque interaméricaine de développement et de la Communauté des pays caraïbes. En tout, entre 200 et 300 projets devraient pouvoir être rapidement concrétisés grâce à cette réunion qui, selon Michel Barnier, doit permettre d’établir un «agenda pour Haïti». Certains visent à améliorer des liaisons routières entre les principales villes du pays et sont très coûteux, tandis que d’autres, moins lourds, pourraient permettre d’améliorer rapidement le quotidien de la population en facilitant, par exemple, l’approvisionnement en eau potable ou en électricité.

Egalement présent à Cayenne, le Premier ministre par intérim d’Haïti, Gérard Latortue, a pu dresser la liste des priorités de son pays, l’un des plus pauvres de la planète. Arrivé au pouvoir après le départ du président Jean-Bertrand Aristide, le chef du gouvernement a le plus grand mal à rétablir le calme dont a besoin ce pays pour le lancement d’un vaste programme de réformes sociales et économiques. Les quelque 7 000 soldats et policiers déployés sur le terrain dans le cadre de la Mission de stabilisation des Nations unies en Haïti (Minustah) doivent faire face à un climat très violent notamment alimenté par les nombreux gangs armés qui règnent dans les quartiers les plus défavorisés du pays. La Cité Soleil, le plus grand bidonville de la capitale, vit ainsi constamment au milieu de fusillades et la police locale reconnaît son incapacité à maîtriser cette situation.

Une frustration grandissante

Le risque est du coup très grand pour l’actuel gouvernement de voir la population se tourner vers les partisans de l’ancien président qui, depuis son exil en Afrique du Sud, continue à contrôler la formation politique Lavalas. Car les membres de ce parti espèrent bien profiter du mécontentement et de la frustration d’une partie de la population lors des scrutins présidentiels et législatifs prévus à l’automne. Plusieurs milliers de personnes se sont ainsi rassemblées le 28 février à Port-au-Prince pour demander le retour en Haïti de Jean-Bertrand Aristide, une manifestation au cours de laquelle plusieurs personnes auraient été tuées par balles.

Le retour de la sécurité est absolument nécessaire pour permettre un travail efficace sur le terrain et la concrétisation des projets soutenus par la communauté internationale. Jusqu’à présent, les organisations humanitaires ont travaillé dans l’urgence pour venir en aide à une population qui manque de tout, en leur offrant notamment une assistance médicale. «La solution militaire est essentielle, elle contribue à la stabilisation mais ce n’est pas suffisant. Il y a toute une série de problèmes à régler qui exigent d’autres compétences», estimait récemment le capitaine Oscar Gonzalez, qui commande les soldats argentins de la Minustah. Sans une aide extérieure cohérente, les autorités locales ne pourront en effet pas réussir à sortir Haïti de la crise. Un message que le Premier ministre par intérim a répété vendredi lors de la réunion de Cayenne. «Le peuple haïtien compte sur vous, il compte sur des résultats concrets et visibles pour tous», a expliqué Gérard Latortue en insistant sur l’importance «d’aller vite».


par Olivier  Bras

Article publié le 18/03/2005 Dernière mise à jour le 18/03/2005 à 16:37 TU

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Nicolas Vescovacci

Envoyé spécial à Cayenne, en Guyane Française

«L'Union européenne est prête à débourser près de 300 millions d'euros pour Haiti.»

Catherine Monnet

Journaliste à RFI

«Il y a un an Haïti était un régime dictatorial, aujourd’hui est un régime de transition qui ne montre aucune velléité de s’accrocher au pouvoir et qui tente de faire ce qu’il peut avec les faibles moyens qu’il a.»

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